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Comment peut-on savoir que l'on a raison?

Publié le 15/02/2005

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l  Y a-t-il des preuves qui puissent me donner la certitude absolue que j'ai raison ?     Même en science, on ne peut jamais être certain que l'on a raison   l  Karl Popper, La Logique de la découverte scientifique : «   Nous pouvons si nous le voulons distinguer quatre étapes différentes au cours desquelles pourrait être réalisée la mise à l'épreuve d'une théorie. Il y a, tout d'abord, la comparaison logique des conclusions entre elles par laquelle on éprouve la cohérence interne du système. En deuxième lieu s'effectue la recherche de la forme logique de la théorie, qui a pour objet de déterminer si elle constituerait un progrès scientifique au cas où elle survivrait à nos divers tests. Enfin, la théorie est mise à l'épreuve en procédant à des applications empiriques des conclusions qui peuvent en être tirées. Le but de cette dernière espèce de test est de découvrir jusqu'à quel point les conséquences nouvelles de la théorie quelle que puisse être la nouveauté de ses assertions font face aux exigences de la pratique, surgies d'expérimentations purement scientifiques ou d'applications techniques concrètes. Ici, encore, la procédure consistant à mettre à l'épreuve est déductive. A l'aide d'autres énoncés préalablement acceptés, l'on déduit de la théorie certains énoncés singuliers que nous pouvons appeler « prédictions » et en particulier des prévisions que nous pouvons facilement contrôler ou réaliser. Parmi ces énoncés l'on choisit ceux qui sont en contradiction avec elle. Nous essayons ensuite de prendre une décision en faveur (ou à l'encontre) de ces énoncés déduits en les comparant aux résultats des applications pratiques et des expérimentations.

De manière générale, nous pensons avoir raison, lorsque la vérité de notre opinion s’impose à toutes les opinions contraires. Lors d’une discussion, par exemple, nous défendons d’autant plus notre opinion qu’elle nous paraît vraie par rapport à celle de nos contradicteurs. Aussi prétendons-nous avoir raison, dans la mesure où nous sommes intimement convaincus de la vérité de nos propos. Il est vrai que cette conviction est soumise à l’inconstance : l’opinion qui nous semblait véridique peut nous apparaître dénuée de vérité par la suite. Ainsi, alors même que nous étions persuadés d’avoir raison dans la feu de la discussion, nous sommes amenés à reconsidérer nos vues et admettre leur fausseté. Par conséquent, nous savons que nous avons raison, à proportion du degré de conviction personnelle que nous plaçons dans notre opinion. Savoir que l’on a raison, c’est avant tout croire fermement à la vérité de son propos.      Cependant, on peut considérer que ce savoir n’est pas de l’ordre de la simple croyance, c’est-à-dire d’une certitude subjective. En effet, si nous avons raison, c’est parce que notre opinion ou notre jugement repose sur des arguments certains. Autrement dit, la vérité de notre opinion s’impose, parce qu’elle a un fondement absolument certain. Par conséquent, savoir que l’on a raison, c’est connaître avec certitude la vérité de son propos.      Dès lors, il nous faut déterminer si la conviction dans la vérité de nos propos relève d’une croyance, ou bien si elle consiste en un savoir fondé en raison, c’est-à-dire reposant sur des arguments certains.

« l'encontre) de ces énoncés déduits en les comparant aux résultats des applications pratiques etdes expérimentations.Si cette décision est positive, c'est-à-dire si les conclusions singulières se révèlent acceptables,ou vérifiées, la théorie a provisoirement réussi son test : nous n'avons pas trouvé de raisons del'écarter.

Mais si la décision est négative ou, en d'autres termes, si, les conclusions ont étéfalsifiées, cette falsification falsifie également la théorie dont elle était logiquement déduite.

Ilfaudrait noter ici qu'une décision ne peut soutenir la théorie que pour un temps car des décisionsnégatives peuvent toujours l'éliminer ultérieurement.

