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Si le classicisme impose des contraintes en littérature, c'est parce qu'elles sont bénéfiques, aussi bien à l'auteur qu'au lecteur.

Publié le 18/09/2010

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Le classicisme est un courant artistique (littérature et art principalement) qui est apparu durant la seconde moitié du 17è siècle. Il se caractérise notamment par la formation de l’honnête homme, qui doit se gardé de choquer par son comportement agressif ou même sa mauvaise humeur, il doit aussi se distinguer par la maîtrise de soi, l'éclat de sa conversation et la finesse de sa culture, il saura sans hypocrisie s'adapter à la société mondaine, puisque son sens de la mesure lui fera connaître et accepter les faiblesses humaines. Ces règles et codes de la vie sociale de l’époque furent adaptés en littérature par Boileau avec son œuvre : L’art poétique. Ces règles imposent donc des contraintes aux auteurs que ça soit dans l’écriture de romans comme La Princesse de Clèves (Mme De Lafayette), dans la composition de poésies ou de fables comme Le Chêne et le Roseau (La Fontaine), ou bien l’écriture de pièces de théâtres tel que Les fourberies de Scapin (Molière) ou Cinna (Corneille). Les contraintes alors imposées aux auteurs permettent au personnage principal de devenir un être exceptionnel pour son temps. Pour commencer nous pouvons illustrer cette thèse avec l’exemple de Cinna, qui est amoureux d’Émilie et qui pour conserver l’amour de celle-ci doit assassiner l’empereur Auguste (qui a fait exécuter le père d’Émilie). En pleine préparation de son complot, Cinna est trahi par son allié Maxime, qui le dénonce auprès d’Auguste. Nous pouvons donc qualifier Cinna comme un héro cornélien en tout point. Le héro cornélien se définit par un personnage qui devient extraordinaire, grâce à sa capacité de sacrifice des sentiments & passions individuelles en faveur du bien-être collectif. Ensuite pour confirmer cet argument nous pouvons citer le roman d’analyse de Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves, dont l’héroïne incarne un modèle de vertu et de sacrifice de sa passion au profit de l’honneur et du respect des autres. En effet Mme de Clèves maitrise ses sentiments et ses passions pour Mr. De Nemours durant la totalité de l’œuvre. Même après la mort de son Mari (Mr. De Clèves), celle-ci plutôt que de pouvoir enfin vivre son amour avec Mr. De Nemours au grand jour, préfère se retirer dans la campagne et finir seule, par respect pour son défunt mari. Nous avons dans cette œuvre à cheval entre le roman classique et le roman d’analyse, une héroïne vertueuse qui sacrifie ses espoirs et ses envies au profit du respect des normes de l’époque. En plus du roman de Mme. De Lafayette pour illustrer la thèse des contraintes imposées par le classicisme nous avons aussi les fables de La Fontaine, notamment Le Chêne et le Roseau. Cette fable nous raconte l’histoire d’un chêne qui se vantait dans la démesure d’être invincible par rapport à un roseau. Le roseau resta insensible à ces provocations. Puis le destin voulu que le roseau vaincu le chêne lors d’une tempête. La morale de cette fable vise à dire que ce n’est pas forcément le plus fort et le plus vaniteux qui l’emporte. Cette comparaison entre un roseau et un chêne, vise, une fois le renversement de situation effectué à grandir et assainir le roseau de qualités telles que l’agilité, la patience, l’intelligence et la vertu. Ce « personnage « prend donc une tournure exceptionnelle dans cet apologue divertissant. Enfin pour terminer les exemples qui permettent de confirmer l’argument principal nous citerons l’œuvre théâtrale de Molière, Les fourberies de Scapin. Le personnage principal et qui dans cette pièce est extraordinaire est un serviteur du nom de Scapin. C’est un personnage habile, rusé, intelligent, compréhensif et tolérant. En effet celui-ci brave les traditions, et les préjugés de ses maitres, afin d’aider ceux qui en ont besoin. Et il y parvient notamment en usant de fin stratagèmes. Puisqu’il réussit en même temps à obtenir d’Argante « l’acceptation « du mariage de Hyacinte & d’Octave (son fils) et à lui soutirer de l’argent afin de payer une partie de la rançon pour Zerbinette (qui est la femme de Léandre, fils de Géronte), le reste de l’argent nécessaire, Scapin l’obtiendra en faisant croire à Géronte que son fils à été enlevé par des Turques. Grâce à ses « coups de génie « et sa ruse Scapin est un personnage exceptionnel. Ce sont alors dans tout ces cas de figure que les codes imposés par le classicisme permettent aux auteurs de faire de leurs héros des personnages hors du commun pour leurs temps.

