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Commentaire: Paul Verlaine, Sagesse

Publié le 09/03/2011

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verlaine

Vous voilà, vous voilà, pauvres bonnes pensées! L'espoir qu'il faut, regret des grâces dépensées, Douceur de cœur avec sévérité d'esprit. Et cette vigilance, et le calme prescrit, Et toutes! Mais encore lentes; bien éveillées, Bien d'aplomb, mais encore timides, débrouillées A peine du lourd rêve et de la tiède nuit. C'est à qui de vous va plus gauche; l'une suit L'autre, et toutes ont peur du vaste clair de lune. Telles, quand des brebis sortent d'un clos. C'est une, « Puis deux, puis trois. Le reste est là, les yeux baissés, « La tête à terre, et l'air des plus embarrassés, « Faisant ce que fait leur chef de file : il s'arrête, Elles s'arrêtent tour à tour, posant leur tête Sur son dos, simplement et sans savoir pourquoi. « Votre pasteur, ô mes brebis, ce n'est pas moi, C'est un meilleur, un bien meilleur, qui sait les causes, Lui qui vous tint longtemps et si longtemps là closes, Mais qui vous délivra de sa main au temps vrai. Suivez-le. Sa houlette est bonne Et je serai. Sous sa voix toujours douce à votre ennui qui bêle, Je serai, moi, par nos chemins, son chien fidèle. Paul Verlaine, Sagesse.  

Le sujet indique : Sous forme de commentaire composé vous aurez soin, particulièrement, d'éclairer le sens de ce poème et d'apprécier l'art de Verlaine. L'examinateur propose banalement une double direction : les idées et la poésie, le fond et la forme, les qualités de pensée et celles d'expression. Suivons pour cette fois le conseil officiel.

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« troupeau ; la soumission totale au chef de file à qui on voue une confiance naïve, illimitée (« sans savoir pourquoi »); enfin notez la justesse de quelques attitudes décrites en peu de mots : « la tête à terre...

» « posant leur têtesur son dos ».

Chacune de ces poses est exacte et significative d'un état moral. Dans tout ce développement ayez le souci de bien faire sentir la qualité visuelle du spectacle, qui est très réel etprécis. Expliquez aussi nettement l'adéquation rigoureuse des éléments concrets de l'image à l'évolution intime de Verlaine. Verlaine a eu le souci de l'unité de composition : la présence symbolique des brebis se continue jusqu'à la fin.

Lestermes les plus caractéristiques sont « pasteur» (vers 16) « houlette» (vers 20) et «chien fidèle» (vers 22),cependant que fort logiquement la vie devient les « chemins » (vers 22) suivis par le troupeau. b) Le rythme est tout à fait remarquable.

Les lenteurs et les incertitudes U'U l'eveil sont suggérées par les coupesdes vers 5 et 7 : 5 — « Et toutes ! Mais encore lentes; bien éveillées, 6 —« Bien d'aplomb, mais encore timides, débrouillées 7 — « A peine du lourd rêve et de la tiède nuit. Le contraste est net entre le rythme, les efforts intermittents et maladroits des vers 5 et 6 d'une part et d'autrepart, la continuité du vers 7 qui marque lui l'engourdissement persistant, l'immobilité d'une âme encore mal dégagéedes pesanteurs de la nuit. Plus caractéristiques encore apparaissent les vers 10 à 15 où les hésitations des brebis tâtonnant pas à pas à lasortie de l'enclos sont nettement inscrites dans le rythme.

Par exemple : «........C'est une, « Puis deux, puis trois.

Le reste est là, les yeux baissés, « La tête à terre....

» On entend et l'on voit, semble-t-il, chaque pas en avant, coupé du suivant par un instant d'immobilité matérialisépar les virgules, qui sont des haltes sur le chemin difficile conduisant vers l'extérieur. Quel grand soin Verlaine n'a-t-il pas mis à l'exécution de son poème ! Le mouvement de ses vers reflète avec fidélitéses tâtonnements intérieurs. Conclusion : poème riche, élaboré avec une conscience méticuleuse.

La sincère émotion de Verlaine, satouchante bonne volonté, sa faiblesse aussi et ses doutes sur lui-même inspirent la sympathie et peut-êtredavantage, l'affection.. »

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