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Le Comique : Convient-Il À L'Orateur De Vouloir L'Exciter ? Jusqu'À Quel Point Le Doit-Il ?

Publié le 26/09/2010

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Réfléchissant sur la place du comique dans la persuasion, Cicéron, dans son dialogue De l'orateur, pose entre autres les questions suivantes au sujet du rire : « Convient-il à l'orateur de vouloir l'exciter ? Jusqu'à quel point le doit-il ? «. Vous tenterez de répondre à ces questions en les appliquant au champ littéraire, et en vous appuyant sur des œuvres où le comique et le rire ont une visée persuasive (en premier lieu, Gargantua). Bien communiquer, ce n'est pas forcément utiliser un langage châtié : c'est surtout donner vie à la parole. L'esprit de sérieux peut briser la communication. Cependant, dans De l'Orateur, Cicéron s'interroge sur l'efficacité du rire dans la persuasion : « Convient-il à l'orateur de vouloir l'exciter ? Jusqu'à quel point le doit-il ? «. En effet, faire rire et persuader ne vont pas nécessairement de pair : si le rire libère une forme d'énergie vitale et de joie, exerce une fonction libératrice jusqu'à nier parfois les contraintes sociales ou les mettre à distance, persuader consiste à agir sur la sensibilité de l'auditoire pour le convaincre de la justesse d'un certain nombre d'idées. En conséquence, comment lier l'engagement de la raison à la distanciation du comique lors d'un discours persuasif ? Si le rire permet à l'orateur de persuader son auditoire, c'est aussi en rupture avec la logique et cela peut par conséquent dérouter le public en assombrissant la clarté du message et en lui ôtant de sa crédibilité. Il faudra étudier dans quelles proportions, et avec quelle adéquation par rapport à son objet, le rire peut être utilisé comme un outil rhétorique sans entrer en contradiction avec la logique du message à transmettre. Le rire agit beaucoup sur les émotions de l'homme, et sans doute peut-il être une arme de la persuasion. Persuader n'est qu'influence et même parfois séduction. Le rire permet de capter très habilement l'attention de l'auditoire et d'en susciter la bienveillance. Un bon orateur saura qu'un public ne s'attache pas très aisément à des paroles plates, dépourvues de vivacité et d'entrain. Dans Gargantua, Rabelais comprend tout de suite les enjeux de la persuasion : élaborer un lien avec le lecteur dès le début de son entreprise. C'est pourquoi l'incipit de l'œuvre, Au lecteur, est truffé d'injonctions au public, que l'auteur exhorte à rire plutôt que de se scandaliser des propos rabelaisiens. Il clôt justement cet avertissement en rappelant que le « rire est le propre de l'homme «. D'une autre façon, Voltaire réussit à provoquer chez le lecteur de Candide une envie de lire la suite de l'œuvre par l'irrésistible ton naïf et innocent avec lequel il commence son roman. Ce qui avait pourtant tous les attraits d'un conte pour enfants se trouve être en réalité une véritable critique philosophique de la société d'ancien régime : le ridicule nom donné au château de la situation initiale (« Thunder-ten-tronckh « ), la confusion d'expressions verbales (« chiens de basse-cour «) et le raisonnement faussement logique du précepteur Pangloss font naître un certain optimisme ironique chez le lecteur, avide de connaître la chute – si chute il y a – de l'intrigue. Le rire peut aussi être un moyen très efficace de dédramatiser une situation et d'en faciliter l'approche pour le lecteur. Rire, c'est parier sur la vie, plus importante que la mort, c'est croire que l'on ne périra pas totalement à l'arrivée de la mort. C'est pourquoi dans Pantagruel, Rabelais insiste sur l'hésitation de Gargantua à pleurer la mort de sa femme ou à rire de voir son fils né. C'est après quelques larmes que la joie envahit de nouveau Gargantua : « Foy de gentil homme, il vault mieulx pleurer moins et boire dadvantaige ! Ma femme est morte, et bien, par Dieu (da jurandi), je ne la resusciteray pas par mes pleurs «. Le rire est pour lui le seul moyen de vaincre la mort. Si l'on reprend l'exemple de Candide, on peut observer cette fois le ton calme et didactique avec lequel s'exprime l'esclave rencontré par Candide et ses compagnons au chapitre XIX. L'esclave est pourtant dans un piteux état mais, aussi mutilé soit-il, il explique sa situation sur le ton du simple constat. Si l'on met de côté le judicieux jeu de mots imaginé par Voltaire pour le nom du maître de l'esclave (« Vanderdendur « fait écho à l'expression « vendeur à la dent dure «), on remarquera tout de même une forte concentration de décalages : Candide ne remarque l'état de l'esclave qu'après avoir relevé le type de son vêtement, et l'image de cet esclave mutilé contraste très durement avec sa résignation. Ce calme en décalage