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Le commentaire de texte

Publié le 02/01/2012

Extrait du document

     le commentaire de texte

 

Objectifs

 

·         Le troisième sujet proposé au baccalauréat de philosophie s’accompagne de la consigne suivante :

« Expliquez le texte suivant : [ texte, auteur et titre de l’œuvre dont le texte est extrait ]

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question «.

L’épreuve vise donc à mesurer la capacité du candidat à « expliquer «, c’est-à-dire à déployer, expliciter le sens d’un texte, afin de mettre en évidence le problème précis qu’il pose et la réponse qu’il y apporte. Il s’agit donc d’exposer de manière claire et rigoureuse le mouvement d’une pensée réfléchie, de reconstituer la démarche rationnelle par laquelle un auteur affronte une difficulté et tente de la résoudre.

La consigne précise que « la connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise « :

-          Cela signifie qu’il ne s’agit pas de faire du texte un prétexte à la récitation – il ne s’agit pas de plaquer sur le texte les connaissances que l’on aurait de la doctrine de l’auteur. Celles-ci ne doivent donc être mobilisées qu’à condition de servir à la compréhension du texte proposé.

-          Cela signifie aussi que le correcteur ne pénalisera pas une interprétation de l’extrait qui ne correspondrait pas à la doctrine générale de l’auteur, du moment que cette interprétation est cohérente et fondée sur le texte.

·         L’explication de texte exige donc de la part du candidat qu’il s’ouvre à la pensée d’un autre que soi, qu’il reprenne à son compte la pensée de l’auteur, qu’il s’approprie, en les réeffectuant, tous les actes et décisions de cette pensée (c’est aussi cela que signifie « comprendre « : se mettre à la place de) : il s’agit de cheminer avec l’auteur, en exposant la manière dont il s’y prend pour traiter d’un problème, son argumentation, et en montrant l’intérêt et l’originalité de sa démarche. La position du « commentateur « suppose humilité et générosité intellectuelles : on risque de ne rien comprendre au texte si l’on refuse d’entrer dans la pensée de l’auteur, en lui opposant immédiatement sa propre manière de traiter le problème. Il faut au contraire s’efforcer de défendre la position de l’auteur, de lui faire crédit, en se faisant l’avocat du texte.

·         Mais cela ne signifie pas qu’il faille sombrer dans la servilité et abdiquer tout esprit critique : au contraire, la qualité de l’explication dépend de la capacité du candidat à dialoguer avec l’auteur, c’est-à-dire à questionner le texte, à mettre à l’épreuve la validité, la cohérence et la fécondité de son argumentation. Mais c’est seulement après avoir compris la pensée de l’auteur que l’on peut se démarquer d’elle, et à condition de justifier cette prise de distance par une argumentation, de la même façon que l’auteur a justifié sa position. Il ne s’agit donc surtout pas d’opposer au texte « son opinion «, c’est-à-dire de « réagir « de façon impulsive et irréfléchie à ce qu’il dit : le texte, expression d’une pensée, a d’abord pour fonction de nous faire penser !

 

La marche à suivre

 

A/    Travail préparatoire : la lecture analytique du texte

 

·         Il faut faire plusieurs lectures, pour saisir ce que le texte dit, en évitant surtout de plaquer sur le texte ce que l’on croit qu’il veut dire. Pour cela, on multipliera les questions posées au texte :

-          de quoi parle-t-il exactement ? Il s’agit d’identifier le thème du texte de façon précise : après avoir identifié le thème général du texte, saisir l’angle particulier sous lequel il est traité, l’aspect de ce thème auquel l’auteur s’intéresse ici. Pour cela, on peut se demander quel titre on pourrait donner au texte.

-          quel est le problème que pose explicitement ou implicitement l’auteur au sujet du thème traité ? Il faut formuler l’interrogation qu’il soulève et à laquelle il s’efforce de répondre.

