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Comment savons-nous que nous ne rêvons pas ?

Publié le 12/01/2005

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Ainsi l'objet de la question porte sur le lien entre nos représentations et les objets de ces représentations c'est-à-dire entre le réel et le perçu. Donc comment nos représentations s'accordent avec les choses et les traduisent objectivement. Or poser la question de cette manière nous pousse à des apories insurmontables comme nous venons d'en faire l'expérience au cours de notre réflexion. Le problème était celui du rapport entre la chose en soi et la représentation que nous en avions. Et ce problème est bien corrélatif et la solution est la même que pour la distinction entre le rêve et le sommeil. b) En effet, comme Kant le remarque dans la Critique de la raison pure postuler à la manière de Descartes que notre entendement, par des idées claires et distinctes, peut accéder à la réalité de la chose en soi. Or cela supposerait soit l'intervention d'une puissance extérieure au sujet pour garantir la véracité de la perception soit la possibilité pour le sujet de sortir de lui-même donc de ne plus être soumis à la relativité de son statut de percevant et vérifier ainsi l'accord entre ses représentations et la réalité de la chose. Mais d'un autre côté la conception réaliste se basant sur la véracité directe de nos représentations supprime la chose en soi. Il n'y a aurait de réalité qu'au sein de notre représentation, mais si l'objet se réduit à ma représentation, comment est-il possible de poser la question de la vérité ou de l'objectivité ? Ainsi, Kant échappe aux apories du réalisme et de l'idéalisme en modifiant la question : elle ne porte plus sur la relation entre le sujet et la chose en soi, mais sur le rapport entre le sujet lui-même et ses représentations.

« semblables règles évidentes, dont la vérité s'impose à mon entendement.

A la fin de la Sixième Méditation , Descartes prend l'exemple suivant : « Si quelqu'un, quand je suis éveillé, m'apparaissait soudainement et aussitôtdisparaissait, comme il arrive dans le sommeil, c'est-à-dire que je vois ni d'où il serait venu ; ni où il s'en irait, jen'aurais pas tord de juger que c'est un spectre ou une vision forgée dans mon cerveau plutôt qu'un vrai homme ».Donc Descartes définit les deux règles fondamentales qui permettent de faire la différence entre la veille et lesommeil, entre le perçu et l'imaginé.

Tout ce qui pourra être dit réel et existant devra : s'insérer dans une suitelogique et historique d'évènements dont la mémoire peut lier chaque instant précédent avec celui du présent puis dufutur ; et respecter les lois physiques connus s'appliquant dans le milieu dans lequel il se trouve.

Ainsi, naît-il unmode de connaissance scientifique, sûr et valable en tout temps et en tout lieu.

Transition : Selon Descartes donc la distinction entre la veille et la sommeil, entre le perçu et le fictif relève de deux critères.Nous savons que nous ne rêvons pas s'il n'y a pas de rupture des évènements reliés par notre mémoire et que cesévènements sont conformes aux lois de la nature.

Pourtant ces deux critères sont-ils suffisants ? En effet, nerêvons-nous pas d'évènements qui s'intègrent parfaitement à notre vie et suivent les deux critères cartésiens,créant cette sensation de réel dans le rêve ? II – Insuffisance du critère cartésien a) En effet, et c'est bien là l'une des critiques que Leibniz adressera à Descartes.

Dans une Lettre à Foucher rédigée en 1676, Leibniz réfute les deux critères complémentaires de distinction entre réalité et fiction retenus parDescartes.

Il réfute le premier critère en relatant l'anecdote suivante : « [Un Calife] fit transporter un homme ivredans son palais, et le fit goûter du paradis de Mahomet, lorsqu'il fut éveillé, jusqu'à ce qu'il fut enivré derechef et enétat d'être rapporté au lieu où on l'avait pris.

Et cet homme étant revenu à lui-même ne manqua pas de prendrepour une vision ce qui lui paraissait inconciliable avec le cours de sa vie, et de débiter au peuple des maximes et desrévélations qu'il croyait avoir apprise dans ce paradis perdu, et c'était ce que le Calife souhaitait.