avec l'horreur de la situation fait naître chez le lecteur un avis ironique quant à la cruauté de l'homme. Enfin, le rire de la satire a lui aussi une visée très importante : il permet de montrer les limites d'un système quel qu'il soit, et de faire apparaître les marques d'une confiance d'une époque et d'une culture dans l'homme et dans ses forces. Dans le troisième intermède du Malade Imaginaire, Molière fait de la cérémonie d'admission d'un homme à la médecine un véritable florilège de confusions, notamment par l'invention de mots latins sur la base du français : il est difficile de concevoir que des mots comme « travailler « et « prendre « donnent respectivement « travaillare « et « prendere «. L'œuvre est ainsi une satire de la médecine de l'époque et de la vanité des hommes de sciences. La cérémonie devient presque une scène d'initiation à une secte. Avec le même procédé de la satire, Rabelais a beaucoup ridiculisé les institutions comme la Sorbonne ou les monastères en inversant une situation ou un comportement traditionnel. C'est ainsi qu'il critique la Sorbonne et la vanité dans le chapitre XVIII de Gargantua : Janotus de Bragmardo invente des mots latins dans un style plus qu'ampoulé afin de convaincre Gargantua de remettre les cloches de Notre-Dame. Cependant, si cette harangue fait rire, ne devient-elle pas incompréhensible par le mélange du latin et de français ? Qu'en est-il alors de la persuasion du lecteur ? Si le rire est une arme très efficace de la persuasion dans la mesure où il capte facilement l'attention du public, nous venons d'observer qu'il possède toutefois des limites pour conserver son pouvoir. Le rire est effectivement une rupture avec la logique et peut donc pulvériser la cohérence de la rhétorique. Le comique peut aller très loin. Le grotesque est l'une des formes comiques les plus dévalorisantes pour l'objet du rire : il s'exprime lorsque l'homme n'est plus digne d'être un homme, lorsqu'il est rabaissé au rang de l'animalité. Il se crée alors un écart par rapport à la norme de façon inconvenante. C'est ainsi que Rabelais montre le désarroi de Gargantua lorsque celui-ci se rend compte de l'incompétence de son éducation, après sa rencontre avec Eudémon dans le chapitre XIIII de l'œuvre : « Mais toute la contenance de Gargantua fut qu'il se prit à pleurer comme une vache, et se cachait le visage de son bonnet. Et ne fut possible de tirer de lui une parole, non plus qu'un pet d'un âne mort «. Un peu avant dans le roman, au chapitre X, Rabelais décrivait l'enfance de Gargantua avec un encombrement de détails plus grotesque les uns que les autres. Déjà, l'éducation donnée au géant ne semble probablement pas être d'une grande qualité intellectuelle : « celui temps passa comme les petites enfants du pays, c'est assavoir à boire, manger, et dormir ; à manger, dormir, et boire ; à dormir, boire, et manger. «. Dans ce cas, si le rire est suscitée pour persuader le lecteur de l'inadéquation de cette éducation, il apparaît aussi que Rabelais développe autant le thème pour amuser son lecteur. En outre, la logique peut être largement faussée par le comique de répétition ou d'exagération. La clarté du message, et même sa crédibilité, peuvent très facilement être parasitées par l'hyperbole ou la répétition. On retrouve ces deux éléments dans le chapitre VII de Gargantua : Rabelais décrit méticuleusement et exagérément les vêtements de Gargantua, en passant par ses fournisseurs, sa chemise, son pourpoint, ses chausses, sa braguette, son saie, sa ceinture, son épée, sa bourse, sa rose, son bonnet, son plumet, son « image «, sa chaîne de cou, ses gants et ses bijoux. Le lecteur peut alors se demander quel message Rabelais cherche à faire passer : s'agit-il de montrer la richesse de la famille gigantale et à quel point elle l'expose aux regards ? Ces accumulations se poursuivent dans le chapitre XX de l'œuvre, dans lequel l'auteur énumère à n'en plus finir les différents jeux avec lesquels Gargantua s'occupait durant son enfance. Si ces jeux sont le reflet de l'éducation du Moyen Age, que Rabelais critique en comparaison avec l'enseignement humaniste comparés aux méthodes d'éducation que lui donne son nouveau maître Ponocrates, l'énumération de quelques uns aurait suffi. La longueur de cette énumération excède de loin la volonté de persuader et semble refléter davantage le seul goût des mots pour rire. Le rire est ainsi un moyen d'exposer la beauté de la langue ; parler devient alors une manière de goûter les mots plutôt que de faire passer un message. Les mots sont juste là pour exprimer un état d'esprit. Le message n'est alors pas formulé de façon argumentative, il est illustré par l'utilisation de tournures et d'expressions qui le reflètent. C'est ce que fait Rabelais dans le chapitre IV de