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Causeries du lundi

Publié le 06/04/2013

Extrait du document

Il ne faut pas oublier que le « lundiste « que fut Sainte-Beuve - ce néologisme fut créé à son intention - se double d'un écrivain, auteur notamment de Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme (1829) et de Volupté (1834) (roman dont Balzac s'inspira pour écrire Le Lys dans la vallée). Les Causeries du lundi ne doivent pas seulement être lues comme le produit d'un critique, mais également comme celui d'un écrivain qui affirme ses prédilections littéraires avec une grande indépendance d'esprit.

« Mme Récamier« avait a u plus ha ut degré non ·de cet esprit qui songe à brille r pour lui-même, mais celui qui sent et met en valeur l'esprit des autres.

» ~------ - EXTRAITS - ----- ----., C'est à l'occasion d'un article sur Stendhal que Sainte -Beuve s'éri g e contre la prétendue partialité de la critique et prend ouvertement la défense du critique La Harpe (il sera d 'ailleur s sujet aux mêmes att aque s) A tout moment il [Stendhal] a des retours plus ou moins offensifs de notre côté, du côté de la France.

Il en veut à mort aux La Harpe, à tous les professeurs de littérature et de goût , qui précisément corrompent le goût, dit-il, et qui, en fait de plaisirs dramatiques, vont jusque dans l'âme du spectateur fausser la sensation.

Il nous accuse d 'être sujets à l 'engoue­ ment, et à un engouement prolongé, ce qui tient , selon lui, au manque de caractère et à ce qu'on a trop de vanité pour oser être soi­ même.

Il nous reproche d ' aimer dans les arts à recevoir les opinions toutes faites, les re­ cettes commodes, et à les garder longtemps, même après que l'utilité d'un jour en est passée.

La Harpe fat utile en 1800, quand presque tout le monde, après la Révolution, eut son éducation à refaire : est-ce une rai­ son pour éterniser les jugements rapides qu'on a reçus de lui ? Il va jusqu 'à accuser quelque part ce très-judicieux et très -inno­ cent La Harpe qui, dit-il , a appris la litté­ rature à cent mille Français dont il afait de mauvais juges, d'avoir étouffé en revanche deux ou trois hommes de génie , surtout dans la province.

Depuis que le règne de La Harpe a cessé et que toutes les entraves ont disparu, comme on n'a rien vu sortir; on ne croit plus à ces deux ou trois hommes de génie étouffés .

C' est en ces termes que Sainte-Beuve nous présente Madame de Pompadour Dans une Étude un peu suivie du XVJIJe siècle , Mme de Pompadour est inévitable.

Il ne faut pas craindre de nommer les choses et les époques par leur nom ; et le nom sous lequel le xvme siècle peut le plus justement se désigner à beaucoup d'égards, pour le goût, pour le genre universellement régnant alors dans les arts du dessin, dans les modes et les usages de la vie, dans la poésie même, n'est-il pas ce nom galant et pomponné qui sem­ blait fait tout ex­ près pour la belle marquise et qui rimait si bien avec l'amour ? Tous les arts de ce temps por­ tent son cachet ; le grand peintre Watteau, venu trop tôt pour elle, et qui créait un monde pastoral en­ chanté , semble ne l'avoir décoré et em­ belli que pour qu 'elle en prît possession un jour et qu'elle pût s'y épanouir et y régner.

[ ...

] Le genre Pompadour assurément préexis­ tait à la venue de la belle marquise, mais elle le résume en elle, elle le couronne et le personnifie.

« Roger de Rab utin, com te de Bussy,( ••• ) e u t bea uco up en lui de cette veine railleuse et m orda nte , d e cet esprit d o nt on fait honn eur à sa province ••• ,.

NOTES DE L'ÉDITEUR « Cette Causerie toutefois ne va pas à l'aventure, ou plutôt l'allure vagabonde se développe dans un cadre fixe, un peu rigide même, hérité des Portraits, et qui facilite la tâche hebdomadaire.

Le critique peut ainsi composer son étude par morceaux détachés qui seront soudés ensuite." Je bâtis l'article comme un tailleur bâtit l'habit", disait-il.

Et comme un tailleur, il a plusieurs travaux en chantier au même moment.

L'ordre d'achèvement détermine l'ordre de livraison.

Toujours dans un court préambule, il indique la raison de son choix.

( ...

)Après quoi, il suit son personnage dans l'existence, selon la méthode mise au point dans ses Portraits, et la date de la mort une fois donnée , il prend un congé rapide du lecteur.

» Maurice Regard, Sainte-Beuve, Paris, Hatier, 1959.

« L'œuvre de Sainte-Beuve n'est pas une œuvre profonde.

La fameuse méthode, qui en fait, selon Taine, selon Paul Bourget et tant d'autres, le maître inégalable de la critique du x1xe , cette méthode, qui consiste à ne pas séparer l'homme et l'œuvre, à considérer qu'il n'est pas indifférent pour juger l'auteur d'un livre, si ce livre n'est pas un" traité de géométrie pure" , d'avoir d'abord répondu aux questions qui paraissaient les plus étrangères à son œuvre (comment se comportait-il, etc.), à s'entourer de tous les renseignements possibles sur un écrivain, à collationner ses correspondances, à interroger les hommes qui l'ont connu, en causant avec eux s'ils vivent encore, en lisant ce qu'ils ont pu écrire sur lui s'ils sont morts, cette méthode méconnaît ce qu'une fréquentation un peu profonde avec nous­ mêmes nous apprend : qu'un livre est le produit d'un autre « moi » que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vies.

» Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve, Paris, Gallimard, 1987 .

l Lauros -Giraudon 2 des s in de Cannontelle / Lauros-Giraudon 3 Benjamin Constant par Hercule de Roche, musée Renan Scheffer / Roger-Viollet 4 Mme Récamier par Gérard Françoi s, musée Carnavalet I Giraud.on 5 Bussy-Rabutin par Le Febvre I Lauros-Giraudon SAINTE -BEUVE 03. »

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