La Chronique de Frédégaire

« lieu, elle reprend le Lib erG en e ra­ tionis d'Hypolite auquel suc cè­ dent des extraits des chro­ niques d'Isidore de Séville , de Jérôme et d'Hydatius.

Cet ensemble constitue une sorte de manuel de référence par lequel débutent nombre d'ou­ vrages du Moyen Age.

Vient ensuite un résumé des livres 1 à IV de L..:Histoire des Francs de Gré­ goire de Tours.

Puis débute enfin le travail du pseudo-Fré­ dégaire .

Le procédé d'inclure à la rédaction d'un ouvrage une compilation de textes anté­ rieurs est alors tout à fait cou­ rant.

L..:historien , en ces temps reculés, s'appuie sur les travaux de ses prédécesseurs qu 'il com­ plète et dont il propose une nouvelle analyse.

Le corps même de la Chroniqu e de Fréd é gai­ re reprend tout naturellement cette méthode de travail.

Des auteurs mystérieux Il est aujourd'hui possible d'af­ firmer que la Chronique de Fré d é­ gaire a été composée par plu­ sieurs rédacteurs successifs .

Ceux-ci l' ont tour à tour enrichie des événements dont ils étaient les quasi-contempo­ rains.

La rédaction de la Chro­ niqu e a été entamée par deux auteurs , l'un et l'autre Bur­ gondes.

Le premier rédacteur a rédigé la section qui couvre les années 604 à 613 .

Le second a poursuivi le travail entamé en y ajoutant des notes éparses relatives aux années 614 à 624.

Concernant la période qui court de 625 à 642, sa chronique prend une tournure plus syn­ thétique supposant une rédac­ tion plus élaborée.

La finesse des détails qu'il apporte donne à croire qu'il évoluait à la Cour et a eu l'occasion « d'intervie­ wer » des administrateurs du royaume ou des ambassadeurs de retour de mission.

C'est à ce second rédacteur qu ' on doit l 'addition des Livres 1 à IV de t...:Histoir e d es Francs de Grégoire de Tours ainsi que l'écriture de la préface.

Malheureusement, son ceuvre a été brutalement interrompue par la mort, vers 660 ; elle constitue néanmoins la principale contribution à la Chronique de Fréd égair e.

La Chronique a ensuite été repri­ se et complétée par un auteur austrasien.

Celui-ci a rendu compte d'événements se déroulant entre 642 et 736.

Il a également intégré au corps de l'ouvrage le Liber Historia e Franco­ rum , chronique rédigée à Saint­ Denis ou à Rouen , un tex te qu 'il a quelque peu modifié .

Les centres d'intérêt de ce troisiè­ me rédacteur se focalisent tout particulièrement sur l'histoire du royaume septentrional.

DU MYTHE DE L'AUTEUR UNIQUE A LA CRITIQUE MODERNE !.:analyse historique de la Chronique de Frédégaire est passée par plusieurs étapes qui marquent l 'évolution d'une histoire empreinte des mythes et des fantasmes de son époque à une science historique fondée sur la critique objective.

Au x1x · siècle, sans aucune preuve à l'appui, on acceptait le fait que la Chronique soit l'œuvre d'un auteur unique et mythique, prédécesseur des historiens d'alors et témoignant déjà du génie national français.

C'est à un critique allemand, Bruno Krusch, que l'on doit la première remise en cause de cette hypothèse.

S'appuyant sur une analyse du style et des sujets retenus, Krusch a conclu, dans un article paru en 1888, à l'existence de trois auteurs distincts.

Le débat s'est dès lors engagé, sur la base d'une étude scientifique recoupant les informations disponibles, bien éloignée des croyances simplistes des siècles passés.

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Une quatrième période de rédaction court de 751 à 768 , sous la direction du comte aus­ trasien Childebrant puis de son fils Nibelung .

Le texte prend alors une tournure plus familia­ le, relatant les hauts faits de ce notable et des siens, et adop­ tant, comme il se doit, un point de vue pour le moins louan­ geur .

On présume que les copistes qui ont repris le texte de la Chroniqu e sous le règne des Carolingiens n'ont pas modifié le contenu .

Aussi , malgré les diverses retouches dont elle a pu faire l'objet , la Chronique de Frédégaire, ceuvre écrite à plu­ sieurs mains pendant plus d'un siècle, constitue un témoignage exceptionnel sur les temps mérovingiens .. »