Tant qu'une théorie résiste à des testssystématiques et rigoureux et qu'une autre ne la remplace pas avantageusement dans le cours dela progression scientifique, nous pouvons dire que cette théorie a « fait ses preuves » ou qu'elleest « corroborée ».

» l Que retenir de ce texte ?l Que, même en science, l'on ne peut jamais avoir la certitude que l'on a raison.l Il est possible de savoir de façon certaine que l'on a tort, que l'on s'est trompél Mais, pour ce qui est du versant positif, tous les tests que nous pouvons faire ne peuvent que nousassurer que nous avons la meilleure théorie disponible à l'heure actuelle, non pas qu'elle estexacte, et donc pas que nous avons raison. l Cependant, nous pouvons considérer que nous avons raison « pour le moment », c'est-à-dire qu'àdéfaut d'une meilleure théorie disponible, il est préférable d'utiliser la nôtre. l Mais notre vie ne se réduit pas à l'activité théorétique, et nos opinions ne touchent pas que lascience. l Il est certes possible de penser tout ce qui concerne une certaine forme de savoir sur le modèle dela science.

Par exemple, si je pense que quelqu'un est coupable d'un crime, je pourrai chercherdes indices qui, jusqu'à preuve du contraire, démontrent que c'est bien cette personne qui estcoupable. l Mais tout dans notre vie n'est pas affaire de connaissance théorique.

Il est d'autres domaines danslesquels nous affirmons avoir raison. La prudence dans l'action3. l Nous prétendons aussi souvent avoir savoir que nous avons raison d'agir de telle ou telle manière.l Mais, comment, dans ce cas, avoir la preuve que nous avons raison.

Il ne s'agit pas ici de sedemander comment nous pouvons en convaincre les autres, mais simplement comment nous, nouspouvons savoir (et non pas seulement croire) de manière certaine que nous avons raison. l Aristote explique qu'il est une vertu qui permet à celui qui la possède de faire ce qu'il faut quand ilfaut. l Aristote, Éthique à Nicomaque , VI, 8 : « La prudence n'est pas non plus seulement connaissance des choses universelles ; au contraire,elle doit aussi avoir connaissance des choses particulières, puisqu'elle est exécutive, et quel'action met en jeu ces choses-là.

C'est précisément pourquoi certains ignorants sont mieux douéspour l'action que d'autres qui savent, et c'est notamment le cas des gens d'expérience.

» l Cependant, l'homme prudent 1.

peut malgré tout se tromper, il n'est pas infaillible ; 2.

ne sait pas nécessairement qu'il est prudent.

Il peut avoir raison d'agir comme il le fait sans cependant le savoir.

Ce sera probablement le cas des ignorants expérimentés dontparle Aristote. l Dans le domaine de l'action, il est donc possible d'avoir des préférences, de penser qu'il vaut mieuxagir de telle ou telle manière, mais il n'est pas possible de savoir que l'on a raison d'agir de cette manière. l Il est parfois possible de savoir, par la suite, que nous avons eu raison d'agir de telle ou tellemanière.

Imaginons , par exemple, que je pense qu'il va pleuvoir et que, du coup, je prenne unparapluie alors que mon ami me dit de ne pas en prendre.

S'il pleut effectivement un peu plus tard,je me dirais que j'avais eu raison de prendre mon parapluie.

Cependant, sur le coup, je ne pouvaispas savoir que j'avais raison. l Mais, dans la plupart des cas, les événements sont trop complexes pour que je puisse même aprèscoup savoir si j'ai bien fait d'agir de telle ou telle manière. Conclusion : Il n'y a pas de moyen de savoir de manière certaine que j'ai raison.

Toutefois, il y a moyen de m'assurer la plusgrande probabilité possible ou de savoir que j'ai raison « toutes choses égales par ailleurs », c'est-à-dire, en gros,jusqu'à preuve du contraire.. »

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