En plus de rendre les personnages exceptionnels et emplit de vertu, le classicisme, en imposant ses règles (Bienséance, V actes, règle des 3 unités) dans l’art du théâtre, permet de donner aux spectateurs une émotion particulièrement dense grâces aux péripéties (tragique, pathétique ou comiques). Ces règles, notamment celle des trois unités, permettent alors au spectateur de se focalisé sur une seule histoire, une seule action, et donc de s’en « éprendre « plus intensément. De plus la composition en V actes présente un schéma bien précis dans l’organisation de l’histoire. Ces émotions plus accentuées se font ressentir dans de nombreuses pièces classiques, à commencer par Tartuffe, de Molière. Molière est un auteur qui utilise la comédie afin de faire appel au jugement moral de ses spectateurs, son but est de corriger les hommes tout en les divertissants. Dans son œuvre Tartuffe, Molière nous formule une satire sociale envers le Clergé de l’époque, en nous racontant l’histoire d’une famille qui est sous l’influence d’un dévot nommé Tartuffe. Celui-ci cherche à voler la femme d’Orgon et à lui soutirer sa fortune. Mais l’intervention de Dorine (la servante) qui a démantelée le stratagème de Tartuffe, va permettre à Orgon d’ouvrir les yeux au sujet de celui-ci et de le mettre « hors d’état de nuire «. Cette pièce est riche en émotion, notamment au niveau comique, puisque celle-ci mélange à la fois le comique de geste et le comique de caractère (en montrant l’hypocrisie humaine, et en utilisant le « franc parlé « de Dorine qui n’est qu’une servante). En plus de Tartuffe, Le Bourgeois gentilhomme, est une autre pièce écrite par Molière qui relève de la satire sociale envers les gentilshommes. Dans cette œuvre Molière vise les bourgeois qui désirent accéder au statut de noble. Cette histoire nous conte les défauts de Mr. Jourdain, un riche marchand (qui a fait fortune dans le textile et la draperie). Celui-ci se couvre de ridicule de part ses apprentissages « vides «, en effet Mr. Jourdain souhaite apprendre la philosophie, la danse, l’art de manier l’épée ou même l’art de parler en prose. Or celui-ci n’est entouré que de charlatans qui ne cherchent qu’à lui soutirer un peu de sa fortune. Mr. Jourdain est un personnage qui est naïf et trop ambitieux (dans sa volonté de mobilité sociale), il se laisse facilement berner. En effet au cours de l’histoire, celui-ci se laisse convaincre qu’il peut devenir noble Turque. Cela aura pour conséquence de permettre le mariage (auparavant interdit par Mr. Jourdain lui-même) de sa fille à Cléonte (qui se fait passé pour le fils du noble turque qui aurait anobli Mr. Jourdain). Cette pièce se réfère principalement à un comique de caractère (la naïveté de Mr. Jourdain, les stratagèmes ingénieux de Covielle, le serviteur) et un comique de situation (par exemple, lorsque Mr. Jourdain courtise Mme. Dorimène alors que sa femme se trouve juste derrière lui). Molière vise ici directement les bourgeois en quête d’ascension sociale et de reconnaissance. En somme grâce aux différents comiques mis en œuvre dans ses différentes pièces, Molière parvient à faire en sorte que les spectateurs s’attachent aux personnages (qui défendent des causes justes & nobles) et à faire en sorte que l’émotion soit à son paroxysme une fois que les dénouements de ses récits s’achèvent dans une fin heureuse et juste. Après