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Les Châtiments de Victor HUGO

Publié le 22/02/2012

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Les Châtiments sont la première oeuvre en vers de Victor Hugo pour laquelle il ait élaboré un plan : ce recueil est en effet divisé en parties qui déterminent un ordre symbolique, différent de l'ordre chronologique dans lequel les poèmes ont été écrits. En ordonnant ces poèmes dans une véritable construction où ils trouvent un supplément de sens, le poète a voulu donner le maximum d'efficacité à cette oeuvre de combat. Le plan général Hugo a assigné trois objectifs à l'organisation de son recueil : combattre le mensonge sur lequel repose le régime de Louis-Napoléon ; communiquer au lecteur sa foi dans le progrès, en annonçant l'avènement de la liberté ; infliger au tyran la punition qu'il mérite. Le rôle des titres. Les six premiers livres ont chacun pour titre une phrase courte et d'allure triomphale, qui reprend ironiquement l'une des proclamations officielles par lesquelles Louis-Napoléon a justifié son coup d'État : «L'ordre est rétabli», «La famille est restaurée», «La religion est glorifiée», etc. ; chaque affirmation est ensuite brutalement démentie par les poèmes qu'elle sert à regrouper.


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« Placés entre «Nox», la nuit du coup d'État, et «Lux», l'avenir républicain dont le poète prophétise la venue, les septlivres décrivent, selon une progression en spirale, le retour périodique des mêmes thèmes, mimant les sept tours quefit Josué autour de la ville de Jéricho en sonnant de la trompe, dans l'attente que ses murailles tombent,conformément à la promesse de Yahvé (VII, 1).«Nox», l'ouverture du recueil, résume tous les thèmes de l'oeuvre : le coup d'État et les massacres qui suivirent (1et 11) ; l'utilisation par Napoléon III de la gloire de son oncle (m) ; la satisfaction des nantis, auxquels le coupd'État profite (w) ; l'amoncellement des cadavres, au cimetière Montmartre (v) ; la reconnaissance par l'Église dubien-fondé du coup d'État, lors d'un Te Deum à Notre-Dame (v0 ; l'indifférence de la mer aux malheurs du temps(vii) ; le refus de la vengeance (vin) ; l'appel à la « Muse Indignation », inspiratrice des satiristes (lx).Livre I : «La société est sauvée».

Ce livre s'ouvre sur une chanson annonçant la chute du tyran (1) et s'achève parune prosopopée* des valeurs (15) : celles-ci accusent le coup d'État de les avoir tuées.

Entre les deux, Hugo faitalterner — parfois dans le même poème — dénonciation des criminels (2, 3, 5, 6, 7, 12, 14) et évocation desvictimes (4, 5, 8, 12, 13, 15).

L'Empereur dort paisiblement, le régime a trouvé ses hypocrites soutiens: LouisVeuillot, représentant du clergé, tout prêt à chanter un Te Deum pour célébrer la victoire d'une armée suréquipéesur un peuple désarmé auquel le poète oppose la figure «À un martyr » consacré au vrai prêtre résistant.Cependant, le poète se prépare (1, 11), porte-voix d'un peuple qui « chante » « comme le lion rugit » (9, 10), lebagne de « Toulon » (2) recevra l'infamie de Napoléon III, comme son port connut la gloire de son oncle.Livre II: «L'ordre est rétabli».

Ce livre est le plus bref de tous, avec sept poèmes.

Il a pour centre le troisièmepoème, qui évoque la répression du 4 décembre 1851 à travers la mort d'un enfant.

Ce poème est précédé par unechanson, «Idylles » (1), qui oppose les réjouissances des représentants de l'ordre aux gémissement des déshérités,et par une ode «Au peuple » (2) qui, assimilant ce dernier au Lazare mort de l'Évangile, tente de l'éveiller parl'évocation de la tyrannie.

Ému par le «Souvenir de la nuit du 4 » (3), le poète en appelle à la conscience de lanature toute entière (4), puis affirme son adhésion totale à la condition d'exilé (5).

Après avoir rappelé la fuite de Dupin, président del'Assemblée législative, devant les baïonnettes de la troupe (6), Hugo oppose l'héroïsme des soldats de Napoléon Ierà la lâcheté de l'armée de 1851, qui tira sur la foule (7). Livre III : «La famille est restaurée».

