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Comment une philosophie ancienne peut-elle être actuelle?

Publié le 11/02/2011

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La première réponse possible à la question posée semble évidente. Comment Épicure peut-il encore nous concerner, lorsqu'il nous propose l'ataraxie comme l'objet de notre recherche philosophique et de notre sagesse pratique? Comment Platon peut-il, en sa description des Sophistes, nous décrire des types humains qui paraissent refléter notre quotidienneté et notre monde contemporain? Quand Platon, dans le Gorgias, nous donne à voir Calliclès, ce cynique et cet immoraliste, voulant sacrifier les lois et les conventions sur l'autel de son bon plaisir et de sa jeune « volonté de puissance«, il semble bien qu'il fasse surgir un type d'homme universel, une nature humaine universelle, échappant aux temps et aux lieux. Si, en Socrate, nous retrouvons l'homme de raison et de discours, de «logos«, dans le cynique sophiste Calliclès, une autre image de l'homme se dessine. Ces deux images sont valables en toute époque.   

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« morcelle, en ce temps, par conséquent, de guerres et de pillages, Épicure tente d'élaborer un certain type desagesse pratique, de construire une morale reposant sur l'ataraxie, l'indifférence spirituelle.

La question posée«comment cette sagesse pratique du IIIe siècle av.

J.-C.

peut-elle nous concerner » conduit à se demander d'abordsi cela est possible et, par conséquent, s'il existe des éléments permanents dans la philosophie à travers le tempshistorique.

C'est donc là le problème de l'unité de la philosophie que soulève l'intitulé du sujet. 2° Discussion A) Une philosophie ancienne peut-elle être actuelle en tant qu'elle a pour objet « l'homme universel »? La première réponse possible à la question posée semble évidente.

Comment Épicure peut-il encore nous concerner,lorsqu'il nous propose l'ataraxie comme l'objet de notre recherche philosophique et de notre sagesse pratique?Comment Platon peut-il, en sa description des Sophistes, nous décrire des types humains qui paraissent refléternotre quotidienneté et notre monde contemporain? Quand Platon, dans le Gorgias, nous donne à voir Calliclès, cecynique et cet immoraliste, voulant sacrifier les lois et les conventions sur l'autel de son bon plaisir et de sa jeune «volonté de puissance», il semble bien qu'il fasse surgir un type d'homme universel, une nature humaine universelle,échappant aux temps et aux lieux.

Si, en Socrate, nous retrouvons l'homme de raison et de discours, de «logos»,dans le cynique sophiste Calliclès, une autre image de l'homme se dessine.

Ces deux images sont valables en touteépoque. Dès lors, ce qui susciterait un intérêt actuel et donné pour une totalisation ancienne, ce serait cette abstraction seretrouvant dans tout le devenir et toute l'histoire, à savoir l'homme intemporel avec ses caractéristiques diverses.L'homme, objet de curiosité depuis des millénaires, constituerait le plus vieux des problèmes qui se soit posé ausavoir humain.

La notion de « nature humaine », commune à tous les hommes, indépendamment d'acquisitionscontingentes, constituerait Y objet ultime de la totalisation philosophique.

Ainsi la philosophie aurait-elle commematière et fond commun ce qui caractérise l'espèce humaine et se retrouve en tout homme.

Par conséquent,l'homme naîtrait constitué de telle ou telle manière, et cette permanence permettrait de comprendre l'actualité d'unephilosophie. Cette conception, pour classique qu'elle soit, est loin d'être satisfaisante et tombe sous le coup d'une série decritiques, dont la plus fameuse est sans doute celle de Jean-Paul Sartre, dans sa conférence polémique,l'existentialisme est un humanisme.

Comment se référer à une nature humaine universelle valable en tous temps ettous lieux? Ceci semblait possible dans la vision philosophique classique.

L'homme est alors, fondamentalement, unêtre de raison, une ratio, il se définit par rapport à elle et en fonction d'elle.

Mais il peut aussi se faire homme depassion et de désir.

Néanmoins il demeurerait, virtuellement tout au moins, une rationalité.

Son essence serait bel etbien la raison.

Or cette notion de nature humaine n'est en rien évidente nous signale Sartre.

Il n'existe de naturehumaine que s'il est un Dieu pour la concevoir.

Dès lors, dans une perspective athée, la notion de nature humaines'effondre : pour Sartre, l'existence précède l'essence.

La philosophie se voit ainsi dépossédée d'une réalitééternelle, identique dans tout le devenir historique. Mais si l'existence est première, n'est-ce pas celle-ci qui définit les éléments permanents que nous recherchons,éléments qui seraient ainsi contenus dans l'humaine condition. B) L'universalité de condition, et non plus d'essence, semble apporter une réponse. S'il n'existe pas une nature humaine universelle, qui, objet de toute philosophie puisse jeter sa lumière sur l'époqueactuelle, si Calliclès n'est pas réellement identique à nos modernes sophistes et ne saurait les incarner - parce quela notion même d'un fond commun absolument immuable ne semble guère devoir être retenue, peut-être nous est-ildonc permis de parler, sinon d'une essence humaine, tout au moins d'une condition humaine, possédant une certaineforme universelle, et permettant de saisir dans son actualité et sa vérité une philosophie ancienne.

Ainsi l'homme sesitue à l'intérieur d'une condition qui est temporelle, finie, c'est un être pour-la-mort, un être qui travaille, etc.

Parconséquent, si l'idée de nature humaine, universelle, éternelle, transcendant la différence des temps et des lieux,est irrecevable et ne peut fonder l'universalité de la pensée et de la réflexion, à tout le moins subsiste-t-il lacondition humaine, comme situation dotée d'une certaine forme universelle.

Jean-Paul Sartre a remarquablementdégagé ce thème, exprimant ainsi les éléments invariables de l'existence humaine.

Or, à partir du moment où nousnous situons à l'intérieur d'une universalité humaine de condition, il est possible d'apporter une réponseapparemment satisfaisante à la question posée, puisque l'universalité de condition permet à une totalisation dupassé d'éclairer ma condition, ma mort, ma solitude existentielle, etc.

etc.

« S'il est impossible de trouver en chaquehomme une essence universelle qui serait la nature humaine, il existe pourtant une universalité humaine decondition.

Ce n'est pas par hasard que les personnes d'aujourd'hui parlent plus volontiers de la condition de l'hommeque de sa nature.

Par condition, ils entendent avec plus ou moins de clarté l'ensemble de limites a priori quiesquissent sa situation fondamentale dans l'univers.

Les situations historiques varient...

Ce qui ne varie pas, c'est lanécessité (pour l'homme) être dans le monde, d'y être au travail, d'y être au milieu des autres et d'y être mortel ».Je suis parmi les autres, je suis mortel : cette condition universelle fait qu'Épicure, Épictète ou Marc-Aurèle peuventtoujours me parler et m'indiquer le chemin à suivre.

Il me faut affronter la solitude et la mort.

En cette voie, lepenseur d'une époque révolue m'indiquera la route de la tranquillité et de la liberté.

Cette nécessité d'être mortel,d'affronter l'angoisse et, en ce dur chemin, de sauvegarder ma liberté, nul ne peut l'éluder.

Ainsi Platon, loin de nousde vingt-quatre siècles, demeure indépassable et nous parle de nous-mêmes, de l'humaine condition.. »

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