avoir vu les émotions (rire, joie, compassion, etc…) qui se dégagent du comique des pièces de Molière, nous allons aborder les émotions qui se rapportent aux pièces tragi-pathétiques. D’une part la pièce, Phèdre, de Racine, qui est une tragédie (un des principaux genres du classicisme français). Racine replace la majorité de ses œuvres dans la Grèce Antique. Ses personnages ont la particularité de posséder des vertus classiques mais les payeront au prix de leur vie, puisque le destin l’emportera sur eux. Dans Phèdre, Racine retrace l’histoire de Phèdre qui est l’épouse du roi Thésée, qui a déjà un fils d’un premier mariage, un jeune homme nommé Hippolyte. Phèdre est aussi une descendante du dieu Soleil, qui est en conflit avec la déesse Vénus parce qu’il a osé éclairer de sa lumière les amours coupables de Vénus et de son frère Mars (Arès, Dieu de la guerre). Vénus (ou Aphrodite, déesse de la beauté et de l’amour) a donc décidé de maudire la descendance du soleil. Elle inflige donc un amour coupable à Phèdre pour le fils de son mari, Hippolyte. Elle est donc à la fois adultère et incestueuse (De plus Hippolyte ne répond pas à ses avances, ce qui précipitera la tragédie). En conséquence le personnage de Phèdre est l’un des plus remarquables des tragédies de Racine. Elle est à la fois coupable du malheur des autres et victime de ses pulsions. L’œuvre de Racine s’inscrit dans le registre tragique par le caractère de Phèdre à inspirer terreur mais aussi pitié, puisqu’accablée par le poids de l’hérédité qui la condamne dès l’acte I. Phèdre est donc une héroïne ‘’racinienne ’’ puisqu’elle ne maîtrise rien, surtout pas sa propre passion. C’est une victime-née, qui attend la mort inéluctable dans la souffrance et l’angoisse. D’autre part la pièce, Horace, de Corneille relate l’histoire des Horaces et des Curiaces, deux familles amies et reliées par les liens du mariage, qui sont contraintes par leurs patries respectives en guerre (Rome pour les Horaces, Albe pour les Curiaces) à s’entretuer jusqu’au dernier survivant. Puisque les deux villes veulent éviter un massacre général et préfèrent régler leurs différents par l’intermédiaire de l’affrontement de leurs champions respectifs. Lors de l’affrontement le peuple est ému de voir ces six jeunes gens, pourtant étroitement liés, combattre pour l’honneur et la victoire de leur patrie. Mais le destin en a décidé ainsi. Lors du combat, deux Horaces sont rapidement tués et le dernier (héros de la pièce) doit donc affronter seul les trois Curiaces blessés; mêlant la ruse et l'audace, en faisant d'abord semblant de fuir pour éviter de les affronter ensemble puis en les attaquant, il va pourtant les tuer un par un et remporter ainsi ce combat. Après avoir reçu les félicitations de tout Rome, Horace tue sa sœur qui lui reprochait le meurtre de son bien-aimé (un des Curiaces). Le procès qui suit donne lieu à un vibrant plaidoyer du vieil Horace, qui défend l'honneur (valeur très chère à Corneille) et donc Horace contre la passion amoureuse représentée par Camille. Dans cette œuvre Corneille met en avant la vertu et le combat pour l’honneur de la patrie et de la famille, au dépend des sentiments amoureux et fraternels. Ce qui fait donc d’Horace un héro Cornélien. Cette pièce procure aux spectateurs des émotions intenses telles que suspense, hésitation, stress, compassion et la peur.