-          quelle est la réponse qu’apporte le texte à ce problème ? Il s’agit d’identifier la « thèse « du texte, c’est-à-dire la résolution qu’il propose du problème.

-          quels sont les mots clefs du texte ? Il s’agit de repérer les termes importants (qui peuvent revenir tout au long du texte), qui renvoient à aux concepts que l’auteur va mobiliser pour poser le problème et y répondre. Il peut s’agir de termes relevant du vocabulaire courant, mais auquel l’auteur donne un sens précis au sein du texte, de termes appartenant au vocabulaire général de la philosophie, voire au vocabulaire propre à l’auteur. Dans tous les cas, même si l’on se sent « incompétent « pour déterminer avec une entière certitude leur sens précis, il faut s’efforcer de les expliquer, en s’aidant pour cela de leur contexte. Il ne faut surtout pas les éluder, glisser dessus comme s’ils ne présentaient aucune difficulté, laissant ainsi croire qu’on n’y a prêté aucune attention.

-          quels sont les arguments avancés par l’auteur ? Il s’agit de saisir le raisonnement mis en œuvre par l’auteur pour établir sa thèse, de repérer le(s) type(s) d’argumentation mobilisé(s) : s’agit-il d’un raisonnement par analogie*, démonstratif*, syllogistique*, inductif*, par opposition*, par l’absurde*? Le texte recourt-il à l’expérience, au sens commun, à l’étude d’exemples précis ou à une analyse purement conceptuelle ?

-          quelle est la structure de l’argumentation ? Il s’agit de repérer les étapes ou moments de la réflexion de l’auteur, la manière dont s’organisent les arguments. Pour cela, il faut repérer les connecteurs logiques, saisir la fonction logique de chaque proposition au sein de l’ensemble du texte en se demandant quel rôle elle joue dans l’ensemble du texte (illustration, preuve, réponse à une objection possible...). On peut pour s’aider, donner un titre à chaque étape du texte. Le repérage du mouvement du texte permettra d’en structurer l’étude : dans l’explication, il faudra toujours respecter l’ordre du texte, en procédant par une analyse linéaire, dont chaque étape correspondra à une étape de l’argumentation de l’auteur.

-          quels sont les enjeux du texte ? Il faut se demander ce que l’auteur s’efforce de montrer et pourquoi, en réfléchissant aux conséquences que sa thèse peut avoir sur différents plans (intellectuel, éducatif, politique...). Il s’agit donc de mesurer l’intérêt de la démarche philosophique menée dans le texte.

-          quels sont les présupposés du texte ? Il s’agit de saisir les principes ou les conceptions implicites sur lesquels repose l’argumentation. Cela permettra de se préparer à une éventuelle discussion critique avec l’auteur, consistant notamment à mettre en évidence les limites de ces présupposés.

·         Dans le travail préparatoire, il faut d’emblée repérer les difficultés du texte, sans chercher immédiatement à les résoudre : les points incompris deviendront des objets d’interrogation, qui permettront d’approfondir la compréhension du texte lors de son analyse linéaire.

 

B/    La rédaction du commentaire ; la présentation écrite

 

L’introduction

 

·         Dans l’introduction, il faut impérativement exposer dans cet ordre :

-                      le thème précis traité par l’auteur

-                      le problème qu’il construit et travaille dans le texte

-                      la thèse qu’il soutient (réponse argumentée au problème)

-                      la structure de l’argumentation (étapes de la démarche par laquelle il établit sa thèse)

-                      les enjeux du texte (intérêt du texte)

·         Pour « introduire « à proprement parler le thème traité et le problème posé, on pourra commencer par évoquer une situation, une  attitude ou une opinion courante, dont une brève analyse montrera la nécessité de réfléchir, de s’interroger.

