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Chapitres 9 et 10 – Frankestein (Mary Shelley)

Publié le 19/09/2010

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Chapitre 9

 

Victor commence la narration de ce chapitre en décrivant ses émotions. Pour lui, il y a une véritable injustice envers Justine, car elle est morte alors que les responsables de son exécution, Victor et la créature, sont toujours en vie. Il ressent du "désespoir", de "l’angoisse", tout comme une âme errante. Il se sent comme le monstre : avant ses expérimentations, il était "bon", mais il est devenu "mauvais" tant ce qu’il a fait est horrible.

Tous ces évènements influent sur sa santé, qui se dégrade. M. Frankestein décide donc d’intervenir auprès de Victor afin de l’aider à surmonter sa peine. Il lui conseille de "réfréner" son chagrin, car c’est un "devoir" pour les "survivants" et parce que s’il n’arrive pas à suivre ce conseil, il ne pourra jamais être heureux et trouver sa place dans la société. En effet, selon lui, la tristesse décourage à l’idée de travailler. 

Pourtant, Victor n’arrive pas à appliquer cette recommandation, car ce n’est pas seulement la peine d’avoir perdu William et Justine, mais aussi le poids de sa responsabilité dans ces deux disparitions qui le hantent. Désormais, il sait que sa faiblesse perpétuelle l’exclura à tout jamais de la société.

 

Nous apprenons ensuite que la famille Frankestein a décidé de déménager et part à la campagne, à Belrive ; un retour à la nature qui fait Victor se sentir "libre" (il peut sortir quand il le souhaite). Néanmoins, même l’apaisement procuré par la nature le perturbe : il songe à se suicider alors qu’il navigue sur un lac, car il est la "seule chose anxieuse" qui trouble ce paysage paisible et idyllique. Mais le désir de protéger sa famille de sa créature l’empêche de commettre l’irréparable. Nous pouvons donc voir que la relation qui unit Victor au monstre est très complexe : à cause de la créature, le jeune homme souhaite mourir, mais quand il pense au danger qu’elle représente pour sa famille et la société, il cesse de songer à se suicider. 

Victor est de plus en plus désespéré. : ses sentiments et son état d’esprit sont si noirs que la Nature ne peut l’aider à se sentir mieux. Pour lui, ce mal-être ne cessera jamais (punition éternelle de Dieu ?). Pour la première fois, Victor parle du monstre en tant que personne ("il", "lui"). Il a soif de vengeance et veut tuer le monstre : au lieu de donner la vie par des procédés interdits, il souhaiterait l’ôter, ce qui est tout autant interdit. Nous pouvons noter que le jeune homme se réfère à Dieu : il est prêt à faire un "pèlerinage jusqu’au plus haut pic des Andes" pour se débarrasser du monstre, même si la justice et Dieu l’interdisent.

 

Victor décrit ensuite sa famille. Tout d’abord, nous découvrons Elizabeth. Elle s’interdit de ressentir tout sentiment joyeux depuis le décès de William et de Justine, dont elle se sent responsable. Elle se sent coupable alors qu’elle n’a rien à se reprocher, alors que Victor, qui est responsable de deux morts, n’a pas compris que Dieu le punit pour ce qu’il a fait. Paradoxalement, ces deux drames la font mûrir : désormais, elle sait ce qu’est le "chagrin" et elle a compris que tous les Hommes ne sont pas bons. Elle traite le meurtrier de William et de Justine de "malheureux", ce qui empire l’angoisse de Victor. Elizabeth conseille à son frère d’oublier ces "émotions noires". Néanmoins, Victor comprend que même la "tendresse" et "l’amitié" que lui portent Elizabeth ne l’apaiseront pas : seul "l’exercice physique" et un "changement d’endroit" lui apporteront un peu de "soulagement".

Il décide de partir en excursion dans les Alpes pour oublier son chagrin, même s’il est conscient du fait qu’il sera en paix uniquement quand il mourra, et pour se remémorer son enfance, période heureuse de son existence. Nous voyons ici le "pouvoir" de la nature : Victor commence à aller mieux et est encerclé par d’énormes éléments naturels ("ravin", "immense montagne", "précipices", "chute d’eau", "pyramides"…). Victor parle de Dieu ("Celui qui a créé et organisé ces éléments"), car il ne craint que Lui (qui pourrait trouver le moyen d’apaiser le jeune homme), alors que c’est Dieu qui est responsable des maux de Victor. Pourtant, cette "influence bienveillante" cesse, et "l’horreur et le désespoir" reviennent. Nous voyons que cette alternation d’apaisement de l’esprit et de souffrance est épuisante pour Victor et son esprit, qui est perpétuellement torturé. C’est la punition divine : il fait souffrir le jeune scientifique, puis il le réconforte, il le tourmente à nouveau…

 

Thèmes :

 

- sentiments : angoisse, désespoir, douleur…

- début de la double personnalité évoquée dans les lettres de Walton ? (Victor ressent en même temps de la "bienveillance" ainsi que "l’amour de la vertu" mais aussi des "humeurs noires")

- malédiction divine, punition éternelle de Dieu

 

Chapitre 10

 

Victor décrit à nouveau la Nature et son gigantisme. Il parle des "lois immuables" qui la régissent (celles qu’il n’aurait pas du braver), dont les plus grands éléments de la Nature " sont des jouets entre leurs mains". En parallèle à ce constat, Victor est le jouet de Dieu tout au long de l’œuvre. Il dit combien la "consolation" que lui apporte la Nature est ambigüe : c’est une passade éphémère, ce n’est pas une solution durable aux maux de Victor. 

