Y a-t-il une cohérence de l'imaginaire ?
Publié le 27/02/2008
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Cependant nous n'avons encore donné de cohérence à l'imaginaire qu'en corrélant ce dernier à une perspective quilui est extérieure.
Ne peut-on penser une cohérence de l'imaginaire qui lui serait immanente et non plustranscendante ? III Il y a une cohérence propre à l'imaginaire _ Nous nous sommes référés à la source perceptive cohérente par elle-même pour penser la cohérence del'imaginaire.
Or c'est ce présupposé qu'il nous faut à présent critiquer dans la mesure où il impliquerait quel'imaginaire n'aurait jamais de cohérence en lui-même.
Le corrélat de cette conception est de penser l'imaginaire àpartir de la faculté reproductrice de l'imagination.
Or si l'imagina reproductrice est bien en rapport avec la perceptiondont elle combine des éléments, l'imaginaire est quant à lui absolument coupé de la perception.
Ainsi si l'on veutpenser l'imaginaire, il faut parler de l'imagination non plus reproductrice, mais créatrice.
En ce sens comme l'expliqueBachelard dans la préface à l'Air et les songes : l'imagination n'est pas la faculté de former des images, mais plutôt de déformer des images fournies par la perception; l'imaginaire devrait alors se comprendre par la libération parrapport au donné et l'écart face à toute visée perceptive._ Si l'imaginaire a une cohérence, il ne faudrait alors plus penser cette dernière comme la transposition de lacohérence perceptive.
L'imaginaire a ses propre lois qu'elle crée par elle-même.
On peut alors se référer à l'imagelittéraire qui accomplit une véritable insurrection contre le réel en reportant le lecteur à une source de cohérencecrée par le poète.
On peut penser au vers célèbre d'Eluard : « la terre est bleue comme une orange ».
Ainsi si lepoème a une fonction cosmique d'invitation au voyage, il suppose un certain ordre, une cohérence interne quipermette au lecteur d'accomplir un parcours réglé selon un ordre de marcher orienté vers un but défini.
L'imagelittéraire pour être bonne conductrice dans l'invasion est empreinte de cohérence.
Comme l'écrit Bachelard dans sapréface à la Psychanalyse du feu : les métaphores ne sont pas des idéalisations qui partent dans tous les sens, mais elles s'appellent et se coordonnent plus que les sensations »; Ainsi l'esprit poétique se caractérise par une« syntaxe des métaphores » qui démontrent une cohérence propre à l'imaginaire;_ Non seulement l'imaginaire a sa cohérence propre qui nous permet de parler de monde imaginaire, mais il peut êtreplus cohérent que le réel lui-même comme le suggère Bachelard : « plus que les sensations mêmes ».
On peut eneffet penser qu'un roman a plus ce cohérence interne que notre vie même.
Alors si la cohérence caractérisel'imaginaire, ne risque t-on pas de ne plus être capable de le distinguer du réel ? Il faut répondre de manière positive: l'imaginaire peut se confondre avec le réel dans la mesure où il nous fait lui-même accéder à une autre réalité quiest sans doute tout aussi réelle que ce que nous appelons communément le réel.
Aussi s'il faut distinguer l'imaginairedu réel, la différence ne pourra être que de degré et non de nature : c'est le degré de constance qui permettrait deles distinguer comme l'écrit Pascal dans le fragment 803 de ses Pensées en édition Lafuma : « la vie est un songe un peu moins inconstant ».
Conclusion :La cohérence n'est donc pas une propriété exclusive du réel : l'imaginaire a sa propre cohérence interne.
On peutnéanmoins les distinguer : la cohérence de l'imaginaire est une création de l'esprit qui comporte une cohérenceproblématique dans la mesure où elle n'est pas aisément perceptible quoique elle existe.
En tant que qu'elle est unecréation de l'esprit, il est logique que cette cohérence propre au roman ou aux œuvres d'art en génal satisfasse plusnotre esprit que la cohérence du réel lui-même.
En effet la cohérence du réel se constate immédiatement parcequ'elle est donnée, mais c'est justement parce qu'elle ne peut être que passivement reçue par l'esprit qu'elle luiparait plus pauvre en sens.
Si la vie est un songe bien lié, on pourrait dire que cette liaison ne satisfait pas l'hommequi se donne alors pour tâche, grâce à l'art et la philosophie, de la conquérir en la réinventant sans cesse..
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