Ce livre est centré sur la figure de Napoléon III, auquel sont consacrés neuf poèmes sur seize : contrairement à ce que l'Empereur prétend, il n'est que le «perroquet» de Napoléon et fait tache parmi les Césars antiques (1) ; la «restauration» de la «famille» impériale n'est ainsi qu'une pitoyable singeriC3et 5), à tel point que personne ne prend Louis-Napoléon au sérieux (6 et 12).

Le poète se charge de le traitercomme il le mérite : en le stigmatisant à jamais par ses vers accusateurs (2) ; en affirmant bien haut son absencede légitimité (4) ; en montrant que ce noceur (10) ne mérite même pas d'être puni de mort (15 et 16).

Les septautres poèmes évoquent les courtisans de l'Empereur, d'une part, le peuple, d'autre part.

Les courtisans, loin devaloir les protagonistes de Premier Empire (5) sont avides de jouissances et sans pitié (8, 9 et 13).

Le peuple,opposé aux bourgeois, qui s'accommodent de la dictature du fait qu'elle les enrichit (7), est accablé par la pauvreté(9 et 10) et la répression (11) ; il a été privé d'un bien essentiel : sa souveraineté politique (14). Livre IV: «La religion est glorifiée».

Hugo développe ici l'opposition entre vrais croyants et faux dévots.

Les premiers sont à l'image du poète, dont le rôle est « d'avertir et de rester pensif » (2), de défendre « la charte populaire et l'oeuvre évangélique » (6) ; ils reconnaissent à Dieu seul le droit de juger l'Empereur (1).

Ceux-là seuls «vivent», parce qu'ils luttent (9), comme les « Quatre prisonniers » (12), les deux fils du poète et leurs amis, arrêtés pour s'être élevés contre la peine de mort, ou comme ceux qui résistèrent, en 1830, et doivent servir d'exemple aupeuple de 1851 (11).

À l'inverse, les juges des « Commissions mixtes » (3), les cléricaux, leur porte-drapeau Veuillotanimant le journal L'Univers (4, '7), Saint Arnaud rétablissant l'ordre papal à Rome (5), et les esprits forts comme Dupin, toujours prêts néanmoins à se rallier à l'ordre noir (8), les proches du pouvoir définitivement insensibles aubien et à l'honneur (10) sont démasqués.

Le festin grotesque qui clôt le livre renvoie au premier poème qui réservaitNapoléon-Caïn à Dieu en annonçant qu' «Arrive l'avenir; le gendarme de Dieu ! ». Livre V: « L'autorité est sacrée ».

Le livre s'ouvre par deux chansons qui font du diable le responsable de l'Empire (2) et des bandits ses principaux bénéficiaires (1).

Dès lors, les abeilles du «Manteau impérial » (3) sont invitées à lavengeance.

Dans « Tout s'en va» (4), les fondements de l'autorité vraie sont détruits les uns après les autres.

Lespoèmes suivants annoncent le réveil du peuple, l'insurrection (5, 6), qui chassera « Les grands corps de l'État» àcoups de bâton (7).

Puis Hugo revient sur le sort des victimes (9, 11), refuse à un coupable une trop tardive etfacile défection (10).

« La Peine se met en marche » (12), elle passera par « L'Expiation » finale (13), car « le Progrès [...] ne sait pas ce que c'est que de verser le sang.

» (8). Livre VI: «La stabilité est assurée».

Après «L'Expiation », qui a révélé la parenté entre Napoléon III et son modèle (1) peuvent commencer à apparaître des images de l'avenir.

C'est d'abord l'océan qui déclare : ‹, paraissez, vérités sublimes ! Et bleus horizons » (4), raison pour laquelle «Jersey rit, terre libre, au sein des sombres mers » (5).

Telle la lune, l'Idée porteuse d'avenir brille dans les ténèbres (7) et promet le réveil «À ceux qui dorment» (6).Elle préfigure « Stella » (15), la venue de l'étoile Vénus, l'amour enfin retrouvé pour le poète.

Celui-ci, un instantguetté par la nostalgie dans «Floréal » (14), réassure sa position de lutteur (12), sûr que le peuple, océan, lion, selèvera comme la marée (9).

Le livre s'achève par une nouvelle affirmation de foi en l'avenir : plus la France s'abaisseaujourd'hui, plus elle sera grande demain. Livre VIL «Les sauveurs se sauveront».

Le dernier livre s'ouvre sur la chute des murs de Jéricho, signe avant-. »

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