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COMMENT DISTINGUEZ-VOUS UN JUGEMENT D'UN PRÉJUGÉ ?

Publié le 15/03/2004

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Ce qui différencie le jugement du préjugé est la présence d'un examen dans un cas et son absence dans l'autre cas. D'autre part le préjugé exprime une forme d'extériorité, ce que l'on peut appeler argument d'autorité, parce qu'un tel défend telle idée je me l'approprie sans en examiner la valeur. Le jugement, lui, exprime plutôt une réflexion de l'esprit propre à l'individu. Parfois le jugement et le préjugé seront identifiés comme signifiant une opinion ou un jugement hâtif. Un jugement pourra être faux de même qu'un préjugé. Si le préjugé est compris comme étant ce qui précède le jugement alors où faudra-t-il placer la frontière entre les deux ? Ce qui semblait bien distinct au départ, finalement se rapproche. La question de la distinction entre le jugement et le préjugé est d'autant plus importante qu'elle ne va pas de soi et qu'elle est confrontée à des obstacles. Pour établir leur distinction il faut souligner d'un côté un sens fort du jugement : juger c'est penser, un sens fort du préjugé : le préjugé est une erreur, de l'autre côté un sens faible du jugement : le jugement est une opinion, et un sens faible du préjugé : le préjugé est une opinion. En confrontant ces différents sens nous devrons pouvoir établir une distinction satisfaisante entre le jugement et le préjugé.

Un jugement est une idée toute faite. C'est le résultat d'un jugement antérieur solidifié, cristallisé. Mais, il comporte un caractère péjoratif, qui ne vaut pas pour les jugements vrais que nous ne remettons pas systématiquement en question.

« tel genre de choses est un homme ».

En effet, dès que le mot « homme » est prononcé, son linéament aussi vientimmédiatement à l'esprit par le biais d'une préconception, puisque les sens ouvrent la voie.

Ce qui à titre premier,est sous-jacent à chaque mot est donc quelque chose d'évident de soi.

Et nous n'aurions pas fait de recherche surce qui fait l'objet de notre recherche si nous n'en avions une connaissance préalable.

Par exemple : « Ce qui se tientlà-bas, est-ce un cheval ou une vache ? » Il faut en effet, à un moment ou à un autre, avoir appris à connaître laforme d'un cheval et celle d'une vache par le biais d'une préconception.

Nous n'aurions pas non plus nommé quoi quece soit si nous n'avions appris préalablement son linéament par le biais d'une préconception.

Ainsi, les préconceptions sont évidentes par elles-mêmes.

Et l'opinion dépend de quelque chose de préalable etd'évident de soi , qui est notre repère de référence quand nous disons, par exemple : « Comment savons-nous si ceci est un homme ? » DIOGENE LAERCE. 2.2 La préconception est un critère de vérité et le point de départ de la philosophie. « Epicure dit ainsi, dans le Kanôn, que les sensations, les préconceptions et les sentiments sont les critères de la vérité .

» DIOGENE LAERCE. « Pour commencer, donc, Hérodote, nous devons saisir les choses qui sont sous-jacentes aux mots, de sorte que nous puissions en disposer comme d'un repère de référence auquel juger les matières d'opinion,de recherche et d'embarras , et que tout ne sombre pas pour nous dans l'indécision au long de chaînes infinies de preuves, ou que nous n'usions de mots vides.

En effet , le concept premier qui correspond à chaque mot doit être vu, sans aucun besoin de preuve additionnelle , si nous devons avoir un repère auquel référer les matières de recherche, d'embarras et d'opinion. » EPICURE, Lettre à Hérodote. Transition : L'opposition erreur/ pensée ne valant plus la distinction entre le jugement et le préjugé devient difficile.

Or en soulignant le fait que la préconception dont il s'agit dérive de l'expérience nous pouvons de manièreefficace les différencier. Troisième partie : Il est impossible de réduire le jugement au préjugé, ce qui les distingue principalement c'est l'expérience pour le préjugé et l'examen pour le jugement. 3.1 Le jugement dépasse l'expérience puisqu'il est accompagné d'examen. « Cependant je ne me saurais trop étonner quand je considère combien mon esprit a de faiblesse, et de pente qui le porte insensiblement dans l'erreur.

Car encore que sans parler je considère tout cela en moi-même, lesparoles toutefois m'arrêtent, et je suis presque trompé par les termes du langage ordinaire; car nous disons quenous voyons la même cire, si on nous la présente, et non pas que nous jugeons que c'est la même, de ce qu'elle amême couleur et même figure: d'où je voudrais presque conclure, que l'on connaît la cire par la vision des yeux, etnon par la seule inspection de l'esprit, si par hasard je ne regardais d'une fenêtre des hommes qui passent dans larue, à la vue desquels je ne manque pas de dire que je vois des hommes, tout de même que je dis que je vois de lacire; et cependant que vois- je de cette fenêtre, sinon des chapeaux et des manteaux, qui peuvent couvrir desspectres ou des hommes feints qui ne se remuent que par ressorts ? Mais je juge que ce sont de vrais hommes, et ainsi je comprends, par la seule puissance de juger qui réside en mon esprit, ce que je croyais voir demes yeux.

» DESCARTES, Méditations métaphysiques, II. • Le doute méthodique qui mène Descartes à remettre en cause l'existence même du monde extérieur permet de bien comprendre la distance qui me sépare d'autrui.

Qu'est-ce qui me prouve, en effet, que je ne suis pas le seulêtre doué d'une véritable subjectivité, et que les autres ne sont pas tous des automates, ou même des rêves?• Si radicale et paranoïaque qu'une telle hypothèse puisse sembler, c'est bien souvent comme un automate - oucomme un objet, et non comme un sujet digne de ce nom - que je traite autrui lorsque je l'instrumentalise à mespropres fins ou que je le considère comme d'une dignité inférieure à la mienne. 3.2 Les préjugés concernent les sens et le jugement les idées. « L'or et le plomb sont fort pesants, fort durs et fort sensibles, l'eau et l'air au contraire ne se font presque pas sentir.

De-là les hommes concluent, que les premiers ont bien plus de réalité que les autres, ou qu'il y a plus dematière dans un pied cube d'air ou de matière invisible.

Ils jugent de la vérité des choses par l'impression sensible qui nous trompe toujours, et ils négligent les idées claires et distinctes de l'esprit, qui ne noustrompent jamais. » MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, I. CONCLUSION Les manières de différencier le jugement du préjugé dépendent du sens que l'on prend de l'un et de l'autre. Ainsi une première distinction consistant à rapprocher le jugement de la pensée et le préjugé de l'erreur ne pose pasde problème particulier si ce n'est que nous prenons les deux notions dans leur sens fort.

Si nous examinons unesignification bien particulière du préjugé à savoir la préconception épicurienne, nous constatons que le préjugé peutdevenir un préalable au jugement et les frontières entre les deux deviennent floues.

Pour résoudre cette impasse ilfaut souligner le fait que la préconception dérive de l'expérience alors que le jugement même s'il peut se servir del'expérience doit passer par un examen.

En définitive l'examen et l'expérience permettent de distinguer le jugementdu préjugé.. »

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