Devoir de Philosophie

Carrache, Annibal - sculpture.

Publié le 15/05/2013

Extrait du document

Carrache, Annibal - sculpture. 1 PRÉSENTATION Carrache, Annibal (1560-1609), peintre et sculpteur bolonais, qui a préfiguré le mouvement baroque et battu en brèche les excès du maniérisme. 2 LA FONDATION DE L'ÉCOLE BOLONAISE Né à Bologne, Annibal Carrache est le membre le plus célèbre d'une famille de peintres comptant son frère aîné, Augustin (1557-1602), son cousin Ludovic (1555-1619) et son fils naturel, Antoine (1583-1618). En 1582, les Carrache fondent à Bologne une école de peinture, l'Accademia degli Desiderosi, qui, en 1590, prend le nom d'Accademia degli Incamminati (Académie des Acheminés), ou Accademia del Naturale. Cette école se donne notamment pour programme artistique de revenir à l'étude de la nature et de restaurer les principes fondateurs des maîtres de la Renaissance, tels que formulés par Michel-Ange, Raphaël, Titien et Véronèse. L'Académie, qui compte sur ses bancs des élèves aussi talentueux que l'Algarde (v. 15951654), le Dominiquin (1581-1641) et Guido Reni (1575-1642), fait de Bologne, seconde ville des États pontificaux, le centre artistique le plus actif et le plus influent d'Italie pendant plus de deux décennies. Annibal Carrache (dont l'art -- dépassant les excès du maniérisme -- préfigure la peinture décorative baroque) se distingue dans la réalisation de décors à fresque de grandes dimensions, comme le cycle lyrique consacré aux Histoires de Romulus et Remus (1588-1592) pour le palais Magnani (aujourd'hui Salem) de Bologne. Ce cycle constitue une sorte de manifeste artistique grâce auquel Annibal est d'emblée reconnu comme l'artiste le plus doué de la famille Carrache. C'est durant cette période qu'il peint l'Étal du boucher (v. 1583, Christ Church, Oxford) et le Mangeur de fèves (1583, galerie Colonna, Rome), deux peintures de genre qui laissent présager une carrière orientée vers la recherche de correspondances entre picturalité et vision, une voie qu'il abandonne cependant tout aussitôt (l'Assomption de la Vierge, 1592, Pinacothèque nationale, Bologne ; l'Apparition de la Vierge à saint Luc et à sainte Catherine, 1592, musée du Louvre, Paris, pala monumentale à deux registres peinte pour la cathédrale de Reggio nell'Emilia ; l'Ange Gabriel dans une gloire d'anges musiciens et de chérubins, 1594, Musée Condé, Chantilly). 3 LA GRANDE GALERIE DU PALAIS FARNÈSE À ROME En 1595, le cardinal Odoardo Farnèse (1573-1626, fils du condottiere Alexandre Farnèse) fait venir à Rome Annibal Carrache pour la décoration des appartements de son palais romain ( voir Farnèse, palais). Celui-ci y réalise avec son atelier la décoration à fresque du « camerino « (la chambre du cardinal Odoardo), fresque mythologique et élégiaque à vocation moralisante et didactique où sont évoqués les personnages d'Ulysse et d'Hercule, complétée par une huile sur toile ( Ercole al Bivio, Hercule entre le vice et le vertu, aujourd'hui exposée au museo nazionale di Capodimonte, à Naples). Puis, à partir de 1597, lui est confiée la décoration de la grande galerie de la façade arrière du palais (qui donne sur la via Giulia). Entreprenant la peinture des fresques de la voûte, Annibal Carrache réalise ce qui constitue, aujourd'hui encore, son chef-d'oeuvre le plus incontesté, mais aussi le plus commenté. Sur un arrière-plan architectural en trompe l'oeil sont savamment distribués des entrelacs de nus héroïques en stuc soutenant des corniches feintes, de faux médaillons en bronze et des simulacres de décorations marmoréennes. Au coeur de ce décor de théâtre ont été peintes onze immenses fresques, qui, du fait des encadrements fictifs peints (dorés ou en stuc) qui en cernent les contours, ressemblent à de gigantesques toiles. Y est brossée une fantasmagorie de personnages mythologiques, de putti ou angelots malicieux, de satyres au rire sardonique, ainsi que de scènes d'amour entre divinités païennes, inspirées de fables alexandrines et des Métamorphoses d'Ovide. Articulé autour du Triomphe de Bacchus et d'Ariane (au centre de la voûte), cortège déluré et étourdissant de sensualité et de vitalité dionysiaque (une exubérance des corps également à l'oeuvre dans les portraits en pied du cyclope Polyphème), ce décor s'inspire à l'évidence, dans son agencement, de la décoration des voûtes de la chapelle Sixtine et des « ignudi « peints par Michel-Ange mais aussi de la voûte de la galerie de la villa Farnésine, décorée par Raphaël de tapisseries peintes juxtaposées illustrant les Histoires d'Amour et Psyché. Achevées en pleine Contre-Réforme, sous le pontificat du pudibond Clément VIII, les fresques de la voûte suscitent stupeur et admiration lors de leur première présentation publique (en mai 1601, en présence du neveu lui-même du pape, le cardinal secrétaire d'État Pietro Aldobrandini) et demeurent depuis lors une référence pour les artistes romains. Elles ont influencé des artistes baroques comme le Bernin et Rubens et inspiré notamment Nicolas Poussin pour la peinture des plafonds du Louvre. Vers 1602-1603, Annibal Carrache et son atelier réalisent également la décoration du « palazzetto « construit dans les jardins du palais Farnèse par-delà la via Giulia. Sept tableaux (dont la Vénus endormie avec des amours qui est entièrement de la main d'Annibal) ayant fait partie de cette décoration sont aujourd'hui conservés au musée Condé de Chantilly. Malgré les incitations d'élèves de son atelier tout à sa dévotion, et notamment du Dominiquin, qu'Annibal Carrache considère comme son héritier artistique, Annibal Carrache n'accepte que peu de commandes au cours des cinq dernières années de sa vie. Déçu par le manque de reconnaissance du cardinal Odoardo, son commanditaire, il est aussi atteint à partir de 1605 d'un début de paralysie qui l'empêche bientôt de peindre. Il a néanmoins laissé quelques paysages historiés, comme la Lapidation de saint Étienne (v. 1604, musée du Louvre, Paris) ou la Fuite en Égypte (lunette destinée à l'origine à la chapelle du palais Aldobrandini, 1605, aujourd'hui à la galerie Doria-Pamphilj, Rome) qui proposent une vision idéalisée et poétique de la nature annonçant les paysages néoclassiques de Claude Lorrain et de Nicolas Poussin. Annibal Carrache repose au Panthéon de Rome aux côtés de Raphaël. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles