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Commentaire composé sur le texte de Richard Matheson, Né de l'homme et de la femme.

Publié le 03/04/2011

Extrait du document

       Richard Matheson est un auteur américain de nouvelles fantastiques écrites au XXe siècle. Il est notamment connu pour sa nouvelle Je suis une légende récemment adaptée au cinéma, mais il est également le scénariste de plusieurs épisodes de la série La Quatrième dimension et il a inspiré de nombreux auteurs, comme Stephen King. Sa première nouvelle, Né d’un homme et d’une femme, est le récit, présenté sous la forme d’un journal intime, d’un enfant monstrueux que ses parents maltraitent.  Pourquoi et comment l’auteur s’est-il attaché à nous parler, dans cette œuvre, de la différence ?  Dans un premier temps, nous nous attarderons sur la forme particulière de cette nouvelle, à savoir le journal intime, puis nous étudierons le but plus ou moins argumentatif de l’auteur, c’est-à-dire la façon dont il utilise les mots pour exprimer l’horreur de la situation de l’enfant.

« donner son sens premier.

Matheson joue sur cette ambiguïté, comme si l'enfant s'était mal comporté et non pour enfaire un portrait physique.

Car ce dernier nous échappe à cause de la forme intimiste de l'écriture.

Le personnage nese décrit pas d'emblée.

L'auteur donne des renseignements éclatés dans tout le texte.

On apprend peu à peu que lemonstre est grand et fort (il arrache la chaîne qui le retient prisonnier).

Son sang est vert (« Ca faisait un vilain vertpar terre » l 56), il a plusieurs jambes et ses pieds « collent au bois » l 29.

L'auteur a voulu sans doute distiller cesrenseignements tout au long du récit pour nous rendre le monstre sympathique.

En effet, dans toute la premièrepartie du texte, le lecteur est invité à partager la solitude et l'angoisse du personnage.

Même sa violence estexplicable.

Sans cesse agressé, il tue le chat involontairement, comme pour se protéger (« Je voulais pas lui fairemal.

J'ai eu peur parce qu'elle m'a mordu plus fort que le rat.

» l 103).De plus Matheson donne à son personnage des traits de caractère d'une très grande humanité.

Il aime ses parentsbourreaux : « Maman est jolie je sais » l 6.

Il est attendri par les enfants « comme la petite maman et aussi despetits papas » l 74, « ils faisaient des bons bruits » l 75.

Ainsi sa violence finale s'explique.

D'ailleurs Matheson achoisi d'arrêter son récit non pas sur de la violence réelle mais sur la colère solitaire du monstre.A travers cette écriture, Matheson préserve une forme de suspense puisqu'il ne nous dévoile presque rien del'apparence du monstre, faisant ainsi marcher l'imaginaire du lecteur.

De plus, la fin reste ouverte : le monstre va-t-ils'échapper ? Va-t-il tuer ses parents ? Les voisins vont-ils dénoncer les parents à la police ?... Comme nous avons pu le voir dans notre première analyse du texte, l'auteur cherche à défendre un certain point devue : celui de la victime face à ses bourreaux.

Bourreaux qui ne le sont pas par plaisir sadique mais plutôt parincompréhension et peur de la différence, incarnée par cet enfant monstrueux.

Matheson fait de cet enfant unsymbole vivant, celui des gens différents et rejetés à cause de leur différence.

Aussi, pour faire face à ce monstreque l'auteur nous rend sympathique par le biais du journal intime, Matheson nous fait le portrait moral de deuxparents que nous pouvons considérer au premier abord comme des monstres bien plus inhumains que leur enfant.

Eneffet, ils nous sont dépeints comme des parents cruels et violents à la fois sur le plan moral et physique.

Sur le planphysique, ses parents le maltraitent en l'enfermant dans la cave : à cause de cela il ne supporte plus la lumière vive(« La lumière elle me faisait maintenant un peu mal aux yeux » l 58).

De plus, ils l'enchaînent et l'empêchent ainsid'avoir des relations avec le monde extérieur qui lui paraît pourtant très attirant (« J'aime savoir pourquoi il y a desrires » l 25).