Un matin, il décide de gravir le sommet de Montanvert, toujours dans l’espoir d’apaiser son esprit (c’est pour lui le seul moyen d’échapper durablement à son chagrin). Victor décrit l’endroit, qui décourage toute découverte de la montagne ("désolé", "brisé", "jonchés sur le sol", "détruit", "dangereux"). Nous pouvons associer cette description au chemin qui mène au Paradis, qui est rocailleux, presque impraticable : si on parvient toutefois à y avancer, on peut accéder au Paradis. Victor arrive enfin au sommet de la montagne : il décrit le paysage ("merveilleux", "prodigieux") et parle aux "esprits errants" (ou ils le laissent savourer le bonheur que lui procure cet endroit, ou ils le laissent à jamais en proie à sa peine).

Juste après cette prière, Victor aperçoit un "homme" (il ne sait pas encore que c’est en fait le monstre). Il réalise rapidement que c’est le "bougre" qu’il a créé. Il est au bord de l’évanouissement, mais il est néanmoins déterminé à se battre avec la créature jusqu’à la mort. Victor décrit la figure de la créature avec un vocabulaire injurieux ("mépris", "laideur", "horrible"). Il parle ensuite au monstre : il se sent supérieur à lui ("Oses-tu…", "la vengeance acharnée de mon bras", "ta misérable tête"), il l’insulte ("vil insecte") et utilise le champ lexical de l’enfer ("diable", "diaboliquement", "démon"). Le monstre réplique (le fait qu’il parle et qu’il le fasse si bien est d’ailleurs surprenant au vu de la manière dont Victor le traite). Il décrit combien les Hommes l’abhorrent à cause de sa figure et de son corps. Il rappelle à Victor le lien qui les unit (lien immuable, tout comme les lois de nature que Victor a défiées). Il condamne le désir du jeune homme de le tuer, car cet acte serait celui d’un père qui voudrait tuer son fils. Il propose enfin à Victor de conclure un marché : si Victor prend ses responsabilités vis-à-vis de la créature, celle-ci lui jurera qu’elle arrêtera de tuer des innocents. 

Fou de rage, Victor refuse d’accepter la créature et veut toujours la tuer. Il est même tellement furieux qu’il ment au monstre à propos de l’importance de sa création dans sa vie (en réalité, il vivait dans l’unique but de lui donner vie). Il se jette sur la créature, qui évite facilement Victor. Il promet qu’il obéira à Victor (ou à Dieu ? : "natural lord and king"), et utilise un vocabulaire religieux : pour lui, il est davantage un échec ("fallen angel") qu’une création ("Adam"). Il ajoute que le malheur l’a rendu "mauvais", tout comme Victor. Nous voyons à nouveau que l’existence de Victor et du monstre sont profondément liées : si Victor rend sa créature heureuse, celle-ci redeviendra "bonne". Pourtant, Victor refuse toujours ce lien et reste insensible à la proposition du monstre. 

 

Le monstre raconte alors sa vie à son créateur. Il décrit combien il est seul : tout le monde, même celui qui lui a donné la vie, le déteste ; seule la Nature accepte de l’accueillir. Il vit dans les "déserts", des endroits inhospitaliers tels que les "montagnes", les "glaciers", les "grottes de glace". Il explique le cercle vicieux qui le relie à l’Humanité : puisque les humains l’exècrent, il tue ces derniers pour se venger d’eux. La créature demande à Victor d’écouter son histoire : le jeune homme aura alors des raisons légitimes pour motiver son choix de l’abandonner ou de l’accepter. Cette scène ressemblerait au Jugement Dernier : le monstre est un pécheur (il a tué William et a envoyé Justine à la mort) et Victor est Dieu (une fois encore, il se prend pour Dieu alors qu’il n’en a pas le droit : sera-t-il puni pour cela ?). Dans cette situation, la créature pourrait aller au Paradis ou en enfer. Un détail peut confirmer ce point de vue : le monstre prononce des mots tels que "culpabilité", "lois", "sanglant", "défense", "condamné" (il ressemble en ce point à Justine, car il se sent déjà condamné par Victor).

Victor est toujours aussi furieux et continue à insulter la créature ("diable"). Il parle de "malédiction" et se maudit "lui-même". Il rend la créature responsable de son malheur et retourne la proposition du monstre. Au lieu de rendre la créature heureuse en gardant contact avec elle, il veut que le monstre le rende heureux en ne le revoyant plus jamais. Le monstre prend Victor à son propre jeu en cachant ses yeux avec ses mains (on peut voir ainsi combien il est intelligent), et rappelle une dernière fois au jeune homme la situation : selon que Victor accepte ou non d’écouter son histoire, la créature laissera l’Humanité en paix ou bien continuera son œuvre macabre. De cette façon, il rend Victor responsable de ce qui lui arrive et de son "gâchis". 

La créature quitte alors l’endroit où les deux personnages se trouvaient. Victor le suit sans rien dire ; plus encore, il commence à ressentir de la "compassion" envers le monstre. Pourtant, ce sentiment n’explique pas tout à fait sa décision : Victor admet qu’il souhaite savoir si la créature est réellement le meurtrier de son frère. Ils entrent dans une "cabane" et Victor annonce que la créature commence son récit.

 

Thèmes :

 

- Nature (pouvoir, beauté…)

- le poids de la responsibilité (Victor doit accepter la créature ; le monstre reconnaît qu’il a commis d’horribles forfaits)

- l’instabilité des sentiments : horreur, colère… puis compassion

- religion

- justice (procès)

- le lien entre un parent (Victor) et son enfant (la créature)

- malédiction : Victor comprend peu à peu ce qui lui arrive (sanction divine)

- confession (la créature s’apprête à raconter son histoire)

 

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