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CHATEAUBRIAND : René

Publié le 27/03/2013

Extrait du document

chateaubriand

En écrivant René, Chateaubriand n'imagine pas à quel point son personnage influencera la jeunesse et la littérature. Selon Théophile Gautier, Chateaubriand « invente la mélancolie et la passion moderne «. Le mal de René devient « le mal du siècle «. On le retrouve chez les poètes romantiques et chez Baudelaire.

chateaubriand

« « Timide et cont raint devant mo n père, je ne trouvais l'aise et le contentement qu'auprès de ma sœur Amélie ...

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EXTRAITS René vit loin des hommes, chez les Natchez Le 21 de ce mois, que les Sauvages appellent la lune des fleurs, René se rendit à la cabane de Chactas.

ll donna le bras au Sachem, et le conduisit sous un sassafras, au bord du Meschacebé.

Le P.

Souël ne tarda pas à arriver au rendez­ vous.

L'aurore se levait : à quelque dis­ tance dans la plaine, on apercevait le vil­ lage des Natchez, avec son bocage de mû­ riers, et ses cabanes qui ressemblent à des ruches d'abeilles.

La colonie française et le fort Rosalie se mon­ traient sur la droite, au bord du fleuve.

Des tentes, des maisons à moitié bâties, des for­ teresses commencées , des défrichements cou­ verts de Nègres, des groupes de Blancs et d' Indiens présentaient dans ce petit espace le contraste des mœurs sociales et des mœurs sauvages.

Vers l'Orient, au fond de la pers­ pective, le soleil commençait à paraître entre les sommets brisés des Appalaches, qui se dessinaient comme des caractères d'azur dans les hauteurs dorées du ciel ; à l'Occident, le Meschacebé roulait ses ondes dans un silence magnifique, et formait la bordure du tableau avec une inconcevable grandeur.

Sensations nées des promenades Mais comment exprimer cette foule de sen­ sations fugitives que j'éprouvais dans mes promenades ? Les sons que rendent les pas­ sions dans le vide d'un cœur solitaire , res­ semblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d'un dé- sert : on en jouit, mais on ne peut pas les peindre.

L'automne me surprit au milieu de ces in­ certitudes : j'entrai avec ravissement dans les mois des tempêtes.

Tantôt j'aurais voulu être un de ces guerriers errant au milieu des vents, des nuages et des fantômes ; tantôt j'enviais jusqu'au sort du péitre que je voyais réchauffer ses mains à l'humble feu de broussailles qu'il avait allumé au coin d 'un bois.

J'écoutais ses chants mélanco­ liques , qui me rappelaient que dans tout pays, le chant naturel del' homme est triste, lors même qu'il exprime le bonheur.

Notre cœur est un intrument incomplet, une lyre où il manque des cordes, et où nous sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs.

Le père Souël sermonne René Rien, dit-il au frère d'Amélie, rien ne mérite, dans cette histoire, la pitié qu'on vous montre ici.

Je vois un jeune homme entêté de chimères , à qui tout déplaît et qui s'est soustrait aux charges de la société pour se livrer à d'inutiles rêveries.

On n'est point, monsieur , un homme supérieur parce qu'on aperçoit le monde sous un jour odieux.

On ne hait les hommes et la vie, que faute de voir assez loin.

Étendez un peu plus votre regard, et vous serez bientôt convaincu que tous ces maux dont vous vous plaignez sont de purs néants .

Mais quelle honte de ne pouvoir songer au seul malheur réel de votre vie, sans être forcé de rougir ! Toute la pureté, toute la vertu, toute la religion, toutes les couronnes d'une sainte rendent à peine tolérable la seule idée de vos chagrins.

«J'e rrais s an s cesse autour du monastère, bâti au bord de la m er.

J'apercevais souvent à une petite fe n être ( •• • ) une re ligie use assise dan s un e attit ude pensive ...

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NO TES DE L'ÉDITEUR «Si René n'existait pas, je ne l'écrirais plus; s'il m'était possible de le détruire, je le détruirais.

Il a infesté l'esprit d'une partie de la jeunesse, effet que je n'avais pu prévoir, car j'avais au contraire voulu le corriger.

Dans René, j'avais exposé une infirmité de mon siècle; mais c'est une folie aux autres romanciers d'avoir voulu rendre universelles les afflictions en « J'ai lu René et j'ai frémi.

Je ne sais si tout le monde a reconnu dans ce personnage un de ses traits : pour moi, je m'y suis reconnu tout entier .

»Sainte-Beuve .

Quelques dates 1801 : Chateaubriand achève Le Génie du christianisme.

1805 : Détachement du chapitre sur le « vague des passions » pour en faire René.

1848 : Chateaubriand meurt à l'âge de quatre-vingts ans.

dehors de tout exprimées dans René.» Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe.

1 Sipa-lcono 2, 3 gravures de Choffar d d'après Garni er, B .N.

/coll.

Vio llet 4.

5 gravures de Le Barbi e r, B.N.

/coll.

Viollet « René est bien le poème d'une génération de ruines, écrit au lendemain d'une révolution quand le sentiment de l'existence se confond avec le désespoir de vivre et l'effritement des choses.» Maurice Regard.

CHATE AUBRIAN D 03. »

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