La Chanson des Nibelungen
Publié le 22/02/2013
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La Chanson des Nibelungen , qui comprend trente-neuf chants, est une des rares épopées nationales du Moyen Age (elle date des XIIe - XIIIe siècles). Elle est le produit de plusieurs légendes germaniques anciennes et manifeste la formation de la poésie épique en Europe. A ce titre, elle constitue une oeuvre parfaitement originale.
«
Le cadre culturel de
La Chanson des
Nibelungen dépas
se
largement celui de la
seule Allemagne ;
il
concerne tous les pays
peuplé s par les tribus
germaniques des
Franc s, de s Hun s, de s
Bur gon des et des
Goth
s.
« On voya it
marcher devant elle de riches camé
riers.
Les guerriers
au grand cœur
se pressaie nt en foule afin
de voir la vierge
charmante.
»
EXTRAITS
Lors d'une fête à la cour de Worms,
Siegfried voit
paraître Kriemhilde,
qu'il a le dessein d'épouser
Elles ' avançait en ce moment .
( ...
)
Maintes pierreries brillaient en ses vête
ments .
Ses couleurs, semblables à ce lles
de
la rose, avaient cet éclat qui inspire l'amour.
Et quelle qu'en fût son envie, nul n'eû t pu
soutenir que jamais en ce monde il avait vu
quelque femme plus belle.
Comme la lune
éclatante surpasse les étoiles, lorsque sa lu
mière sort resplendissante des nuages , ainsi
elle surpassait les autres femmes .L'âme de
maint héros grandit en cet instant.
On voyait marcher devant ell e de riches ca
mériers.
Les guerriers au grand cœur se
pressaient en foule afin de
voir la vierge charmante.
Le seigneur Siegfried res
sentait à la
fois amour et
souffrance.
Il pensait en lui-même :
«Comment celas' est-il fait
qu'il m' ait fallu ainsi
t'aimer
? C'est une illusion
d'enfant.
P ourtant, si je
dois m'éloigner de toi, il me
serait
plus doux d'être
frappé à mort .
»
Agité par ces pensées , il de
vint plusieurs fois rouge et
pâle.
Le fils de Sigelind
était
là, digne d'amour, comme s'il eût été
peint sur
le parchemin par le talent d'un bon
maître .
Et tous avouaient que jamais on
n'avait vu un héros si beau .
Kriemhilde abat froidement Hagen
sous les yeux
d'Etzel
Elle dit:
« Tu as mal réparé le mal que tu m'as fait .
Mais je
veux conserver l'épée de Siegfried.
Il
la portait , mon doux bien-aimé, la dernière
fois que
je le vis, et de sa perte, mon cœur a
souffert plus que de tous mes autres maux.
»
Elle tira l'épée du fourreau sans qu'il pût
l'empêcher -elle voulait enlever la vie au
guerrier -et, la sou levant des deux mains ,
lui abattit la tête.
Le roi Etzel le vit et en
fut
profondément affligé.
« -Malheur! s'écria
le roi, comment a été
tué
par les mains
d'une femme, le plus
vaillant héros qui
jamais s'élança dans
la bataille
ou qui
porta un bouclier !
Quelque inimitié que
j'eusse cont
re lui, j'en
suis vraiment affligé .»
Alors le vieux Hild e
brand parla :
« -Elle ne jouira pas
du plaisir d'avoir osé
le tuer.
Quoi qu'il ait
pu me faire, et bien
qu 'il m'ait mis en un pressant danger,
je
veux pourtant venger la mort du vaillant
chef de Troneje .
»
Le vieux Hildebrand bondit vers Kriem
hilde, et lui donna un terrible coup d'épée.
La fureur d' Hildebrand porta malheur à la
reine ; à quoi pouvaient lui servir ces cris
lamentables
?
De toutes parts des cadavres couvraient la
terre , et la noble femme gisait là presque
coupée en deux.
(.
..
)
Tant de gloire et d'honneur avaient péri.
Tous les peuples étaient dans l'affliction et
le désespoir.
La fête du roi se termina d'une
fa ço n sanglante, car souvent l'amour finit
par produire
le malheur.
Je ne puis vous raconter ce qui arriva de
puis , si ce n'est qu 'on voyait che valiers ,
femmes et nobles varlets pleurer la mort de
ce ux qu 'ils avaient aimés.
Ici prend fin ce
récit :
c'es t la détresse des Nibelungen.
Traduit par E.
de Laveleye, Flammarion
Postérité de la légende
« La fête du roi se termina d'une
façon sanglante, car souvent l'amour
finit par produire le malheur.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
Originalité des personnages
bienveillant et humain , honteux de la
cupidité de Kriemhilde.
Kriemhilde,
quant à elle , était plus vengeresse
et moins
douloureuse dans la tradition plus ancienne
de la légende.
Le roi Gundicarius (Gunther )
était tué par
Attila; c'était un être très cou
rageux.
La Chanson le transforme en un
docile compagnon de Hagen.
Hagen était le
demi-frère de Gunther,
La Chanson n'en
fait que son vassal.
Il est le seu l à mesurer
l e degré de vengeance de Kriemhilde.
«Il n'est permis à personne de ne pas
connaître les Nibelungen.
» Goethe.
Tous les personnages de
La Chanson des
Nibelungen
sont issus de très anciennes tra
dition s légendaires, mais l'auteur anonyme
de l'œuvre en a modifié les traits.
Ainsi,
Attila (Etzel) était traditionnellement repré
senté
comme « le Fléau de Dieu »,être cu
pide , cruel, trompeur et destructeur ;
c'est
lui, et non Kriemhilde , qui enviait le trésor
des Nibelungen.
La Chanson en fait un être
1, 2.
3.
4 illu stration s de C.O.
Czeschka, éd.
ln sel.
1972
L es Nibelungen (1861): trilogie dramatique
de Friedrich Hebbel.
Der Rin g des Nibelungen (1853-1874):
L'Or du Rhin , la Walkyrie , Sie gfried ,
L e Cr épus cule des Dieux ,
tétralogie de Richard Wagner.
Sigurd (1884): opéra d'Ernest Reyer.
Les Nibelungen (1924) : film de Fritz Lang.
ANONYME03.
»
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