Gargantua : le comique de mots n'est que l'image de l'ébriété croissante des personnages présents. Nous sommes ici devant un véritable catalogue de plusieurs pages de mots et d'expressions qui s'enchaînent sans réel argument. D'une autre façon, le titre de l'œuvre de Laurence Sterne, Vie et opinions de Tristram Shandy, annonce un avis particulier, donc une démarche de persuasion. Cependant, à l'occasion de l'évocation d'un fantôme, l'auteur confronte le lecteur à une double page noire, pour exprimer le deuil. C'est là l'envers radical des fantaisies verbales, qui provoque le rire tout en faisant éclater la raison. Ainsi, pour que le rire puisse être utilisé comme instrument de persuasion, il ne doit pas entrer en contradiction avec la logique du message. C'est dans l'apologue que le comique peut ainsi trouver son plus grand succès : donner par le rire l'apparence du plaisir à un contenu sérieux, afin de persuader avec plus de facilité. C'est ce qu'on retrouve dans les Fables de La Fontaine : une rhétorique particulière où mensonge et vérité se succèdent et se renforcent mutuellement au sein d'un récit qui prend presque l'apparence d'une histoire pour enfants. Dans Le Pouvoir des fables, La Fontaine explique bien ce procédé en racontant l'histoire d'un orateur qui échoue dans son souhait d'exhorter la foule. Mais au contraire, il récolte un indéniable succès lorsqu'il adapte son discours en conte dont les protagonistes sont des animaux divers qui amusent l'auditoire. Parce qu'il utilise l'implicite, le rire permet de suggérer, quel que soit le message, que la vérité n'existe pas et que l'auditeur doit délibérer par lui-même. Dans ses Essais, Montaigne se réclame plus de Démocrite que d'Héraclite. Alors qu'Héraclite s'effondrait en apitoiements devant le spectacle du monde, Démocrite restait impassible, le sourire aux lèvres. Parce qu'il trouvait tellement peu sérieux les actes que tous faisaient sérieusement, il riait pour exprimer son dédain. Il était ainsi le seul maître de sa pensée. C'est ce que veut faire Rabelais du lecteur, par l'intermédiaire du chapitre L de Gargantua. L'abbaye de Thélème bâtie pour Frère Jean est dotée d'un règlement bien différent des conventions religieuses de l'époque : absence de murs, admission des femmes belles et des hommes beaux, mixité obligatoire, liberté d'entrée, de sortie, de mariage et de richesse. Le contraste créé avec l'époque fait douter le lecteur : serait-ce le bon règlement ou faut-il garder les règles habituelles ? Le lecteur peut alors choisir entre un sentiment d'adhésion aux idées de Rabelais ou un rire ironique, reflet du refus de tant de libertés. Le comique trouve son sens dans le rire, c'est-à-dire dans le délassement qu'il procure au récepteur. Il peut donc être considéré comme nécessaire et salutaire. Le rire devient sagesse du monde, à voir comme une expression de la vanité et du plaisir de la vie. C'est n'est que l'expression de l'humain à incarner de manières diverses. Dans le prologue de Gargantua, Rabelais exploite cette sorte de vérité suprême qu'est le rire en utilisant un comique de mot très audacieux, des interpellations grotesques au lecteur, qui se voit ridiculisé et comparé à un chien devant un os. La joie, la gaîté et le manque de sérieux affichés dans la manière de présenter le livre au lecteur font de ce prologue une véritable leçon de savoir-lire, et surtout de savoir-rire. Plus loin, le chapitre XLIX de l'œuvre expose bien cette morale : l'exagération de bonté et de loyauté dont fait preuve Gargantua envers les prisonniers est en fait fabriquée pour illustrer la sagesse du monde. Si le lecteur rit en prenant connaissance des récompenses données par Gargantua, il comprend par ce rire que c'est un comportement que tout le monde devrait adopter. Le rire tient donc une place très importante dans la persuasion. Comme le disait Platon, la persuasion « surpasse de beaucoup tous les autres arts et c'est de loin le meilleur : car il asservit toute chose par le consentement et non par la violence «. La violence de la raison peut très vraisemblablement faire partie de cet obstacle dont parle le philosophe. Le rire charme le lecteur en dehors de la raison, dans la mesure toutefois où il reste compréhensible. De la même façon, dans Jacques le Fataliste, Diderot applique le même débat au roman : comment y parler du bas, de l'érotisme et de l'ivresse en employant des mots du commun ? Tout simplement par le biais du plaisir d'écrire. Ainsi, on peut comprendre comment Laurence Sterne a pu écrire Vie et opinions de Tristram Shandy pendant huit ans alors qu'il souffrait de phtisie. Tout comme Cervantès qui écrivit Don Quichotte en prison, le comique de son œuvre a permis Sterne de prendre grand plaisir à écrire, de même que le lecteur qui rit avec l'auteur…

