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Le bund

Publié le 31/03/2011

Extrait du document

 

 

LE BUND

« du rêve à la  réalité »

 

 

 

Pour l’histoire juive l’année 1897 marque une année de renaissance et une date charnière.

Charnière, parce que en 1897 en France la preuve est faite de l’innocence du capitaine  Dreyfus, en Suisse à Bâle ,le 24 aout se tient le premier congres sioniste :  « la première pierre de la maison qui devrait abriter la nation juive » selon Theodore Herzl

1897 marque le début des  premières publications  de Simon Doubnov ou il commence à ébaucher sa doctrine de l’autonomisme.

Le 22 avril 1897 nait le Forvets organe de presse social démocrate en yiddish.

Et  du 7 au 9 octobre 1897 dans le grenier d’une petite maison en bois dans les faubourgs de Vilna, profitant des fêtes juives, treize délégués de groupes socialistes juifs décident de se grouper pour former un  parti connu sous le nom de Bund.

Ces années marquent la transformation du regard de la judaïcité par les non juifs et même par les juifs eux mêmes, de la vision religieuse exclusive à un concept plus séculier « nationalitaire » voir parallèlement inter nationalitaire

Sophia Erlich Doubnov fille de Simon Doubnov et elle même militante du Bund en condensant la pensée de son père résume cette vision, je cite : « la vieille école, le héder et la yechiva ne formait que le juif ; la nouvelle forme, un homme déraciné, celle de l’avenir devra former simultanément et l’homme et le juif »

Chez les juifs de la zone de résidence en cette fin de XIX° siècle, ces nouvelles formes en réaction à la misère, à la stigmatisation, aux pogromes, à la tradition religieuse empruntèrent des voies diverses : certains émigrèrent, entre 1880 et 1917 2.700000 juifs émigrent vers les états unis (source Elie Barnavie, histoire universelles des juifs), d’autres choisirent la voie de l’assimililation, d’autres la voie du sionisme dont l’émigration ne prendra des proportions importantes qu’à partir de 1920, année du début du mandat britannique sur la Palestine .

La voie du Bund est une voie mêlée de rêve et de réalité, rêve parce teinté d’idéalisme de libération par une fraternité entre tous les hommes et l’idée que la société de demain sera juste et respectueuse de toute les minorités, y compris juive ; réalité parce proche du peuple juif, dans sa langue le yiddish et proche de la situation de misère dans laquelle il vit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plan

 

1.  Installation du rêve : pourquoi le Bund ?

 

a)          de la misère à la colère 

b)          de la colère à la lutte dans la Jérusalem du nord

c)          de la lutte à l’organisation : le Bund 

 

2.  Du rêve à la réalité

 

a) La doctrine du Bund

b) Le Bund dans les  luttes

c)  Le projet culturel du Bund

 

 

Conclusion : Epilogue : la fin du rêve

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1.    Pourquoi le Bund ?

 

 

a) de la misère à la colère  

 

En cette année 1897 la première statistique de la population est publiée par l’empire tsariste ; d’après cette statistique on compte près de cinq millions de juifs dans la zone de résidence, 49% vive dans les villes et à Vilna 40% de la population est juive. La majorité de la population juive se compose d’artisans mais leur nombre est démesuré par rapport aux besoins de la population, un économiste juif s’est livré à un calcul sophistiqué estimant qu’il y avait assez de tailleurs juifs pour habiller la population de tout l’empire. La situation économique entraine des faillites et la concentration industrielle voit se former une masse importante d’ouvriers juifs.

Au tournant du siècle  un rapport de la commission de la zone de résidence indique que 90% de la population pouvait être assimilé à un prolétariat ou à un quasi prolétariat.

La prolétarisation de la population juive s’accompagne d’une paupérisation liée aux conditions de surexploitation : travail six jours sur sept, jusqu’a seize heures par jour quand on ne leur refuse pas les emplois soit parce qu’ils ne travaillent pas le samedi ou soit quand ils ne respectent pas le shabbat, ils sont alors pris pour des révolutionnaires. Les salaires sont des salaires de misère, jusqu’à trois fois moins que les salaires des ouvriers français ou allemands de l’époque, on voit même des enfants de six à dix ans travailler seize heures par jour, les apprentis eux sont logés, nourris et non payés, regroupés par huit ou dix dans des pièces,  dormant à même le sol.

