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Comment l'erreur est-elle possible ?

Publié le 10/05/2012

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D'après les sceptiques de l'antiquité, il n'y aurait qu'un moyen d'éviter l'erreur : suspendre son jugement et se défendre de toute affirmation. Mais cette thèse, théoriquement fausse et même contradictoire, est totalement impraticable. Même si l'on admettait qu'il n'y a rien de certain, il resterait cependant que certaines affirmations sont plus probables que d'autres et, par suite, la raison demanderait de s'arrêter aux premières plutôt qu'aux secondes : ainsi par le probabilisme on échapperait au scepticisme.

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« 264 PROBLÈMES MÉTAPHYSIQUES ni erreur dans notre pensée.

La vérité et l'erreur ne se font que dans l'affirmation, dans le jugement.

On parle, il est vrai, de la fausseté des choses : il est de faux cheveux, de fausses perles, de faux billets de banque ...

Mais les choses qu'on dit fausses ont en elles-mêmes tout autant de réalité que celles qu'on dit vraies.

La fausseté des choses consiste essentiellement dans le fait qu'on veut les faire passer pour ce qu'elles ne sont pas.

Nous voyons par là intervenir l'esprit, sans lequel il n'y a pas d'erreur.

Quelles sont les causes ou la genèse de l'erreur? La genèse de 1 'erreur est toujours conditionnée par 1 'objet à propos duquel on porte un jugement erroné ; mais elle dépend encore plus étroitement et d'une façon générale des dispo­ sitions du sujet qui porte ce jugement.

Il est des objets qui s'imposent à l'esprit avec une telle évidence qu'une seule affirmation est possible et qu'il ne sau­ rait y avoir erreur.

Ainsi je ne puis pas me tromper en jugeant, dans des conditions normales, que la porte de ma chambre est fermée ou que six est divisible par deux et par trois.

Au contraire, d'autres objets portent naturellement à l'er­ reur.

La nature nous en fournit quelques-uns, tel le bâton partiel­ lement immergé et que l'on voit brisé.

D'autres sont créés artificiellement par l'homme: le but de l'art n'est-il pas, dans une grande mesure, de provoquer des illusions? Les illusions ne se produisent pas dans le seul domaine sensoriel.

Il en est aussi dans le domaine de la pensée pure, et le sophisme consiste précisément dans un raisonnement qu'une certaine apparence de correction fait à tort juger correct.

Il est donc des objets de pensée qui ont par eux-mêmes une apparence trompeuse ; ils se font tout naturellement pren­ dre pour ce qu'ils ne sont pas.

Mais ces objets sont relativement rares, et ce n'est pas à la fausseté de l'objet, mais à sa complexité, qu'il faut attribuer le grand nombre de nos erreurs.

Seul, le monde des abstractions est simple.

Le monde réel est fait de l'entrecroisement de milliers de fils, et celui qui prétend déterminer exactement les relations des choses peut être assuré de ne pas atteindre son but: il négligera certains faits dont l'influence est appréciable ou même importante, surestimera l'action de certaines autres et ailleurs la sous-. »

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