 

« Si le rire est une arme très efficace de la persuasion dans la mesure où il capte facilement l'attention du public, nous venonsd'observer qu'il possède toutefois des limites pour conserver son pouvoir.

Le rire est effectivement une rupture avec la logique etpeut donc pulvériser la cohérence de la rhétorique.Le comique peut aller très loin.

Le grotesque est l'une des formes comiques les plus dévalorisantes pour l'objet du rire : ils'exprime lorsque l'homme n'est plus digne d'être un homme, lorsqu'il est rabaissé au rang de l'animalité.

Il se crée alors un écartpar rapport à la norme de façon inconvenante.

C'est ainsi que Rabelais montre le désarroi de Gargantua lorsque celui-ci se rendcompte de l'incompétence de son éducation, après sa rencontre avec Eudémon dans le chapitre XIIII de l'œuvre : « Mais toute lacontenance de Gargantua fut qu'il se prit à pleurer comme une vache, et se cachait le visage de son bonnet.

Et ne fut possible detirer de lui une parole, non plus qu'un pet d'un âne mort ».

Un peu avant dans le roman, au chapitre X, Rabelais décrivait l'enfancede Gargantua avec un encombrement de détails plus grotesque les uns que les autres.

Déjà, l'éducation donnée au géant nesemble probablement pas être d'une grande qualité intellectuelle : « celui temps passa comme les petites enfants du pays, c'estassavoir à boire, manger, et dormir ; à manger, dormir, et boire ; à dormir, boire, et manger.

».

Dans ce cas, si le rire est suscitéepour persuader le lecteur de l'inadéquation de cette éducation, il apparaît aussi que Rabelais développe autant le thème pouramuser son lecteur.En outre, la logique peut être largement faussée par le comique de répétition ou d'exagération.

La clarté du message, et même sacrédibilité, peuvent très facilement être parasitées par l'hyperbole ou la répétition.

On retrouve ces deux éléments dans le chapitreVII de Gargantua : Rabelais décrit méticuleusement et exagérément les vêtements de Gargantua, en passant par ses fournisseurs,sa chemise, son pourpoint, ses chausses, sa braguette, son saie, sa ceinture, son épée, sa bourse, sa rose, son bonnet, sonplumet, son « image », sa chaîne de cou, ses gants et ses bijoux.

