CANDIDE, Voltaire, chapitre 1 : l'incipit

« 2 Le personnage du baron se réduit à son appartenance à la noblesse, qui est soulignée de manière insistante.

Le baron est « un des plus puissants seigneurs de Westphalie ».

Il en est de même pour la baronne, qui est caractérisée par son poids (350 livres) ! Les enfants ne sont que le pâle reflet de leurs parents : Cunégonde est réduite à son physique et à sa sensualité (« haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante »), le fils du baron est la copie de son père (« paraissait en tout digne de son père »).

Quant à Pangloss, il n’est que ce qu’il enseigne et n’a pas d’autres caractéristiques physique ou morale.

Si tous les éléments du conte sont réunis, C andide n’en est pas moins un conte philosophique qui vise, au delà de l’intrigue et des péripéties, à communiquer u n point de vue problématique sur le monde.

Voltaire s’efforce moins de susciter notre imaginaire que d’éveiller notre esprit critique.

D’ailleurs la Westphalie est une région allemande, qui existe vraiment, ce qui ramène le lecteur à la réalité.

On peut ég alement noter que Voltaire intervient directement dans le récit quand il dit « je crois ».

Transition : tout cela invite donc le lecteur à prendre une distance critique et à dépasser les apparences pour les remettre en question.

II) LE RENVERSEMENT DU MERVE ILLEUX A) La satire de la noblesse L’étude de la structure du texte met déjà en valeur le pro jet critique de l’auteur.

Tous les membres de la société de TTT sont passés en revue : le 1 er paragraphe présente Candide, le 2 nd décrit le baron, le 3 ème évoque brièvement le reste de la famille, le dernier s’attache plus particulièrement à Pangloss et à sa philosophie.

Mais cette description d’une famille noble ne respecte pas l’ordre hiérarchique et protocolaire : Candide, le bâtard, est présenté avant le baron, Cunégonde est décrite avant son frère.

L’étiquette eut voulu que l’on commençât par le baron, que l’on continua par sa femme, son fils, sa fille, et que l’on finît avec le bâtard.

En perturbant l’ordre habituel des préséances, Voltaire introduit un doute sur la légitimité du pouvoir des TTT et suggère qu’il repose seulement sur des apparences.

Pour Voltaire, la noblesse est à cette époque un monde figé dans ses préjugés et ses prétentions.

Il s’attaque en l’occurrence aux généalogies dont les nobles aimaient se vanter.

Ainsi, Candide est présenté comme un bâtard, parce que son père n’a pu prouver que « 71 quartiers » de noblesse.

La lourdeur aristocratique est mise en avant par la lourdeur de la phrase lignes 7 à 14 (la lire).

Voltaire fait par ailleu rs de la noblesse du baron et de la baronne un simple titre qui n’est fondé sur aucune grandeur réelle.

Pour cela, il explique leur pouvoir par des raisons absurdes (trouver les exemples dans le texte l.

15 -16, 16- 17, 24- 26).

Cet usage absurde de la causal ité est très habile puisqu’il tend à montrer que le pouvoir des nobles n’est fondé que sur des signes extérieurs futiles et dérisoires.

Transition : au delà de la critique de la noblesse, Voltaire fait une critique de la philosophie optimiste de Pangloss.

B) La satire de Pangloss. »