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Commentaire composé : « L'invitation au voyage » (poème XVIII)

Publié le 03/01/2011

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Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l'âme en secret Sa douce langue natale. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde. - Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or ; Le monde s'endort Dans une chaude lumière. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.

 

 

 

� Poème qui doit être comparé au poème de même titre figurant dans Les Fleurs du mal.

� Il ne s’agit pas d’une réécriture en prose du poème en vers, mais d’une variation sur un thème commun, celui d’un espace idéal envisagé comme métaphore de l’amour parfait et de la femme aimée.

� Le poème en prose pousse plus loin l’identification de la femme aimée et du pays idéal que ne le fait le poème en vers, même si ce dernier l’annonce dès le 6ème vers : « Au pays qui te ressemble «.

� Le poème en prose figurant dans Le Spleen de Paris insiste plus nettement aussi sur le caractère illusoire de cette rêverie poétique.

� Problématique : en quoi le pays idéal décrit dans le texte fonctionne-t-il comme une

métaphore de l’amour parfait dont rêve le poète ?

 

«  L'espace idéal décrit dans ce poème fonctionne comme métaphore de la femme aimée et de l'amour parfait.  « où tout vous ressemble, mon cher ange » (fin du 2 ème §) > cf à ce propos le vers 6 du poème en vers des Fleurs du mal .  Mais la métaphore est plus amplement développée que dans le poème en vers.  Voir le dernier paragraphe du poème en prose : il y a en effet une progression dans l'identification qui culmine tout à la fin du texte. 5  Le pays idéal et la femme se confondent entièrement : commenter la répétition du présentatif « c'est » (ou « ce sont ») dans le dernier paragraphe > le poète insiste sur cette identité de la femme et de l'espace rêvé.  La femme aimée constitue en quelque sorte un résumé – un condensé – du monde ; en d'autres termes, elle est présentéecomme un univers à part entière.  Dans le paragraphe 9, le poète s'adresse directement à la femme aimée, comme pour l'impliquer, comme pour provoquer de sa part une réponse > stratégie rhétorique qui est là encore destinée à souligner l'équivalence femme aimée / espace idéal. II/ Ordre et sérénité 1/ Harmonie et sérénité  Ce monde fabuleux se caractérise en premier lieu par sa richesse et son harmonie .  Cf le très fameux distique répété dans le poème en vers : « Là, tout n'est qu'ordre et beauté / Luxe, calme et volupté ».  L'impression d'ensemble est la même dans le poème en prose.  Harmonie présente dans le rythme et la construction des phrases : commenter ainsi la construction ternaire de la première phrase du 6 ème § : « Sur des panneaux luisants, ou sur des cuirs dorés d'une richesse sombre, / vivent discrètement des peintures béates, / calmes et profondes, comme les âmes des artistes qui les créèrent ».

Construction qui traduit ici une impression d'ordre, d' équilibre et d'harmonie.  Construction qui traduit par ailleurs une profonde impression de sérénité .  Remarque : on peut parler de la construction binaire ou ternaire d'une phrase isolée ; mais on ne peut vraiment parler de rythme que quand il existe une régularité, un retour du phénomène analysé.  « Les miroirs, les métaux, les étoffes, l'orfèvrerie et la faïence y jouent pour les yeux une symphonie muette et mystérieuse » : o Symphonie = étymologique : « accord de sons » > tout est en harmonie. o Mais cette phrase opère également ce que l'on appelle une synesthésie , i.e.

une. »

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