 

Le développement

 

·         Le développement doit poursuivre deux objectifs complémentaires : expliquer le texte et dialoguer avec lui. Il peut s’organiser en deux temps : une analyse linéaire du texte, qui vise à son explication, puis une critique, où l’on discutera la thèse soutenue par l’auteur, en montrant ses limites et en lui opposant une autre thèse. Mais attention : cette critique est risquée car elle révèle la plus souvent le manque de compréhension du texte et confirme les faiblesses de l’explication (elle « enfonce « la plupart des candidats). Il faut donc se concentrer au maximum sur l’analyse du texte et n’entamer une seconde partie que si l’on est certain de l’avoir parfaitement compris.

 

Expliquer le texte

 

·         Il s’agit de suivre le mouvement de la pensée de l’auteur, en cherchant à restituer le sens du texte. On procédera pour cela à son analyse linéaire (ce qui n’empêchera pas d’anticiper, de faire des retours en arrière : c’est au contraire extrêmement utile pour éclairer le texte par lui-même et montrer sa cohérence, son organisation interne). La technique du commentaire composé de français n’est pas applicable à un texte philosophique, dont l’ordre n’est jamais arbitraire : il obéit à la nécessité même de la pensée de l’auteur, qui procède méthodiquement, en enchaînant rationnellement ses idées. On distinguera autant de « parties « dans l’explication qu’il y a d’étapes dans l’argumentation de l’auteur. Autrement dit, le plan du commentaire se calquera sur celui du texte. Présentation formelle : un paragraphe par idée analysée, une ligne entre les différentes étapes de l’argumentation.

·         L’explication, qui vise à montrer comment l’auteur travaille un certain problème, doit mettre en évidence ses outils (les concepts) et sa méthode (les arguments et leur organisation). Elle doit donc se faire à plusieurs niveaux :

1)       Il faut dégager les grandes étapes et les grandes articulations de la pensée de l’auteur, c’est-à-dire mettre en évidence la manière   dont les idées s’enchaînent : comment et pourquoi passe-t-on de l’une à l’autre ?

-          en chaque début de partie, on présentera ce que l’auteur établit, comment il procède pour l’établir et pourquoi (à quoi cela sert dans l’établissement de la thèse générale du texte) ;

-          en chaque fin de partie, on fera une transition, où on mettra en évidence le lien logique entre ce qui vient d’être expliqué et la suite du texte, en explicitant la fonction des connecteurs logiques. 

2)       Il faut entrer dans le « détail « du texte, et non se contenter de le survoler. Il faut partir du principe que le texte n’est pas évident, ni suffisamment explicite en lui-même, et qu’aucun mot n’est là par hasard, ce qui permettra d’éviter de répéter ou de paraphraser le texte. Il s’agit donc d’exploiter le texte au maximum, en l’étudiant sous toutes les coutures. Il faudra alors analyser :

-          les concepts que le texte utilise, sans jamais perdre de vue leur contexte : il s’agit de comprendre la fonction et le sens précis que leur donne l’auteur dans le texte, et non de plaquer sur eux un sens extérieur et contingent. Pour cela, il faut prêter la plus grande attention au lien que l’auteur établit entre ces concepts et aux autres mots qu’il choisit pour déterminer (donner un contenu, un sens) ces concepts.

-          les arguments auxquels l’auteur recourt : il s’agit de reconnaître les différents types de raisonnement qu’il met en œuvre et d’analyser leur valeur.

-          le raisonnement par analogie : il met en évidence une idée en la comparant à une autre idée. Il est parfois imagé, avec une dimension illustrative. Il faut se demander si cette analogie est justifiée : est-ce que les termes comparés sont effectivement comparables ? n’y a-t-il pas des différences qui pourraient invalider cette comparaison ?

Exemple : « Concevez maintenant (...) que la pierre, tandis qu’elle continue de se mouvoir, sache et pense qu'elle fait tout l’effort possible pour continuer de se mouvoir. Cette pierre, assurément, puisqu’elle n’est consciente que de son effort, et qu’elle n’est pas indifférente, croira être libre et ne persévérer dans son mouvement que parce qu’elle le désire. Telle est cette liberté humaine que tous se vantent d’avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent « (Spinoza). L’auteur pose que la liberté humaine est illusoire, à l’image d’une pierre qui penserait se déplacer parce qu’elle le désire, alors qu’elle ne fait qu’obéir aux lois de la nature.