Cette dernière citation nous montre l'isolement à la fois physique et moral de l'enfant : il entend si peules gens rire, il rit lui-même si peu, que cela agit sur lui comme un aimant.

L'auteur provoque ainsi notre pitié, notredésapprobation par rapport à l'attitude des parents qui, de plus, se montrent violents envers leur enfant.

En effet,pour déclencher en nous un sentiment de révolte, Matheson va jusqu'à nous présenter un enfant battu.

Les coupspleuvent sur lui à la moindre occasion : « Il m'a vu et il est monté sur ses grands cheveux.

La colère est venue dansses yeux.

Il m'a battu » l 53-54.

Sur le plan moral, ses parents le dévalorisent en lui envoyant en pleine face sadifférence : « « Maman dit que tous les gens normaux sont comme ça » l 77, « « Elle est très jolie et moi pas mal.Regarde-toi il a dit et il avait pas sa bonne figure » l 10.

Le peu de paroles échangées avec leur enfant ne font quele rabaisser un peu plus.Toutefois, afin de nous rendre la situation plus réaliste et de faire comprendre son message, Matheson ne nousprésente pas ces personnages comme absolument négatifs.

Le texte ne montre que peu de traces decommunication entre l'enfant et les parents (« j'ai fait mon bruit » l 114, « j'ai touché son bras et j'ai dit ça vacomme ça papa » l 11).

Le lecteur peut donc supposer que l'enfant ne parle pas ou très mal.

Il ne peut donc pasexprimer son affection autrement que par des gestes qui sont forcément mal interprétés par ses parents car il estrepoussant : « il a sursauté et s'est écarté et je pouvais plus l'atteindre » l 12.

Cette expression est à double sens :il ne peut plus atteindre son père ni physiquement ni par les sentiments.L'auteur nous montre aussi que les parents sont dépassés par cette situation : par deux fois ils se plaignent commesi cet enfant était une malédiction (« ohmondieu » l 63, « ohmondieumondieu elle a dit pourquoi m'avoir fait ça » l90).

Cette dernière phrase fait référence à la passion du Christ en croix qui se plaint à son père de l'avoir abandonné(« oh mon dieu, mon dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? »).

C'est une supplication.

La mère perçoit sa situationcomme une épreuve, comme si le sort s'acharnait sur elle.

Elle se considère comme une victime et non comme unbourreau.

De plus, elle a pitié de cette créature (« mais ça a coulé partout sur le lit.

Elle a vu ça et elle a tourné ledos en faisant un bruit » l 90).Enfin, les parents ont peur de la force de l'enfant : « Et il n'a que huit ans ».

Cette situation particulièrementdifficile, Matheson nous la présente comme un désespoir que vive chacun des personnages qui y sont confrontés.L'enfant attire particulièrement la sympathie et la pitié du lecteur mais les parents ne sont pas présentésuniquement comme des monstres.

L'auteur essaye ainsi de nous plonger au cœur d'une problématique poignante etde ces conséquences : comment réagir face à la différence monstrueuse ? L'auteur veut nous faire réfléchir sur cette importante question, ou plutôt sur la question du rejet qu'ont à subir lesgens différents.

Ainsi, il est possible de repérer l'engagement de l'auteur dans son récit.

D'abord le choix d'unnarrateur en « je », donne la parole à l'exclu.

C'est là presque une volonté politique.

En effet, en mettant le monstreau cœur de son récit et en lui donnant la parole, l'horreur de la situation apparaît dans toute sa force.

Mais ce choixn'implique aucune caricature.

Les parents ne sont pas que violents, ils ont en eux des traces d'humanité.

Le lecteurdoit donc décider par lui-même et travailler sur le message du texte.

C'est sans doute pour cela que Matheson achoisi une fin en suspense.

Plus qu'une argumentation, ce texte est une invitation à la réflexion sur nous-même, auchoix que nous pourrions faire, à ceux que certains peuples ont déjà fait à travers l'Histoire.. »

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