Causalité et déterminisme historiques ?
Publié le 30/08/2009
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• Quelle est la validité de la causalité en histoire ? La causalité suppose des rapports constants. Or les faits historiques sont uniques. Le concept de loi historique n'est-il pas contradictoire ? • Les faits qu'étudie l'histoire relevant de différents types de causalités (biologique, économique, psychologique, etc.) cette multiplicité de causalités ne revient-elle pas à exclure toute causalité rigoureuse, c'est-à-dire néces¬saire ? • Dans ces conditions, l'application du principe de causalité en histoire ne masque-t-il pas toujours une philosophie de l'histoire ?
« L’histoire prétend expliquer les faits et, par suite, en déterminer les causes. L’établissement de relations de causalité est d’ailleurs nécessaire au groupement des faits, qui ne peut être purement chronologique : « En fait, les historiens usent souvent de la notion de cause, indispensable pour formuler les événements et construire les périodes » (Langlois & Seignobos). Or que l’idée de cause ne peut avoir de sens que si elle implique une relation constante. Par exemple, en physique, il y a une relation constante entre la chaleur et la fusion du plomb. C’est cette constante (+ 327°C) qui fait de la physique précisément une science. Il n’y a de rapport causal que s’il y a régularité de liaison, renouvellement identique de la liaison constatée ; le cas unique n’a pas de cause, n’est pas scientifiquement explicable. Mais l’histoire est précisément la science des cas uniques. Un fait se répète identique, se « refait » comme dit Pradines, se produit toujours nécessairement lorsque ses conditions sont réunies. Un événement est daté, unique, singulier ; il se prépare et surgit dans le temps irréversible de l'histoire. En ce sens, l’événement est toujours contingent : on ne peut dire à l’avance s’il se produira ou non. L’histoire repose sur le concours d’une infinité de causes qu’il est impossible d’inventorier. Ouvrons un manuel d’histoire : parmi les causes de la Révolution française, il nous donne « l’état d’esprit », ce qui implique que les causes idéologiques exercent une action réelle sur l’évolution historique : autrement dit, une hypothèse directrice, qui dépasse de beaucoup les faits, sur les causes de l’évolution sociale. Mais l’histoire est‐elle capable, par des procédés proprement historiques, d’en administrer la preuve ? La science veut exorciser le temps et chercher ce qui demeure identique. Une loi scientifique pose des éventualités (si tel phénomène se produit alors tel effet s’ensuivra) donc transcende le cours concret des événements. On opposera l’esprit scientifique généralisateur et abstrait à l’esprit historique amoureux du détail, du singulier, du concret mouvant (« Aimer ce que jamais on ne verra deux fois » comme disaient les romantiques). Comment expliquer scientifiquement les faits historiques si, comme le dit Seignobos, « pour chaque cas particulier il faut une explication particulière » ? L’événement est unique, ne se répète pas. En histoire, les phénomènes ne sont pas suffisamment répétitifs pour que l’on puisse en tirer des lois : aucune guerre ne se passe comme une autre. Chaque événement historique est primultime cad à la fois premier et dernier. Et il est à plus forte raison impossible de le reproduire en laboratoire pour préciser ses conditions d’existence. Un historien ne peut pas reproduire l’assassinat d’Henri IV par Ravaillac. Cet événement a eu lieu le 14 mai 1610 et jamais ne se reproduira. En histoire, l’expérimentation est exclue. Certains historiens ont vu dans la faiblesse de caractère de Louis XVI l’une des causes de la Révolution française. Comment vérifier cette hypothèse ? On ne peut déloger Louis XVI de son trône et mettre un autre roi à sa place pour voir ce qui se passerait alors. En l'absence d'une réalité que l'on pourrait observer à loisir, la reconstitution historique est tout autre chose que l'établissement d'un fait scientifique. Ce qui fut événement ne saurait être un fait. Mais si l’expérimentation est impossible en histoire, on peut trouver un équivalent de l’expérimentation avec l’histoire comparée. Par exemple, Marc Bloch (in «La société féodale») a pu comparer avec fruit l’histoire de la société féodale en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie et même au Japon. Dans tous les cas, l’économie rurale apparaît comme une condition de la société féodale et c’est toujours le développement du commerce, de l’artisanat, qui précipite l’évolution et la . »
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