Le lecteur peut alors se demander quel message Rabelaischerche à faire passer : s'agit-il de montrer la richesse de la famille gigantale et à quel point elle l'expose aux regards ? Cesaccumulations se poursuivent dans le chapitre XX de l'œuvre, dans lequel l'auteur énumère à n'en plus finir les différents jeux aveclesquels Gargantua s'occupait durant son enfance.

Si ces jeux sont le reflet de l'éducation du Moyen Age, que Rabelais critiqueen comparaison avec l'enseignement humaniste comparés aux méthodes d'éducation que lui donne son nouveau maîtrePonocrates, l'énumération de quelques uns aurait suffi.

La longueur de cette énumération excède de loin la volonté de persuaderet semble refléter davantage le seul goût des mots pour rire.Le rire est ainsi un moyen d'exposer la beauté de la langue ; parler devient alors une manière de goûter les mots plutôt que defaire passer un message.

Les mots sont juste là pour exprimer un état d'esprit.

Le message n'est alors pas formulé de façonargumentative, il est illustré par l'utilisation de tournures et d'expressions qui le reflètent.

C'est ce que fait Rabelais dans le chapitreIV de Gargantua : le comique de mots n'est que l'image de l'ébriété croissante des personnages présents.

Nous sommes icidevant un véritable catalogue de plusieurs pages de mots et d'expressions qui s'enchaînent sans réel argument.

D'une autre façon,le titre de l'œuvre de Laurence Sterne, Vie et opinions de Tristram Shandy, annonce un avis particulier, donc une démarche depersuasion.

Cependant, à l'occasion de l'évocation d'un fantôme, l'auteur confronte le lecteur à une double page noire, pourexprimer le deuil.

C'est là l'envers radical des fantaisies verbales, qui provoque le rire tout en faisant éclater la raison. Ainsi, pour que le rire puisse être utilisé comme instrument de persuasion, il ne doit pas entrer en contradiction avec la logique dumessage.C'est dans l'apologue que le comique peut ainsi trouver son plus grand succès : donner par le rire l'apparence du plaisir à uncontenu sérieux, afin de persuader avec plus de facilité.

C'est ce qu'on retrouve dans les Fables de La Fontaine : une rhétoriqueparticulière où mensonge et vérité se succèdent et se renforcent mutuellement au sein d'un récit qui prend presque l'apparenced'une histoire pour enfants.

Dans Le Pouvoir des fables, La Fontaine explique bien ce procédé en racontant l'histoire d'un orateurqui échoue dans son souhait d'exhorter la foule.

Mais au contraire, il récolte un indéniable succès lorsqu'il adapte son discours enconte dont les protagonistes sont des animaux divers qui amusent l'auditoire.Parce qu'il utilise l'implicite, le rire permet de suggérer, quel que soit le message, que la vérité n'existe pas et que l'auditeur doitdélibérer par lui-même.

Dans ses Essais, Montaigne se réclame plus de Démocrite que d'Héraclite.

Alors qu'Héraclite s'effondraiten apitoiements devant le spectacle du monde, Démocrite restait impassible, le sourire aux lèvres.

Parce qu'il trouvait tellementpeu sérieux les actes que tous faisaient sérieusement, il riait pour exprimer son dédain.

Il était ainsi le seul maître de sa pensée.C'est ce que veut faire Rabelais du lecteur, par l'intermédiaire du chapitre L de Gargantua.

L'abbaye de Thélème bâtie pour FrèreJean est dotée d'un règlement bien différent des conventions religieuses de l'époque : absence de murs, admission des femmesbelles et des hommes beaux, mixité obligatoire, liberté d'entrée, de sortie, de mariage et de richesse.

Le contraste créé avecl'époque fait douter le lecteur : serait-ce le bon règlement ou faut-il garder les règles habituelles ? Le lecteur peut alors choisirentre un sentiment d'adhésion aux idées de Rabelais ou un rire ironique, reflet du refus de tant de libertés.Le comique trouve son sens dans le rire, c'est-à-dire dans le délassement qu'il procure au récepteur.

Il peut donc être considérécomme nécessaire et salutaire.

Le rire devient sagesse du monde, à voir comme une expression de la vanité et du plaisir de la vie.C'est n'est que l'expression de l'humain à incarner de manières diverses.

Dans le prologue de Gargantua, Rabelais exploite cette. »

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