Misère, fatigue, maladie est le lot quotidien de la vie, ils vivent dans des taudis surpeuplés à Varsovie, Odessa et Vilna. Bernard Lazare évoque « l’entassement des masses juives dans les cités comme un bétail trop pressé dans des étables trop étroites »

Avec le développement du machinisme le chômage s’accroit dans des proportions énormes, à la fin du siècle on estime que 20% de la population locale est secourus par des associations caritatives et à Odessa ,Vilna 50% de la population vit de la charité.

Ne se résignant pas, refusant l’émigration et restant attachés au pays dans lequel ils vivent depuis des centaines d’années, certains canalisèrent leur colère en volonté de lutte.

C’est dans les milieux prolétariens que se recruteront les premiers adhérents des cercles socialistes clandestins qui vont voir le jour dans les années 1870 à Vilna.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

b) de la colère à la lutte dans la Jérusalem du nord

 

Vilna est la capitale du mouvement ouvrier juif, c’est à Vilna que fut célébré pour la première fois en Russie, le 1°mai par des travailleurs juifs.

Les fondateurs des premiers cercles sont des jeunes russifiés dans les lycées et imprégnés par la Hasckala.

Dans les années 70 apparaît le premier cercle révolutionnaire à Vilna, Yakub Finkelstein fonde une bibliothèque de livres interdits et est considéré comme le premier révolutionnaire juif. Au sein de ce cercle de Vilna constitué principalement d’élèves de l’école rabbinique, se trouve un pionnier du socialisme juif, Aaron Samuel Liberman, parlant russe, hébreux et yiddish ; contraint de s’exiler suite aux arrestations des membres du cercle il  fit connaître par ses articles le sort des juifs de la zone de résidence.

En 1875 un second cercle est formé à Vilna, entre temps des grèves éclatent  dans les manufactures de tabac de Vilna et de Bialystok, ce sont les premières grèves de l’Empire russe, ces grèves associant les travailleurs juifs et non juifs.

Pourquoi Vilna devint le fer de lance des radicaux juifs ?

Tout d’abord du fait de sa situation géographique entre l’Allemagne et la Russie sur la ligne de chemin de fer reliant St-Pétersbourg à l’occident , d’autre part  en plus d’être un centre religieux important c’est avec Odessa le centre de la Hasckala. Vilna a également une activité économique importante avec deux tiers de juifs sur les 19000 artisans et 12000 ouvriers.

Le cercle de Vilna dans les années 1885, animé par Tsema’h Kopelson, John Mill et Arkadi Kremer alerte l’opinion sur les origines des pogromes et entreprennent d’éduquer les ouvriers en leur inculquant une conscience socialiste.

ces cercles sont de véritables université populaires  ou l’on enseigne aussi bien l’histoire,  la géographie que les sciences politique et la dialectique marxiste ;les ouvriers exténués après 16 heures de travail assistent à ces cours dans des conditions souvent insalubres.

Un peu partout dans la zone des caisses de secours mutuel sont fondés pour soutenir les revendications du prolétariat juif ; entre 1894 et 1896 54 grèves éclatent à Minsk ,56 à Vilna à chaque fois couronnée de succès.

Début 1894 Une brochure appelée souvent « le programme de Vilna » rédigée en langue russe puis ensuite traduite en Yiddish, par Arkadi Kremer est largement diffusée, il explique la nouvelle tactique fondée sur le travail des masses, les jalons d’un nouveau parti sont en germe dans ses propos « L’émancipation nationale juive doit venir de la classe ouvrière. Plus la classe ouvrière juive sera révolutionnaire, plus les droits octroyés par la constitution russe à la population juive seront étendus. D’ou la nécessité de former un parti juif. »

Vilna est  la plaque tournante de la diffusion des idées révolutionnaires, ce qui fit dire à Abram Menes « Vilna a été la Jérusalem de Lituanie du mouvement ouvrier juif »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

c) De la lutte à l’organisation : le Bund  

 

Du 07 octobre au 09 octobre 1897, au lendemain de Yom Kippour, profitant des mouvements de nombreux juifs rejoignant leur famille, dans une petite maison de bois onze hommes et deux femmes représentant 3500 adhérents de groupes locaux socialistes se réunissent.