Or, puisqu'uneréalité a passé pour une vision, qui est-ce qui empêche qu'une vision passe pour une réalité ? ».

De la mêmemanière, l'application du critère cartésien peut conduire à prendre une vision pour une réalité, dès lors que cettevision s'accorde avec le cours des évènements de ma vie passée.

Si une réalité est passée pour une vision rienn'empêche « qu'une vision passe pour une réalité ».b) Or, Schopenhauer dans Le monde comme volonté et comme représentation a parfaitement mis à jour le processus psychologique qui conduit à prendre une fiction pour une réalité.

Il y a en effet intégration de cettefiction dans une suite d'évènements passés.

Ce processus consiste à remplacer un évènement réel souvent éprouvécomme insupportable par un évènement entièrement feint, susceptible néanmoins de s'accorder avec le cours de mavie passée : « On comble alors artificiellement la lacune ainsi produite ».

C'est une manière pour nous de ne pasadmettre la réalité ; une réalité qui nous dérange.

Il se produit alors une substitution entre la cause réelle et lacause imaginaire.

Mais qu'en est-il alors du second critère cartésien ?c) Le second critère de Descartes, permet-il de pallier l'insuffisance du premier ? Leibniz en dénonce l'insuffisance :il ne suffit pas que je puisse accorder ce que me rapporte ma sensibilité avec les règles évidentes de monentendement, comme le croyait Descartes, pour être assuré que je ne suis pas en train de rêver.

En effet, il peuts'agir de songes bien liés entre eux.

Nous n'avons qu'une « certitude morale », écrit Leibniz dans De modo distinguendi phaenomena realis ab imaginariis , de la réalité des apparences bien réglées, celles-ci nous paraissant d'autant plus réelles, pour ainsi dire, qu'elles sont plus ordonnées.

Autrement dit, nous ne pouvons jamais êtreabsolument certain de la réalité d'une chose en dehors de notre représentation.

Il nous est impossible de vérifier sices représentations correspondent à quelque chose de réellement existant à l'extérieur de nous ; et cela dans lamesure où nous ne pouvons pas remonter à l'origine de nos représentations.

D'une certaine manière il s'agit alorsd'une croyance.

Transition : Ainsi si la solution cartésienne permettant de distinguer la veille du sommeil paraissait à première vue satisfaisante,nous avons pu constater que celle-ci prêtait le flanc à une sévère critique remettant en cause ses acquis.

Dès lors,il semble que nous n'ayons aucun moyen pour distinguer le perçu et l'imaginé, le réel et le rêve.

Nous serions doncface à une aporie nous plongeant dans un scepticisme.

Pour sortir de ce doute nous n'avons que la « certitudemorale » qui sonne comme une croyance au bon ordonnancement du monde.

Pourtant, il semble que je ne rêve pastout le temps et que je puisse accorder ou corroborer mon expérience avec d'autres personnes, alors à moins de mesupposer un état de schizophrénie, il semble d'une distinction entre le rêve et la réalité existe et c'est donc ànouveaux frais que nous devons reprendre notre réflexion et rechercher peut-être dans le fondement de l'objectivitéune voie de salut et un critère de distinction entre rêve et réalité.

III – Dépassement de l'aporie : le statut de l'objectivité kantien a) On peut effectivement trouver une solution à la distinction entre veille et sommeil dans le statut de l'objectivitételle que la développe Kant dans la Critique de la raison pure .

La question de l'objectivité est chez Kant celle de la possibilité du connaissance objective du réel et prend donc place dans la philosophie transcendantale.

Cettequestion de la valeur de nos représentation est au cœur de l'interrogation kantienne pour connaître les conditions depossibilité de l'établissement d'une connaissance.

Ainsi l'objet de la question porte sur le lien entre nosreprésentations et les objets de ces représentations c'est-à-dire entre le réel et le perçu.

Donc comment nos. »

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