Colette, une écriture sensuelle et colorée.

   Colette (1873-1954) est née à Saint-Sauveur, aux confins de la Bourgogne, et le souvenir de cette campagne boisée où s'éveillèrent son instinct et son âme d'enfant sera le thème d'inspiration le plus constant et le plus heureux de toute son œuvre. Ses débuts littéraires suivirent de peu son mariage avec Willy, un médiocre homme de lettres qui signa les premiers romans de sa femme, non sans les avoir corrigés pour mieux les mettre au goût du public, qui n'est pas toujours le bon goût. En tout cas la série des Claudine fut un des grands succès des années 1900. Peu après, Colette divorce, fait du music-hall pour vivre, tout en évoquant des aspirations contradictoires à la liberté et à l'amour dans deux romans aux titres symboliques : La Vagabonde (1910) et L'Entrave (1913). Comme l'héroïne de ce dernier livre, Colette opte finalement pour l'entrave ; du moins aura-t-elle de ce second mariage une fille, Bel Gazou dont la figure ira rejoindre, dans l'œuvre de l'écrivain, celle de Sido, la mère de Colette. C'est entre les deux guerres que le talent de Colette atteint son plein épanouissement, que sa manière se précise et se diversifie. Les souvenirs de l'occupation, dans Paris de ma fenêtre (1944), Les confidences de vieillesse, dans L'Étoile l'esper (1947), ajoutent encore, s'il en était besoin, une note d'émotion à cette œuvre qui doit sa richesse aux fines et profondes vibrations d'une âme originale et à un style frémissant, aux images imprévues, nerveux et rapide comme la démarche d'un félin.