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Commentaire Discours de la Servitude volontaire La Béotie

Publié le 28/01/2012

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discours

Le Discours de la servitude volontaire est un réquisitoire contre la tyrannie,  écrit au 16ème siècle, pendant les guerres de religion, par un jeune humaniste de 18 ans, Etienne de La Boétie, et publié en 1576, après sa mort. La soumission de la multitude à l'autorité d'un seul est une véritable énigme que La Boétie tente d'éclairer. A l'inverse de la démarche traditionnelle des auteurs traitant du pouvoir politique (Machiavel par exemple), il porte son attention non sur les tyrans mais sur les sujets privés de leur liberté. L'extrait que nous allons étudier est un appel passionné aux peuples soumis pour qu'il ouvrent les yeux sur les véritables causes de leur asservissement et comprennent qu'ils sont eux-mêmes responsables de leur sort. D'où vient donc la force de conviction de ce texte qui paraît toujours aussi pertinent et actuel quatre siècles après sa création?  Nous verrons comment le  ton véhément et polémique contribue à mettre en lumière l'injustice et la violence du pouvoir tyrannique, et donc l'absurdité de la soumission volontaire de peuples entiers.

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« convaincante.

II- LA DOMINATION ECRASANTE DU TYRAN Le peuple est affaibli par son dirigeant évocation du malheur des peuples avant d'en venir à leur cause : il n'estquestion du souverain qu'à partir de la ligne 8.évocation de situations concrètes : vous laissez piller vos champs, dépouiller vos maisons des vieux meubles de vosancêtres, vous élevez vos filles afin qu'il puisse assouvir sa luxure...Registre pathétique : vocabulaire du malheur (misérables, malheurs, ruine...); le tyran s'en prend à tout (vos biens,vos familles, vos vies; rien n'est plus à vous), évocation de situations douloureuses (dépouiller vos maisons des vieux meubles de vos ancêtres, vous élevez vos filles afin qu'il puisse assouvir sa luxure, vous nourrissez vosenfants pour qu'il en fasse des soldats...

pour qu'il les mène à la guerre, à la boucherie) Le tyran est un brigand(larron), un criminel (meurtrier, vengeances) qui vole et tue accumulation de méfaits; vocabulaire du pillage : voler,piller, dépouiller, pilleries ...; de la guerre et de la destruction: ruine, ennemi, dévaster, assaillir, détruire, frapper...opposition ennemis/ennemi (l.

8) : les peuples sont moins victimes des ennemis extérieurs lors des guerres, que decet ennemi intérieur qu'est leur dirigeant.

La guerre elle-même n'est faite que pour le tyran et est une boucherie.Le tyran est un dépravé, qui ne pense qu'à la satisfaction de ses plaisirs aux dépens des autres : luxure, délices,sales plaisirs, se mignarder, se vautrer, convoitises (référence aux péchés capitaux, héritage du Moyen-âge).

Mais c'est le peuple lui-même qui fournit au tyran les moyens de sa domination.

III- SE LIBERER DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE Une situation paradoxale et révoltante Le titre de l'oeuvre en soi est un argument : l'oxymore « servitudevolontaire » met en évidence le paradoxe et l'absurdité de la situation.

Idée reprise par d'autres formulations tout aulong du texte : traîtres de vous-mêmes; A-t-il pouvoir sur vous, qui ne soit de vous-mêmes? Tout le texte est undéveloppement, une concrétisation, une illustration, un ressassement de cette idée, tellement elle paraît difficile àconcevoir.

Situation inacceptable même par des bêtes : en se soumettant ainsi, l'homme est en dessous de l'animal(l.

27-28) et ses malheurs deviennent des « indignités ».

L'étonnement de l'auteur qu'il veut faire partager, estperceptible dans les questions, qui signifient toutes « Comment est-il possible que...? », et dans l'ironie amère decertaines formulations (Il semble que vous regarderiz désormais comme un grand bonheur qu'on vous laissâtseulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies) Le peuple est son propre bourreau, qui fournit à sondirigeant les moyens de le détruire.Le souverain n'est pas désigné par un titre ou un mot désignant sa fonction politique, mais par des mots et despériphrases qui définissent les rapports réciproques entre le peuple et son dirigeant (l'ennemi, celui-là même quevous avez fait ce qu'il est, celui pour qui vous allez si courageusement à la guerre , et pour la grandeur duquel vousne refusez pas de vous offrir vous-mêmes à la mort, ce maître) Le pouvoir du tyran est représenté de façonconcrète, imagée, par les yeux, les mains, les pieds innombrables, qui épient, frappent, écrasent, et qui ne sont enfait que ceux du peuple.Le peuple agit ainsi:par faiblesse, lâcheté : vous vous laissez enlever..., vous laissez...,vous vous affaiblissez par défaut declairvoyance : opiniâtres à votre mal et aveugles à votre bien, vous regarderiez ...comme un grand bonheur qu'onvous laissât seulement la moitié...par complicité surtout : d'intelligence avec, receleurs, complices, traîtres de vous-mêmes, ministres, exécuteurs;opposition dominante dans les questions rhétoriques entre vous et il : le peuple fournit des armes contre lui-même, ilest son propre espion, son propre destructeur, l'artisan de son propre malheur Tout ce que fait le peuple pour sapropre subsistance et son bonheur, il semble ne le faire que dans l'intérêt du tyran (dans les lignes 20 à 26, vousest le sujet des verbes principaux) : travailler la terre, meubler sa maison, élever ses enfants.

Cette étonnantevolonté de soumission est soulignée par le parallélisme de construction des lignes 20 à 27 (principale dont le sujetest vous + subordonnée de but) Le tyran est vulnérable parce que c'est un homme comme les autres (champlexical du corps : deux yeux, deux mains, un corps, repris pour désigner de façon imagée le pouvoir du tyran : tousces yeux, tant de mains, les pieds); il n'est en rien différent de n'importe lequel de ses sujets (rien de plus que n'a ledernier des habitants du nombre infini de nos villes); sans la soumission du peuple il n'est rien (comment oserait-il...?quel mal pourrait-il vous faire...? ).

C'est le peuple qui fait le tyran : celui-là même que vous avez fait ce qu'il estfragilité du pouvoir tyrannique : le colosse aux pieds d'argile (image tirée de la Bible) Pour être libre il suffit de levouloir : netteté et concision du bref dernier paragraphe et surtout de sa première phrase (Soyez résolus à ne plusservir, et vous voilà libres.

: impératif dans la première partie de la phrase, présentatif voilà et absence de verbedans la deuxième partie); injonction: Je ne vous demande pas de...mais de...; image frappante du colosse quis'écroule : vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre,préparée par les verbes pousser, ébranler, ne plus soutenir.

C'est un véritable appel à la révolte, mais à une révoltenon-violente.

Vigueur de la démonstration, virulence du ton, indignation sincère de l'auteur devant un état de fait contraire à lafois à la raison et à la dignité humaine.

La puissance subversive de la thèse développée dans le Discours ne s'estjamais démentie : il a été revendiqué par les orateurs de la Révolution française, et paraît annoncer les mouvements. »

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