Cinna
Publié le 10/04/2013
Extrait du document
«
EXTRAITS -------~
« Oui, j'accorde qu' Auguste a droit de conserver/ L'empire où sa vertu l'a fait seule arriver.»
Les tergiversations d' Auguste
AUGUSTE
Quoi ! tu veux qu'on t'épargne, et n'as rien épargné !
Songe aux fleuves de sang où ton bras s'est baigné,
De combien ont rougi les champs de Macédoine,
Combien en a versé la défaite d'Antoine,
Combien celle de Sexte, et revois tout
d'un temps
Pérouse au sien noyée,
et tous ses habitants ;
Remets dans ton esprit, après tant de carnages
De tes proscriptions les sanglantes images,
Où toi-même, des tiens devenu le bourreau,
Au sein de ton tuteur enfonças le couteau :
Et puis ose accuser le destin d'injustice,
Quand tu vois que les tiens s'arment
pour ton supplice,
Et que, par ton exemple à ta perte guidés,
Ils violent des droits que tu
n'as pas gardés !
Acte IV, scène 2
«Mais ce qu'on ne pourrait jamais s'imaginer,/ Cinna tu t'en souviens et veux
m 'assassiner.»
Le pardon
CINNA
Seigneur, que vous dirai-je après que nos offenses
Au lieu de châtiments trouvent des récompenses ?
Ô vertu sans exemple ! ô clémence qui rend
Votre pouvoir plus juste, et mon crime plus grand !
AUGUSTE
Cesse d'en retarder un oubli magnanime,
Et tous deux avec moi faites grâce à Maxime :
Il nous a trahis
tous; mais ce qu'il a commis
Vous conserve innocents
et me rend mes amis.
(A Maxime.)
Reprends auprès de moi ta place accoutumée ;
Rentre dans ton crédit et dans ta renommée ;
Qu' Euphorbe de tous trois ait sa grâce à son tour ;
Et que demain l'hymen couronne leur amour.
Si tu l'aimes encor, ce sera ton supplice.
MAXIME
Je n'en murmure point, il a trop de justice ;
Et je suis plus confus, Seigneur, de vos bontés
Que
je ne suis jaloux du bien que vous m'ôtez.
CINNA
Souffrez que ma vertu dans mon cœur rappelée
Vous consacre une
foi lâchement violée,
Mais si ferme
à présent, si loin de chanceler
Que la chute du ciel ne pourrait l'ébranler.
Puisse
le grand moteur des belles destinées,
Pour prolonger vos jours, retrancher nos années,
Et moi, par un bonheur dont chacun soit jaloux,
Perdre
pour vous cent fois ce que je tiens de vous.
Acte V, scène 3
NOTES DE L'ÉDITEUR
Dans Cinna, Corneille semble prôner le
respect du pouvoir établi ; il essaie de
définir une monarchie juste qui satisfasse
autant le souverain que ses sujets, puisque
tous deux sont poussés à la conversion à la
fin de la pièce.
d'actualité.
En outre, le ton est
nouveau;
Auguste ne pardonne pas par
machiavélisme politique mais poussé par
une générosité supérieure qui engage la
suite de
l' œuvre de Corneille.
morceaux
su
blimes; elle est régulière, c'en
est bien assez.
» Voltaire, Lettre à Duclos
du 25 décembre 1761.
« Retenons du dénouement de Cinna que,
dans la conception cornélienne, l'ambition
du moi
n'est pas réprouvée dans son
principe.
Elle s'épure, se détache des
intérêts palpables, prend la forme
d'une
affirmation idéale de dignité ou de
supériorité ; elle est sublimée et non
réprimée.» Paul Bénichou, Morales du
Grand Siècle, 1948.
Malgré
une psychologie parfois incohérente,
de longs discours, qui nous font dire que la
pièce vieillit mal,
Cinna reste une des
œuvres maîtresses de Corneille.
En elle, on
reconnaît le besoin
d'un vrai dépassement,
constant dans le théâtre cornélien, toujours
1 Roger -Viollet 2.
3.
4 lith ograph ies de G.
Rohner.
Paris.
Club du Livre
« Il peint les Romains ; ils sont plus grands
et plus romains dans ses vers que dans
leur histoire.
»La Bruyère, Caractères,
chapitre XII, 1691.
« Il regarde Cinna comme un chef-d ' œuvre,
quoiqu'il ne soit pas de ce tragique qui
transporte
l'âme et qui la déchire ; il
l 'occupe , il l
'élève.
La pièce a des
CORNEILLE 05.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Questionnaire Cinna
- Cinna ou la Clémence d’Auguste 1642 Pierre Corneille (analyse détaillée)
- CINNA ou La clémence d’Auguste. (résumé & analyse) de Pierre Corneille
- CINNA de Corneille (résumé & analyse)
- CINNA OU LA CLÉMENCE D'AUGUSTE Pierre Corneille. Tragédie (résumé & analyse)