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La Colline inspirée

Publié le 04/04/2013

Extrait du document

Quinze jours à peine après la mort de Barrès, son nom fut donné à l'une des rues de Metz. Plus tard, on installa, à sa mémoire, une stèle sur la colline de Sion-Vaudémont. Cette stèle est semblable aux « lanternes des morts « que !'on rencontre souvent dans la campagne charentaise. Sur son socle, on a gravé trois phrases tirées de romans de Barrès dont, bien entendu, La Colline inspirée.

« Le cimetière de Bosserville EXTRAITS ------ - Pour Léopold Baillard, la religion ne peut se concevoir qu'em preinte de merveilleux et de surnaturel C'est auprès du vieux poirier penderet et de la sombre pinède que Léopold, dans ses magnifiques concerts du dimanche sur la montagne, trouve le chant liquide , la canti­ lène la plus suave et la plus immatériel­ le.

C'est ici qu'une mélodie s'élève de la masse sympho­ nique .

le pontife franchit les degrés sur l'échelle invi­ sible, et de motif en motif s'élève au monde des esprits.

Nous ne rencon­ trons plus de ces fées au bord des fontaines, ni de fantômes sur les cimetières; pourtant, ces esprits flottent toujours sur leurs domaines, et nous les verrions encore si notre âme avait reçu l'éducation appro­ priée.

Pour L éo pold Baillard, au centre du mystérieux univers, la colline est peuplée d'êtres surnaturels.

Il les appelle les anges .

Il perçoit leurs présences invisibles à la traversée du bois de Plaimont, ou s'il respire la fraî cheur des trois sources.

Et quand du fond de son âme s'élèvent des rêveries non influencées par sa raison, il ne doute pas que ce ne soient les voix des mes­ sagers aériens, avant-coureurs de l'armée réunie pour la délivrance prochaine.

Léopold est maintenant âgé.

Il rentre d'un voyage et doit faire halte dans une ferme à cause du mauvais temps Cependant , la maîtresse de maison avait pr éparé une grande soupière de vin chaud.

Elle en présenta un verre à Léopold .

Il n'en but qu'un doigt, mais c'en fut asse z pour le ranimer et pour le lancer plus avant.

Maintenant, il ne lui suffisait plus d'avoir écarté de cette maison la colère du Ciel, il vo ulait y apporter un bonheur miraculeux .

Avisant un petit garçon qui se tenait dans un co in sombre avec un bandeau autour des joues , Léopold le prit dans ses bras et le regarda avec bienveillan ce.

- Mon fils, lui dit-il , tu resse mbles au bon M.

Haye .

- C'est son arrière-petit-fils, lui dit-on, le petit-fils de sa fille .

Voilà deux jours qu'il a le mal d 'oreilles.

( ...

) - le Christ, dit [Léopold], a donné à ses apôtres le pouvoir de guérir les malades , puisqu'il a dit : Super aegros man us impo­ nent et bene habebunt.

Attention, petit ! je vais te guérir .

A ces mots , l'enfant prit peur et se réfugia v ivement dans les jupes de sa mère.

Mais celle-ci lui dit tout bas à l'oreille d'éco uter M .

Baillard, qui n'était pas méchant .

l'enfant revint alors auprès de Léopold, qui lui demanda pourquoi il s'était sauvé et ce que sa mère lui avait dit.

Il le répéta nai've­ ment.

le vieillard fut attendri de plaisir.

Il embrassa l'enfant, lui imposa les mains, prononça la formule : Super aegros man us imponent et bene habebunt , et ajouta avec autorité en lui enlevant son bandeau : - Maintenant, tu ne souffres plus.

Et l'enfant, au milieu de l' assistan ce émerveillée, convint avec une joie mêlé e d'épouvante que sa douleur était partie .

Pion, 1966 Les arbres du Plateau NOTES DE L'É DITEUR « Mais l'histoire de Sion-Vaudémont , à la fois réelle et lég endaire, comporte un étrange chapitre : celui des frères Baillard.

Barrè s entreprend de nou s le conter.

êtres singuliers, entourés de femmes à leur dévotion, ces trois fanatiques, mi-prêtres, mi-paysans, avides de possessions temporelles, bâtisseurs opiniâtres, un extrait : «La Colline inspirée est un livre · remarquable.

S'il prouve éloquemment que " la voix a produit son effet ", il démontre une fois de plus que la Lorraine a produit Avec une patience d'érudit, il a compulsé d'anciennes paperasses, il a recueilli les dires de vieilles gens, toute une tradition orale .

Et à mesure qu' il les a tirés de l'oubli , il s'est senti peu à peu séduit par ces trois que dévorait en même temps une soif inextinguible de surnaturel.

» Rob ert de Traz, La Colline inspirée, introduction, Éditions du Cheval ailé, 1944.

Frédéric Mistral, enthousiasmé par !' œuvre de Barrès , lui adresse une lettre dont voici 1 Cam era Pr ess Ltd .

2, 3, 4, 5 grav ures sur bois de Pa ul- Émil e Colin, R.

H e lleu édiLeur, Paris, 19 15 / B.N .

en vous son musagète ! Quelle pitié dans l'histoire de ce pauvre Léopold Baillard ! Et quel parti vous tirez de la folie religieuse de ce Vintras .

» Cité par Philippe Barrè s, La Colline inspirée , notice, Librairie Pion, 1966.

BARRÈS 04. »

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