En toute clandestinité ils fondent un parti ouvrier juif sous le nom de Alllegemeiner Judischer Arbeiter-Bund in Russland und in Polen, association générale des ouvriers juifs de Russie et de Pologne désigné plus tard sous le nom de Bund. Sa fondation  précède d’un an la naissance du parti social-démocrate russe, le POSDR, ils revendiquent le droit identitaire d’organiser les ouvriers juifs.

Le Yiddish est admis comme langue de propagande avec l’Arbeiter Shitme comme organe du comité centrale et le Yiddisher Arbeiter, le journal du Bund à l’étranger.

Le siège du parti est fixé à Vilna puis ensuite déplacé à Minsk en raisons des arrestations.

Le comité central se compose de trois membres ; Arkadi Kremer, Levinhson Kopelson, Glen Mutnik.

Selon Wladimir Medem, un dirigeant de la seconde génération, le Bund ést fondé ou plutôt, « il naquit, se développa grandit comme se développe et grandis chaque organisme vivant …un mouvement d’attirance instinctive du travailleur pour le travailleur provoqua l’agglomération des grains de sable, de petites poussières d’hommes en un bloc de granit » en 1905 il atteindra 35000 membres. 

Le parti est autant un parti politique qu’un syndicat, il se donne pour tache selon Arkadi Kremer « de défendre les intérêts spécifiques des travailleurs juifs et avant tout de combattre les lois discriminatoires antijuives .car les ouvriers juifs ne sont pas seulement opprimés en tant que travailleurs mais aussi en tant que juif, et nous ne pouvons ni ne devons rester indifférents à cela »

Il est alors le seul mouvement socialiste, il est laïque par réaction au carcan religieux mais pas totalement antireligieux, il est nationaliste et en même temps internationaliste  mais non pas patriotique, comment pouvait il l’être alors que l’on forçait un soldat juif à manger de la nourriture non cachère et que les juifs subissaient les sévices d’un état autoritaire et antisémite ? Sa doctrine est antisioniste.

La spécificité de la doctrine du Bund est autant liée à son implantation géographique qu’à son lien à la langue Yiddish ; il est à la croisée de chemins  entre l’émergence des idées socialistes et le besoin d’émancipation de plus de cinq millions de juifs confinés dans le rayon ainsi que  la zone de résidence était nommée à l’époque par les juifs.

Le Bund à l’origine n’a pas dans ses membres de réels théoriciens, les circonstances dramatiques dès l’origine du mouvement et plus tard ont forgé au fur et à mesure une idéologie propre et originale.

 

 

 

 

 

 

 

2. Du rêve à la réalité

 

a)    La doctrine du Bund

 

Du fait de la concentration des populations juives et de la langue commune le sentiment national s’est automatiquement forgé dans la population juive et plus particulièrement dans le monde ouvrier juif .La notion d’assimililation compte tenu de la politique discriminatoire était alors totalement inconnu et absolument inaccessible à la classe laborieuse juive.

Wladimir Medem, dirigeant de la seconde génération est sans conteste l’homme qui a théorisé le plus ce mouvement qui a perduré près d’un demi siècle.

Wladimir Medem est né en Lettonie en 1879, fils d’un médecin converti au luthéranisme il a été baptisé dans la religion orthodoxe et n’a aucun lien avec le judaïsme, au contact des étudiants pendant ses études universitaires il  se familiarise avec les idées de Marx et Plekhanov traducteur de Marx en russe .Apres avoir été expulsé de l’université il est admiratif de l’enthousiasme des militants bundistes et frappé par la condition des juifs.

Lors d’une arrestation en 1901, dans la case nationalité du formulaire remis aux détenu il appose la mention « juif » il va ainsi tout au long des années approfondir son identité juive et devenir un orateur et un écrivain de langue yiddish.

