La causalité en histoire

« l'histoire et rétablit par la suite la réaction sur ces conditions écono­ miques, des forces spirituelles pourtant relatives à ces conditions mêmes.

Jaurès (1859-1914) écrit dans • Histoire Socialiste •: «:Nous savons que les conditions économiques, la forme de la production et de la propriété sont le fond même de l'histoire ...

A chaque période de l'histoire, la structure économique de la société détermine, le plus souvent, les formes politiques, les mœurs sociales et même la direction générale de la pensée.

Aussi nous appliquerons-nous, à chaque époque de ce récit, à découvrir les fondements économiques de la vie humaine ..

:\lais nous n'oublions pas, Marx lui-même, trop souvent rapetissé par des interprètes étroits, n'a jamais oublié que c'est sur des hommes qu'agissent les forces économiques.

Or les hommes ont une diversité prodigieuse de passions et d'idées, et la complication presque infinie de la vie humaine ne se laisse pas réduire brutalement, mécanique­ ment, à une formule économique ...

Il serait puéril et grossier d'ex­ pliquer sommairement le mouvement de la pensée humaine par la seule évolution des.

formes économiques.

• Pour bien comprendre la pensée de Marx et de Jaurès sur ce point, il faut savoir que l'histoire, selon eux, passe, pour ainsi dire, par deux grandes étapes, 1·elle où agit la nécessité, la fatalité des forces économiques, et l'étape posté­ rieure de l'humanité libérée, où les hommes gouverneront par leur raison 1•t leur Yolonté la proclucliun t•llt·-nu'me.

t't él'happeront ainsi à la tyrannie des forces économiques non-conscientes.

3 - Les idées des hoiDUles.

L'antithèse du marxisme est la conception de Fustel de Coulanges, de 12 ans plus jeune que .Marx.

Selon l'auteur de la célèbre • Cité Antique • (paru en 1864), ce sont les croyances des hommes et tout d'abord les croyances philoso­ phiques et religieuses qui constituent la véritable causalité histo­ rique.

Il écrit : • Nous avons fait l'histoire d'une croyance.

Elle s'établit, une société humaine se constitue ; elle se modifie, la société traverse une série de révolutions ; elle disparaît, la société change de face •··· • Une croyance, il n'est rien de plus puissant sur l'âme.

Une croyance est l'œuvre de notre esprit, mais nous ne sommes pas libres de la modifier à notre gré •··· L'œuvre est l'illustration et la preuve de cette opinion : après avoir analysé et reconstitué la religion antique (religion des ancêtres et présence des âmes des morts parmi lèurs descendants), Fustel.

de Coulanges montre comment cette • impé­ rieuse croyance • impose un sens à tous les actes et à tous les événe­ ments de l'histoire de la Cité antique, et comment 1es coutumes, les lois, les institutions civiles, religieuses et ·militaires se déduisent rigoureusement de cette croyance.

Que ce soient les hommes, leurs croyances, leur foi, leur confiance .en certaines valeurs et même en certains mythes, qui fassent l'histoire, des exemples modernes le montrent également : si l'lndoustan et le Pakistan constituèrent deux états séparés après la deuxième guerre mondiale alors qu'ils étaient économiquement liés et solidaires, c'est parce que le premier était brahmaniste et bouddhiste alors que le second était musulman.

Enfin on peut considérer que le mar:z:isme comme doctrine, comme. »