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La causalité implique-t-elle le fatalisme ?

Publié le 11/01/2004

Extrait du document

La causalité indique une relation de dépendance entre deux choses : l'une étant la cause ou condition de l'autre, qui en est l'effet. Le fatalisme, quant à lui, est la position de celui qui pense que les choses arrivent nécessairement, l'individu ne pouvant, par ses actes, changer le cours de son destin. Dans les deux cas il est bien question d'une cause, celle-ci ayant un sens plus fort quand il s'agit du fatalisme. En effet, il ne s'agit pas d'un événement isolé qui serait causé par un autre événement, mais de l'ensemble des événements dont l'origine serait une cause suprême. La question est de savoir si l'affirmation de la causalité a pour conséquence celle du fatalisme ? Pouvons-nous déduire d'une causalité particulière une causalité générale ? Et si oui de quelle manière ?  Ce problème est de taille puisqu'il concerne la sphère scientifique, la causalité y ayant une importance particulière, et la sphère morale, pratique, l'affirmation du destin pouvant avoir une incidence sur la liberté humaine.

« n'aura pas de causes efficientes ne sera ni vrai ni faux ; or, toute assertion est vraie ou fausse ; donc il n'y a pasde mouvement sans cause.

» S'il en est ainsi, tout événement arrive en vertu de causes qui le précèdent ; s'il enest ainsi, tout arrive par le destin.

Il en résulte donc que tout ce qui arrive arrive par le destin.

» » Cicéron, Traitédu destin, X Causalité et nécessité Hobbes nous permet de passer de l'aspect physique de la causalité à l'aspect pratique, celle-ci étant alors non plusseulement appliquée aux mouvements mais aux actions elles-même.

Cet extrait nous éclaire dans la mesure où ildresse un pont entre la notion de causalité et celle de nécessité.

La causalité nécessaire a un sens particulier : cequi arrive devait nécessairement arriver.

Il n'y a qu'un pas pour aboutir à une position fataliste. « Puisque tout acte de la volonté, tout désir, toute inclinaion procèdent d'une cause, et celle-ci d'une autre cause, selon une chaîne continue (dont le premier maillon est entre les mains de Dieu, première cause entretoutes), tout cela procède de la nécessité.

En sorte que pour celui qui pourrait voir la connexion de ces causes, lanécessité de toutes les actions humaines volontaires apparaîtraient manifeste.

» HOBBES, Léviathan, 21. Du déterminisme au fatalisme. Si les événements se produisent de manière nécessaire, qu'est-ce qui dépend de nous ? Si c'est le destin qui est à l'origine de tout ce qui arrive, à quoi bon agir ? Nous retrouvons l'argument du paresseux,qui met en évidence la conséquence de l'affirmation du destin, à savoir l'inaction. « Si ton destin est de guérir de cette maladie, tu guériras, que tu aies appelé ou non le médecin ; de même, si ton destin est de n'en pas guérir, tu ne guériras pas, que tu aies appelé ou non le médecin ; or tondestin est l'un ou l'autre ; il ne convient donc pas d'appeler le médecin.

» Cicéron, Traité du destin, XII Cette première partie nous a permis de mettre en évidence comment la causalité pouvait impliquer le fatalisme.

Pourautant un problème persiste, celui de la liberté.

Si tout dépend d'une force extérieure, appelée destin, la libertéexiste-elle ? II- La causalité exclut-elle la liberté ? Le principe de raison Le plus connu des principes leibniziens est sans doute le principe de raison.

Il signifie que toute chose à une raison d'être, rien n'est sans cause.

Le concept de raison et la notion de cause sont proches.

Encore une fois lacausalité est liée à la notion d'ordre, d'harmonie. « L'autre principe est celui de la raison déterminante : c'est que jamais rien n'arrive, sans qu'il y ait une cause ou une raison déterminante c'est-à-dire quelque chose qui puisse servir à rendre raison a priori, pourquoicela est existant plutôt que non existant, et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon.

» Théodicée§44 Ignorance et liberté Leibniz affirme la prescience divine, autrement dit Dieu connaît déjà tout ce qui va arriver.

Cependant il faitcoexister cette prescience et la liberté humaine.

S'il était nécessaire qu'Adam pèche comment peut-il être dit libre ?Pour y répondre, Leibniz souligne le caractère limité de l'entendement humain qui ne lui permet pas d'avoir uneconnaissance globale de sa notion complète, par notion complète il faut entendre tous les prédicats s'y rapportant,toutes les actions qu'il va accomplir.

En ce sens la liberté est rendue possible par notre ignorance. Causalité et liberté Si nous approfondissons la position leibnizienne nous devons remettre en cause la relation d'implication entre lacausalité et le fatalisme.

En effet si Dieu connaît déjà tout ce qui va se passer, pour autant ce n'est pas lui qui agità travers nous, nous restons libres de nos actes.

La sphère cognitive et la sphère pratique doivent être distinguéespour comprendre dans quelle mesure la prescience divine peut coexister avec la liberté humaine. A l'issue de cette deuxième partie la causalité est affirmée mais sans qu'elle implique un quelconque fatalisme.

Il s'agit d'expliquer comment l'une, la causalité, peut exister, sans l'autre. III- Le fatalisme dépasse-t-il l'affirmation de la causalité ? Le déterminisme et le fatalisme sont des doctrines opposées Alain, dans ses Eléments de philosophie , loin de rapprocher le déterminisme et le fatalisme les oppose.

Par déterminisme il faut entendre l'affirmation selon laquelle toute chose qui arrive a une cause.

Selon Alain le fatalismeva plus loin dans la mesure où la cause en tant que telle importe peu puisqu'elle peut changer sans que le cours desévénements change.

Autrement dit, selon le fataliste, les actions humaines n'ont aucune incidence, elles n'influent. »

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