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COMMENT FAIRE UNE DISSERTATION ?

Publié le 27/02/2011

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   La dissertation française n'est pas un exercice redoutable. Il n'y faut, comme pour les mathématiques d'ailleurs, que beaucoup de bon sens appuyé sur quelques connaissances.    Pour résumer en cinq verbes, disserter c'est : choisir, comprendre, analyser, savoir, construire.    Après quoi, la rédaction n'est plus très difficile.    — CHOISIR :    — Vous avez en général trois heures ; c'est assez pour que vous preniez le temps de réfléchir avant de fixer votre choix ; c'est trop peu pour vous permettre de changer de sujet en cours d'épreuve.    — Ne préjugez pas de la difficulté d'un sujet. Tel paraît à votre mesure (et qui ne l'est pas)« parce qu'il a évoqué pour vous une idée ou un souvenir de manuel. Mais que pourrez-vous encore dire quand vous aurez tourné et retourné votre idée de deux ou trois façons différentes ?    A Grenoble on a demandé une certaine année : Montrez comment Racine fut poète sur dette scène française où Von n* était qu* orateur depuis un siècle.

« par là que vous montrerez que vous êtes intelligent, ou, pour mieux dire, que vous avez du sens critique, du goût.Par contre on sera heureux de constater que votre savoir tient à des idées générales nettes sur les écrivains, lesœuvres, les genres, l'art, la morale, la vie.

Nous cherchons moins à suivre l'inventaire de ce que vous avez puretenir qu'à découvrir votre personnalité à propos d'un sujet qui n'est, en somme, qu'un moyen.

Souvenez-vous del'opposition entre la tête bien pleine et la tête bien faite... — Lisez et relisez le sujet choisi.

S'il est besoin, par des barres horizontales, séparez-en les parties ; soulignezmême chaque mot-force. Voici comment pourrait se présenter le sujet suivant sur Voltaire : « Commentez et, si vous le jugez nécessaire,discutez ce jugement de Mme de Choiseul : « Malgré les défauts qu'on peut reprocher à Voltaire | il sera toujoursl'écrivain que je lirai et relirai avec le plus de plaisir | à cause de son goût | et de son universalité ». — Nous touchons d'ailleurs ici un des défauts essentiels des dissertations. Vous n'avez pas affaire, le plus souvent, à un sujet sur Molière sur Voltaire ou sur Hugo...

Il ne suffit pas de déballer ce que vous savez sur ces écrivains.

Le sujet porte sur une phrase précised'un critique et c'est cette phrase, cette phrase seule, qu'il vous faut étudier. On a proposé souvent au Baccalauréat ce texte connu, de Taine, à propos du XVIIIe siècle : « Sous les moqueries légères on trouve des idées profondes ; sous l'ironie perpétuelle, on trouve la générositéhabituelle ; sous les ruines visibles, on trouve des bâtisses inaperçues ». Il devient aussitôt le point de départ d'un développement « passe-partout » sur le XVIIIe siècle, siècle desphilosophes.

Or, il s'agissait, non du XVIIIe siècle, mais d'un texte de Taine sur ce siècle. — Et voilà qui nous conduit à la recommandation essentielle : il n'est pas de bonne dissertation qui ne soit précédéed'un travail CARTÉSIEN d'analyse, étant bien entendu que, des termes de cette analyse, un dénombrement completdoit être opéré. Pour le sujet précédent, Voici, de toute évidence, les termes à étudier, séparément d'abord : — Les moqueries légères, — les idées profondes, — l'ironie perpétuelle, — la générosité habituelle, — les ruinesvisibles,— les bâtisses inaperçues. Et, attention ! Ne négligez pas les épithètes qui ont une valeur que vous ne soupçonnez peut-être pas, dès l'abord.

— Enfin, « commentes », « commentez et discutez » ne sont pas de vaines invitations. N'espérez pas une note convenable si vous oubliez de commenter, en passant directement à l'attaque, par quelqueintroduction pleine d'une intrépidité qui est le privilège de la jeunesse...

: « Non I Taine a tort de dire que...

et detoute évidence (Méfiez-vous de ces évidences préanalytiques...), etc..., etc...

De même, ne vous contentez pas dedire « Amen » en quatre pages, si l'on vous a convié nettement à critiquer.

Sachez au besoin lire entre les lignes : «Que pensez-vous de..., » — « Êtes-vous de l'avis de...

» sont de nettes invites à de sérieuses réserves. — SAVOIR : Le sujet est compris ; les termes en sont analysés.

Vous avez discerné ce que l'on vous demande.

Il reste à trouverles idées, à retrouver les faits... Nous pensons qu'il n'y a qu'une méthode : noter tout ce qui vous vient à l'esprit sans vous soucier encore de suivreaucun ordre.

Vous avez sous les yeux les fragments de la phrase proposée, les mots-forces : à partir de ceséléments, cherchez, fouillez, méditez.

Passez en revue faits, dates, œuvres.

Pour être sûr de ne rien oublier,recourez s'il le faut aux procédés de l'ancienne rhétorique : recherche des CAUSES, des CONSÉQUENCES, du POUR,du CONTRE, du JUSTE MILIEU...

Ce n'est pas ainsi peut-être que va le génie, mais les gens de génie ne seprésentent point au Baccalauréat, ou y échouent. Dans cette recherche pressante, il faut décloisonner, passer d'œuvre à œuvre, d'écrivain à écrivain ; songez àl'histoire ou à l'art.

Tout se tient.

N'oubliez pas qu'une idée doit être illustrée par un exemple : c'est iciqu'interviennent vos souvenirs de lectures.

Ne vous contentez pas d'affirmer que La Fontaine sait, à ravir, « croquer» les animaux : rappelez quelques croquis. Enfin, nous vous mettons en garde contre les lieux communs de manuel — y compris de celui-ci — si vous ne lesavez repensés, assimilés, enrichis par la lecture des œuvres, ce qui est, à la fois, la base et la fin de toute culture.Or, il est souhaitable que les examens restent ou deviennent des épreuves de culture.. »

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