Après avoir abordé le thème de l’émotion accrue au théâtre, nous allons démontrer que la façon dont le texte est travaillé par l’auteur, joue beaucoup sur le plaisir du lecteur lors de sa lecture. Pour commencer nous allons employer l’exemple des fables de La Fontaine qui l’on rendu célèbre notamment grâce à son don pour manier l’art du récit, en insérant des dialogues, des détails du décor, des portraits psychologiques et en travaillant minutieusement l’argumentation pour arriver à une moral compréhensible de tous. Par exemple la fable, Le rat qui s’est retiré du monde, est une critique implicite faite envers les religieux (riches mais avares & égoïstes), ainsi qu’une critique visant à dénoncé la Guerre contre la Hollande. Cette fable mélange humour, et critique de la société. En variant ses procédés à l’infini, par exemple, en comparant les religieux à des rats, en utilisant des champs lexicaux variés (Guerre, Religieux, Politique), en employant l’ironie dans sa morale, en usant de personnifications tel que « Les députés du peuple rat «, en se servant des jeux de sonorités, jouant avec le double sens de certains mots et l’utilisation du bestiaire pour rabaisser les personnages sociaux (politiciens & Religieux) représentés (registre Burlesque), La Fontaine fait de cette fable un récit plaisant aux yeux du lecteur. Ensuite la fable Les deux coqs, joue sur l’ironie du sort, laquelle favorise le perdant qui est un personnage honnête et classique. Cette fable est un apologue (court récit plaisant se terminant par une morale) qui se distingue et divertit grâce à ses allusions mythologiques à la guerre de Troie (« Amour, tu perdis Troie « ; « du sang des Dieux « ; « Le Xanthe « ; « Plus d’une Hélène «), ainsi qu’à son registre épique (Champs lexical du combat, de la défaite & la victoire) et parodique (Parodie de la guerre de Troie, et Comique Burlesque avec comparaison des personnages antique à des animaux). Enfin la moral de cette fable dispose d’un charme due à la parodie de grandes œuvres tel que l’Iliade qui mêle les registre tragiques et épiques, le tragique étant ici remplacé par un registre comique visant à séduire. Avant de chercher à convaincre son lecteur avec sa Morale La Fontaine est conscient que pour persuader il faut déjà commencer par plaire. Nous pouvons aussi noter la fable de La Cigale et la Fourmi, qui diverti par son retournement de situation, où à la fin, la fourmi récolte les fruits de sa « fainéantise « et où la cigale en ayant un comportement classique s’en sort mieux que sa camarade. De plus cette fable est composée en vers de 7 syllabes, rendant sa lecture, simple et rapide, cette fable paraît tellement accessible qu’elle en devient plaisante aux yeux du lecteur. Par la suite Les Portraits de La Bruyère sont divertissant pour les lecteurs grâce au travail de l’auteur sur ses textes et les personnages qu’il critique. Il écrivit ces portraits grâce à ses observations des personnages de la cours du roi Louis XIV. En effet chacun de ces portraits vise à critiquer un personnage bien précis de la cour. Ces portraits furent très appréciés à la cour du roi, puisqu’en les lisant les membres de la cour recherchaient quel courtisant pouvais bien être critiqué dans chacun de ces texte. En plus de susciter la curiosité à son époque et de former l’honnête homme, aujourd’hui ces « portrait-critiques « restent tout aussi divertissants grâce à différents procédés. Notamment dans le portrait d’Acis, où La Bruyère forme ici un portrait original sous forme de dialogue entre le narrateur et Acis (grâce à la situation d’énonciation « je, vous «). Dans ce portrait l’auteur cherche à dénoncer les courtisans qui parlent, et font de longues phrases pour ne rien dire (pédanterie). La Bruyère rabaisse Acis en usant de nombreux injonctifs tel que « Dites, que ne disiez-vous, ne songez point, n’en ayez point, ayez «. En critiquant Acis, l’auteur cherche en même temps à former l’honnête homme avec sa morale universelle : « Ne songez point à avoir de l’esprit, n’en ayez point, c’est votre rôle ; ayez, si vous pouvez, un langage simple, et tel que l’ont ceux en qui vous ne trouvez aucun esprit : peut-être alors croira-t-on que vous en avez «. Ce portrait est un dialogue qui est parfaitement adapté à son sujet, qui est la critique des discours pédants. En jouant le pédagogue et le moraliste sans paraître trop lourd, et en alternant les questions et les affirmations, La Bruyère parvient à donner une impeccable leçon de Morale. Enfin le portrait de Gnathon, représente ici un homme goinfre, égocentrique et mal poli. Le but de ce portrait est de distraire le lecteur, tout en le dégoutant de la gloutonnerie (ou Gourmandise). En employant de nombreux champs lexicaux (Luxe, Nourriture, Dégoût, Animal), en usant de beaucoup de ponctuation et en comparant Gnathon à un animal (« la table est pour lui un râtelier «), en se servant de redondances (« malpropretés dégoûtantes «) La bruyère parvient à impressionner le lecteur en rendant son personnage excessif, odieux et insupportable, et à faire de Gnathon un personnage anti classique. 

En conclusion le classique est un genre littéraire qui grâce à ses codifications précises permet au lecteur d’apprécier les critiques faites des hommes, car le lecteur lui-même peut s’y reconnaitre, certes pas au degré d’exagération formulé par les auteurs mais assez pour le faire rire, ou lui procurer d’autres émotions tout aussi intenses.

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