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LE COLLEGE DE LA FLECHE (DESCARTES)

Publié le 15/03/2011

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   René Descartes naquit à la Haye, en Touraine, le 31 mars 1596.    Sa mère, Jeanne Brochard, avait eu avant lui un fils, Pierre, et une fille, Jeanne. Elle mourut le 13 mai 1597.    Son père, Joachim Descartes, qui avait acheté une charge de conseiller au Parlement de Rennes, se remaria en Bretagne, et cette seconde union donna encore à René un frère et une sœur : Joachim et Anne.    René Descartes était d'une constitution faible, qu'il tenait sans doute de sa mère : « J'avais hérité « d'elle, dit-il dans une de ses lettres, une toux « sèche et une couleur pale que j'ai gardées jusqu'à « l'âge de vingt ans et qui faisaient que tous les « médecins qui m'ont vu avant ce temps-là me « condamnaient à mourir jeune. «

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« renfermait des erreurs manifestes; ne faisait-elle pas du sage l'égal de Dieu, exaltant ainsi au delà de toute mesurel'orgueil de l'homme ? Ne recommandait-elle pas comme une vertu l'insensibilité, pour mieux rendre la raisonmaîtresse de la volonté? N'enseignait-elle pas le suicide ou même le parricide, et Brutus, assassinant César, n'était-ilpas fidèle aux principes stoïciens? Or, tous ces excès ont quelque chose de choquant pour le bon sens ettémoignent d'un vice radical dans la constitution d'une pareille doctrine.

Descartes comparait cette morale sansfondement et parfois sans vérité à des palais fort superbes et fort magnifiques qui ne sont bâtis que sur du sable etsur de la boue. Si Descartes avait cru reconnaître dans les mathématiques d'une part, dans la morale de l'autre, quelques-uns descaractères de la science, il les chercha vainement dans toutes les autres études auxquelles il se livra pendant sesannées de collège. La théologie ne lui parut ni certaine, ni utile.

Du moins sa certitude n'est fondée que sur la révélation et non sur laraison ; ce n'est pas une science, puisqu'elle suppose la foi.

Quant à son utilité, elle est fort contestable, car (lareligion l'enseigne), pour faire son salut il suffit de croire aux dogmes sans entreprendre de les éclaircir, et le chemindu ciel n'est pas moins ouvert aux plus ignorants qu'aux plus doctes. La philosophie enfin n'offrait à Descartes aucune des garanties qu'il réclamait de la science.

Sous ce titre général dephilosophie, on lui avait enseigné toutes sortes de principes concernant la nature de Dieu, la nature du monde, lanature de l'esprit, principes qu'on lui avait demandé d'admettre sans preuve suffisante et dont il ne voyait nullementque l'usage pût procurer à l'homme quelque bien.

Cette philosophie, dite scolastique parce qu'elle était enseignéedepuis des siècles dans les écoles, s'inspirait surtout d'Aristote, mais d'un Aristote mal compris et souvent déforméselon les exigences de la religion chrétienne.

Constituée au moyen âge, elle conservait encore au commencement duXVIIe siècle tout son prestige, malgré les critiques de quelques esprits clairvoyants et hardis.

Elle n'employaitcomme méthode que la déduction par syllogismes, c'est-à-dire cette sorte de raisonnement qui consiste à extraired'une loi tous les cas particuliers qui y sont inclus ou d'un genre toutes les espèces qu'il renferme.

Mais quand ils'agissait de déterminer les lois ou de définir les genres, elle procédait au hasard ou empruntait â Aristote sesformules.

Une telle doctrine n'avait d'autre fondement que l'autorité des grands hommes qui l'avaient édifiée.

Maisqu'est-ce que l'autorité, sinon la confiance qu'on accorde à la parole d'autrui ? Et pourquoi accorder sa confiance àla parole d'un homme, sinon parce qu'on a pu reconnaître en maintes circonstances que cet homme a dit vrai et qu'iluse de méthode pour établir ses jugements? L'autorité d'Aristote ne peut donc être fondée que sur la valeur de sadoctrine, et non la valeur de sa doctrine sur son autorité.