A la question nationale aux congres de Zurich en 1903 Wladimir Medem se prononce pour un neutralisme en considérant prématuré d’avancer la revendication d’autonomie nationale juive ,sa pensée évolue en 1916 jusqu’à revendiquer une autonomie nationale et culturelle, pensée emprunté à Karl Renner président de la république d’Autriche qui considérait que la nation « était une association d’hommes pensant et parlant de la même manière , ……la communauté culturelle d’hommes contemporains qui ne sont plus liés au sol » ce qui impliquait en quelque sorte la création d’un état démocratique , fédéraliste ou chaque communauté s’administrerait

Ces idées d’autonomisme se rapproche des idées de Simon Doubnov mais s’en écarte sur la notion de communauté culturelle mondiale, pour Medem il n’y a pas de nation juive unifiée et l’adoption d’une autre langue que le yiddish ne peut mener qu’à l’assimilationisme.

La doctrine du Bund s’oppose également au sionisme, le Bund reste attaché à la terre russe et la Galout, l’exil est un facteur positif de la vie juive, Medem disait « Mes sentiments envers le judaïsme selon le terme des sionistes est le sentiment de la Galout .les palmiers et les vignobles de Palestine me sont étrangers » il faut lutter sur place et placer son espérance dans la révolution en Russie.

Le Bund reproche à la fois aux autonomismes de Doubnov et aux sionistes leur collaboration de classe, détournant les masses laborieuses de leurs actions.

Ce droit à l’autodétermination se heurta aussi à la sociale démocratie russe et aux congres de 1903, s’opposant à Lénine et Trotski le Bund quitte le parti ouvrier social démocrate de Russie qu’il ne réintègre qu’en 1906 après la révolution de 1905

Le Bund va s’impliquer dans toutes les luttes pour l’émancipation de la classe ouvrière juive et parallèlement développer un politique culturelle

 

 

 

 

 

 

b) Le Bund dans les  luttes

 

Le Bund crée des caisses de soutien et de solidarité pour aider les ouvriers en grève, de 20 à 60% des ouvriers adhérent à ces caisses de soutien selon les corporations au début du siècle .Les bundistes prennent la tête des soulèvements et diffusent les idées socialistes en éditant des brochures clandestines .Entre 1897 et 1900 il y eu 140 grèves et 239 conflits du travail réussis sur 262 ; les revendications portaient le plus souvent sur la durée du travail , les augmentations  et les conditions de travail .

Le boycott fut une autre forme de lutte, le plus souvent les ouvriers luttent contre des patrons juifs qui font appel aux rabbins pour arbitrer les conflits, la plupart du temps les rabbins prennent fait et cause pour les patrons invoquant la solidarité juive ; on voit là apparaître la querelle des générations entre le père Hassid et le fils socialiste.

Les patrons font appel à des briseurs de grèves chrétiens antisémites  ce qui oblige le Bund à former des milices.

Apres le pogrome de Kichinev qui fait 49 morts, plus de 500 blessés et met 2000 familles sans abris, le Bund organise des manifestations de protestation, rédige une série de tracts et d’article dénonçant la collusion des autorités tsaristes.

Des groupes d’autodéfense armée  organisés avec séances d’entrainement militaires se montrent efficaces et ne font que rendre plus populaire le parti.

Apres le massacre devant le palais d’hiver de manifestants pacifiques le 22 janvier 1905 un climat insurrectionnel se développe dans toute la Russie Les membres du Bund prennent une part active à la révolution de 1905, organisant les grèves et soulèvements  formulant un  manifeste demandant l’abolition de la monarchie, le suffrage universel, la liberté de conscience ,la liberté de culte ,l’égalité des droits civiques entre toutes les nationalités ;La répression tsariste est terrible ,À Lodz par exemple les partis polonais et le Bund manifestent ensemble ,dressent des barricades contre les dragons et les cosaques ,une statistique officieuse fera état de 1500 tués et blessés.

Suite aux évènements, le Tsar accepte une constitution dans laquelle les juifs sont toujours exclus des droits politiques  puis revient sur sa décision mais selon un journal juif en langue russe « le juif possède le droit d’être représentant du peuple tout en étant privé de droit de résider dans la capitale, siège de la Douma de l’Empire ».

