CHAPITRE 16 de CANDIDE DE VOLTAIRE (lecture analytique)

« tout à la fin, les démonstrations de Pangloss reviennent dans la bouche de Candide pour un raisonnement absurde :le monde est bon, puisque je ne suis pas tué si je ne suis pas jésuite.

L'optimisme ne sert à rien pour interpréterl'univers : les forces en jeu n'ont rien de théorique.

Les jésuites, qui soumettent et colonisent, au point de se fairehaïr ; les Oreillons, qui survivent par la loi du plus fort dans un environnement hostile : tous témoignent que vivre,c'est changer l'ordre des choses et non croire à sa perfection immanente.7.

Voltaire montre aux civilisés la part de l'état sauvage qui reste en eux : les Oreillons pratiquent la loi du plus fort,qui est la même chose que la guerre ; ils dévorent d'autres hommes .

mais que font les Inquisiteurs, les guerriers, lesexplorateurs en tout genre ? Ils ont des moeurs bizarres : mais que dire des viols, du sadisme, de l'homosexualité(celle du baron-fils, par exemple) dont Candide a déjà donné mille exemples ?Autrement dit, il ne s'agit pas de contester le progrès et de vouloir revenir à l'état de nature, mais de montrer que leregard sur les prétendus sauvages devrait nous éclairer sur notre propre barbarie.

" Chacun appelle barbarie ce quin'est pas son usage " dit Montaigne.

Ce relativisme est une des clés de la pensée du XVIIIe siècle, comme de toutela pensée humaniste.

Voir Diderot, surtout, dans son Supplément au voyage de Bougainville (1771). ÉCRITURE 8.

Effets rhétoriques ; plan de la harangue :— intention oratoire (" vous comptez donc manger...

")— légitimation préalable (" captatio benevolentiae ") [= vous avez raison]— discussion sur la réalité des faits et sur leurs rapports avec l'intention— retournement et démonstration de la méprise— appel au témoignageArgumentaires : ils reposent sur des sources variées— structures sociales et logique interne de la société (même anthropophagique)— droit naturel— l'amitié et la soumission— les principes du droit public— la validité des preuves par témoignageStyle oratoire : interpellations ; mise en valeur des arguments ; approbation des opinions ; restriction ; fortes misesen valeur des présentatifs (" c'est...

voilà...

c'est ainsi que...

c'est que ") et des éléments logiques (" en effet,certainement, mais ") ; recours au pronom " vous " et aux verbes à valeur impérative. BILAN L'action1.

Par définition, la fuite vers les sauvages ne peut qu'aboutir au contraire de ce qui a été connu jusqu'ici.

Donc, lacivilisation étant un affreux chaos de violences absurdes et de malheurs, la vie sauvage risque d'être " bonne ".

Nepas oublier que le lecteur du XVIIIe siècle, coutumier du thème du " bon sauvage ", l'attend forcément.

On pressentque Candide va aborder un contre modèle, après les oreillons, et que l'utopie s'annonce.

Pour le contemporain deVoltaire, le protocole de lecture est très clair : on sait où l'on va.2.

Voltaire ne croit pas à la solution du retour à la nature.

Voir les textes cités (Rousseau, Voltaire...)Les personnages1.

Le retour aux origines laisse prévoir la réapparition de l'ensemble du personnel propre au chapitre I.

C'est ce quise produira dans le chapitre XXIX.

Une fois passée la parenthèse de l'Eldorado, Candide renouera avec des hommescaractéristiques de son réel initial (cf.

fin du chapitre XIX et chapitre XX).2.

Étant un actif, un homme d'expérience et de terrain, tout laisse présager que Cacambo aura une excellenteinfluence sur le destin de Candide.

Cacambo est l'antinomie des promoteurs du mal (intellectuels, religieux,phraseurs, idéologues, nobles, etc.).

Il s'apparente au modèle favorable de Jacques, par exemple.. »