Descartes demande que la science s'impose par elle-mêmeaux esprits, non par la renommée des savants qui font enseignée.

Il cherche dans sa raison, et dans sa raison seule,des motifs d'adhérer ou de ne pas adhérer à une opinion, fût-elle professée par les plus grands génies du monde.

Ilproclame le principe du libre examen : toute vérité doit être sans cesse remise en question par quiconque veutl'apprendre, car apprendre c'est comprendre, et la certitude ne se transmet pas d'un esprit à un autre comme unobjet matériel se passe de mains en mains, mais s'engendre dans chaque pensée par l'effort individuel etincommunicable de la réflexion.

La philosophie scolastique apparaît à Descartes comme un recueil de conjecturesplus ou moins ingénieuses qui peuvent amuser l'esprit, mais non le convaincre.

Il ne se considère pas comme plusavancé en connaissance parce qu'il a amassé une foule d'opinions probables qui le remplissent de doutes; il ne serepaît que de certitude; il se défie tellement de tout ce qui n'est pas démontré qu'il tient presque pour faux tout cequi n'est que vraisemblable et il rêve de constituer enfin la philosophie comme science. D'autre part, si la philosophie est la science des principes, c'est d'elle que dépendent toutes les autres sciences.C'est elle qui doit leur fournir les notions primitives et les premières lois dont elles ont besoin pour classer etdéterminer dans leurs rapports mutuels les phénomènes et les êtres.

Comment, par exemple, étudier les chosesmatérielles ou les êtres vivants sans s'être fait d'abord une idée de ce qui constitue la matière ou la vie? Et qui nousdira l'essence de la matière ou l'essence de la vie, sinon le philosophe? Sans une philosophie certaine pourfondement, aucune science ne peut donc rien contenir de solide, et l'inanité de la philosophie entraîne la ruine de laconnaissance humaine tout entière.

Descartes en arrive donc à se persuader que la science n'a pas encorecommencé d'exister; que, si elle est possible, il reste à la construire de toutes pièces, et il n'en veut d'autretémoignage que l'impuissance des hommes à gouverner la nature.

Si quelques découvertes, comme celle de laboussole ou de la poudre à canon, ont étendu le pouvoir de l'homme sur les choses, il faut bien avouer qu'elles sesont produites par hasard sans qu'aucune méthode y ait présidé, sans que l'humanité puisse s'en montrer redevableà la science.

— La physique n'existe pas ; mais on enseigne encore toutes sortes de rêveries métaphysiques sur leschangements de qualités des corps : les choses seraient composées d'une matière dépourvue en elle-même de toutcaractère, sans couleur, sans odeur, sans saveur, sans poids, et sur cette matière différentes qualités ou formessubstantielles viendraient s'appliquer sans raison et sans ordre.

Pourquoi la glace fond-elle devant le feu ? Parce quela chaleur en chasse la solidité pour y introduire la liquidité.

Toutes les explications des scolastiques reviennent, àde pareilles niaiseries.

Et que pouvons-nous tirer de là pour notre usage ? En quoi ces abstractions serviront-ellesnotre industrie ? — La chimie ne se distingue guère encore de l'alchimie et des pratiques de la magie.

— Laphysiologie, mélange incohérent d'empirisme et d'hypothèses singulièrement naïves, ne donne pas aux médecins lesmoyens de guérir leurs malades.

Aucune utilité ne se dégage du fatras de connaissances amoncelées depuis dessiècles et Descartes ne se sent pas, grâce à Dieu, de condition qui l'oblige à faire un métier de la science pour lesoulagement de sa fortune ; il fait fort peu d'état de la gloire qu'il n'espère point pouvoir acquérir qu'à faux titres;c'est le bien de l'humanité, non le sien propre qu'il croit devoir rechercher en cultivant la science, et si la science deson temps enrichit ceux qui l'enseignent ou qui la pratiquent, assurément elle n'apporte aucun avantage à ceux quil'interrogent ou qui invoquent son secours.. »

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