Claudio Monteverdi
Publié le 22/02/2012
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dissonantes que celles de sol-si-ré-fa ou même de sol-si-ré-fa-la, car on rencontre l'une et l'autre, dans lesMadrigaux de cet étonnant virtuose des "frottements de seconde" les plus audacieux.
Par son intelligence supérieure, ce polyphoniste-né marque dans ses compositions, aussi expressives querationnelles, une singulière avance sur son époque : à l'égal des plus grands parmi ses émules de tous les temps, ilavait appris déjà, lui aussi, que, dans l'Oeuvre d'art quelle qu'elle soit, rien ne doit être laissé au hasard : et c'estainsi que nous devons à la scrupuleuse conscience de cet esprit exceptionnellement doué les impérissables ouvragesdramatiques qui succédèrent, plusieurs années après, aux livres de Madrigaux.
C'est à Vincent d'Indy que nous devons, dès les premières années de ce siècle, la remise en honneur des Oeuvresthéâtrales de Monteverdi : bien rares étaient ceux qui connaissaient de lui autre chose que le cliché sur la Septièmede Dominante, en janvier 1901, lorsque notre maître analysa en détail pour ses élèves de la Schola Cantorum lesextraits principaux, copiés de sa main d'après les manuscrits originaux, dans diverses bibliothèques de l'Italie, despartitions d'Orfeo, de l'Incoronazione di Poppea, d'Arianna, du Combattimento di Tancredi e Clorinda, et d'autresencore...
Ce fut lors de ces leçons que l'on conçut le projet de préparer, pour les concerts de notre École, desauditions reconstituées de ces ouvrages trop oubliés ; mais il fallut près de deux ans pour parvenir à la réalisation dece programme, car ce n'est guère qu'en 1903, d'après nos souvenirs, qu'eurent lieu les premières exécutions de laplus grande partie d'Orfeo.
Le succès fut tel qu'il fallut répéter le concert, notre salle étant trop petite, et que,l'année suivante, une autre audition eut encore lieu, mais dans la grande salle Gaveau.
Entre temps, on avait décidéla publication de ces extraits, judicieusement coordonnés, avec la traduction française du texte qu'en avait faitenotre maître.
C'est ainsi que la première partition avec paroles françaises d'Orfeo parut à la fin de 1904, à la ScholaCantorum, suivie, quelques années plus tard, de l'Incoronazione di Poppea.
Depuis lors, on parle peut-être un peumoins de cet "inventeur" de la Septième de Dominante, mais on écoute toujours avec émotion l'admirable Récit de laMessagère, l'une des plus belles pages de cet étonnant Orfeo, dont la première représentation, le 24 février 1607 àMantoue, avait soulevé des tempêtes.
Car il y avait déjà à cette époque des "Musiciens de l'Avenir", dontMonteverdi s'était fait le champion, en professant hautement, dans ses écrits comme dans ses compositions, queles paroles doivent "commander à la mélodie", de même que c'est à celle-ci de "commander à l'harmonie".
Cetteopinion n'a point cessé d'être celle des gens de bon sens, et c'est pour cela que Vincent d'Indy a tenu à écrire lui-même la traduction du texte des partitions publiées par ses soins.
Il en existe maintenant plusieurs autres, maisl'Oeuvre considérable de Monteverdi n'est pas éditée intégralement, croyons-nous, et ne le sera sans doute jamais,car plusieurs de ses manuscrits sont irrémédiablement perdus.
La personnalité de ce musicien, qui mourut à Venise en 1643, à la fin de la même année que le roi Louis XIII, marqueune évolution profonde dans l'art dramatique musical.
L'avènement de son Orfeo, en 1607, jalonne désormais l'un deces innombrables "tournants de l'histoire" que les imaginations peuvent se représenter, à leur choix, comme unesuite des plus capricieux zigzags, ou bien comme un mouvement giratoire perpétuel..
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