 Les autorités rendent les juifs responsables des événements augurant une nouvelle vague de pogromes. Le Bund et le mouvement sioniste socialiste Poalé Tsion reforment les groupes d’autodéfense. Le pouvoir crée une organisation Tchernaïa Sot nia : Cent Noirs chargé d’organiser les pogromes ; du 18 au 25 octobre 1905 plus de 50 villes subissent leurs  assauts ; malgré la résistance à Odessa le pogrome de trois jours fait 300 morts.

Le courage des bundistes pendant la révolution fait l’admiration de tous, le Bund  comptait alors 35000 membres.

La contrerévolution, la paupérisation et les pogromes accélèrent la fuite de la terre de Russie, en 1906 126000 juifs émigrent.

Les années 1907 1908 marquent le déclin du Bund par la fuite de l’intelligentsia et des ouvriers, ce déclin oblige à inventer de nouvelles formes d’organisation, le culturel se substitue au politique.

 

 

 

b)    Le projet culturel du Bund

 

En 1908 eu lieu à Czernowicz une conférence international de la langue yiddish ou le yiddish est proclamé une langue nationale juive et non la langue nationale juive, ceci confirme et justifie le particularisme politique du Bund basé sur la langue et l’autonomie culturelle, les conséquences furent le désir de créer des écoles laïques en yiddish pour contrer les écoles religieuses en hébreux.

A partir de 1915 la création des écoles se structure et en 1919 à Vilna est créé le comité central de l’éducation devenant plus tard le CISHO, organisation centrale des écoles yiddish, on comptait en 1925 ,91 écoles primaires ,455 classes avec plus de 16.000 élèves .Des méthodes pédagogiques nouvelles sont appliqués dans un système scolaire laïque et mixte.

A la conférence du Bund de 1910 est décidé de créer des  cercles dramatiques, des sociétés éducatives, des chorales, des cercles d’étude.

Le Bund décide également de s’investir dans la vie communautaire ne laissant plus régir la communauté par les seuls rabbins.

 

Epilogue : la fin du rêve

 

Après la révolution de 1917, le parti bolchevick qui est maintenant l'Etat soviétique parvient à casser le mouvement ouvrier juif. Le Bund lui-même est attiré par cette doctrine léniniste et il y a des scissions dans le Bund russe. Apres un court répit toutes les formations qui ne sont pas léninistes seront laminées les unes après les autres. Le Bund est supprimé en 1921. Les oppositions de 1903  ressentis par Wladimir Medem se confirment, le centralisme bureaucratique triomphe, la phrase de Trotski d’octobre 1917 résonne en échos à la fin du Bund « vous êtes de lamentables isolés, vous êtes des banqueroutiers, votre rôle est joué, rendez vous là ou votre classe est désormais : dans la poubelle de l’histoire. »

Dans la Pologne d’après la première guerre mondiale qui évoluera d’un régime parlementaire à un régime fort, le nouvel état commence ses jours par une série de pogromes, le Bund devient  plus le représentant de la communauté juive que uniquement le représentant de la classe ouvrière .Au cours des années 30 il se rapproche du parti socialiste polonais qui lutte au coté du Bund contre l’extrême droite nationaliste.

 Dans le ghetto de Varsovie  les bataillons du Bund feront front commun avec l’organisation juive de combat.

 Le délégué du Bund dans le gouvernement polonais en exil, Shmuel Zygielbojm, grâce à l’appareil clandestin du mouvement , alerte en 1940 le monde libre sur le processus de gazage à Chelmno et à Treblinka avant de se suicider ,rongé par la culpabilité.

Les restes du rêve de fraternité sombrent dans la de nuit de la shoah.

Mais l’histoire se déroule avec le temps et le rêve bundiste persiste en l’esprit  de nombreux juifs avec le sentiment d’une certaine éthique qui a résisté aux sirènes du Bolchevisme et qui est à jamais liés à un peuple, une culture, une langue  qui n’est plus mais qui vit encore dans le cœur de juifs qui croient encore aux lendemains qui chantent

 

 

 

 

 

Bibliographie

Histoire générale du Bund, Henri Minczeles, Editions Denoël, 1999

Le mouvement ouvrier juif, Henri Minczeles, Editions Syllepse, 2010

Le Bund, rêve et réalité, Nathan Weinstock, Annexe 7, les oubliés du Shtetl, YL Peretz, Plon 2007

 

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