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Chateaubriand constate, dans le Génie du Christianisme, que, plus une patrie est déshéritée ou persécutée, plus ses enfants lui ont voué d'amour. - Expliquez les causes d'un tel sentiment et cherchez-en les manifestations dans l'histoire des peuples.

Publié le 03/04/2012

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chateaubriand

Le Génie du Christianisme n'est pas soeulement une oeuvre d'apologétique et un livre de critique littéraire, c'est aussi une étude de psychologie des peuples et des races, puisque Chateaubriand se fonde sur ces tendances instinctives des nations pour expliquer leurs goûts, leurs productions, leur développement...

 

chateaubriand

« -- 64- timent prend de la v~tleur à nos propres yeux, nous devient pré­ cieux -et cher.

Si l'amour paternel et surtout maternel est le plus fort de tous, c'est que les enfants cotitent à leu11s parents, et parti.culièrement à leur mère, des peines infinies, plléoc{)upations, soucis, larmes ...

Plus nous éprouvons de douleur par le fait d'une passion, plus nous la défendons avec ardeur, même au prix de la vie.

Jamais le sang vers'é par les martyrs n'a empêché la doctrine qu'ils professajent de se répandre et de conquérir l-es cœurs.

Au contraire, les attachements qui ne nous font connaitre que facilités et plaisirs, qui n'exigent de nous ni dévouement ni sacrifice, pénè­ trent beauèo).lp moins dans le fond de notre être, nous les aban­ donnons plus facilement.

En somme, il s'agit là d'un raisonnement presque logique : nous tenons davantage à ce que nous avons pavé le plus cher.

Il en est de même à l'égard du patriotisme.

Une terre âpre, de sol rude, de culture difficile, retient ardemment ses fils; les Bre­ tons, les habitants des pays de monta.gnes sont profondément atta­ chés à ces rochers sauvages où la vie est du:re.

Plus encore, les nations persécutées, pour lesquelles on souffr·e, pour lesquelles on meurt, inspirent des passions sans bornes.

Rappelons seulement l'héroïsme des Polonais, des Irlandais, des Alsaciens-Lorrains qui ont supporté les pires suppHces pour rester fidèles .à leur patrie, dont on voulait les arracher, pour maintenir la langue nationale qu'on v-oulait supprimer.

Les enfants eux-mêmes, comme on a vu en Posnanie, avant la guerre de 1914, s'offraient au martyre plutôt que· de ne pas faire leurs prière en polonais·! Les peuples des Bal­ kans, sous le joug des Tnrcs, ont donné d'es exemples analogues.

C'est aussi ce qui.

se pass·e de nos jours, dans 1 'Inde.

Cette indé­ fectible fidélité à 1 'égard des pays malheureux amène forcément des transformations politiques.

La question des nationalités, au XIX 6 siècle, est née de là.

C'est dans les nations• persécutées qu'ont éclaté Ies plus fortes revendications, car c'était en elles.

que l'idée de patrie était le plus enracinée.

Ainsi, nous retrouvons à la base de tous les événements, de tous les faits, les sentiments de l'âme qui sont, eux, la plus grande des réalités.

Cet attachement à la patrie malheureuse, né du cœur, a bouleversé toute l'Europe moderne.. »

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