-          le raisonnement déductif : il implique une idée particulière à partir d’une idée plus générale. Pour que la déduction soit logiquement nécessaire, il faut que l’idée générale soit admise et que le cas particulier appartiennent bien au domaine de l’idée générale.

-          le raisonnement inductif : il formule une idée générale à partir de la prise en compte d’un ou plusieurs cas particuliers. Il faut se demander alors si la généralisation qu’il opère est acceptable.

Exemple : « Dans ma première enfance, j’ignorais les mots latins, et pourtant, en y prêtant attention, je les ai appris, sans peur ni violence, parmi les caresses de mes nourrices, les badinages et les sourires, la gaieté et les jeux. Je les ai appris sans punition, sans contrainte ; mon esprit seul me contraignait à mettre au jour ses pensées, ce que je n’aurais pas fait si je n’avais appris des mots, non d’un maître, mais de gens que j’entendais parler et dans les oreilles de qui je déposais, moi aussi, toutes mes impressions. Par là on voit assez clairement que cette libre curiosité a plus de force pour instruire qu’une contrainte menaçante « (Saint-Augustin). L’auteur expose un épisode particulier de son enfance : l’apprentissage ludique du latin, par le seul fait que son esprit seul le « contraignait «, indépendamment de la présence d’un maître. Il en induit l’idée générale énoncée dans la dernière phrase.

-          le raisonnement par opposition : il met une idée en évidence en lui opposant des idées qui lui sont contraires. Il peut ainsi définir un terme en indiquant ce qu’il n’est pas, ce qui ne permet pas de le cerner.

Exemple : « je ne dis pas que le pouvoir, par nature, est un mal ; je dis que le pouvoir, par ses mécanismes, est infini « (Michel Foucault). L’auteur caractérise ici le pouvoir en lui opposant ce qu’il n’est pas : le pouvoir n’est pas par essence un mal, il peut être bon ou mauvais ; mais quelque soit sa valeur, il se déploie de façon illimitée.

-          le raisonnement par l’absurde : il met une idée en évidence en montrant que l’acceptation de l’idée opposée conduit à une contradiction. Il pose l’hypothèse inverse puis souligne le caractère contradictoire des conséquences de cette hypothèse.

-          le syllogisme : raisonnement qui, à partir de deux propositions données (prémisses), permet d’obtenir une conclusion logiquement nécessaire sans faire intervenir d’autres éléments que ceux donnés au départ ; il se présente sous la forme : tous les A sont B (prémisse majeure); tous les B sont C (prémisse mineure); donc tous les A sont C (conclusion nécessaire).

Exemple 1 : « tous les hommes (A) sont mortels (B) ; tous les philosophes (C) sont des hommes (B); donc tous les philosophes (C) sont mortels (A)« (Aristote).

Exemple 2 : « quiconque laisse mourir de faim ceux qu’il doit nourrir (B), est homicide (A); tous les riches qui ne donnent point l’aumône dans les nécessités publiques (C) laissent mourir de faim ceux qu’ils doivent nourir (B) ; donc ils (C) sont homicides (A).

Certains syllogismes ne sont pas valides (on les appelle des sophismes), parce qu’ils ne respectent pas les règles du syllogisme :

Exemple 1 : « Tous les chiens sont des animaux ; or Socrate est mortel; donc Socrate est un chien «. La première prémisse pose que l’ensemble des chiens appartient à l’ensemble des mortels ; la seconde que Socrate appartient à l’ensemble des mortels ; mais il n’y a pas nécessairement intersection entre l’ensemble des chiens et Socrate : pour que le syllogisme soit valide, il faudrait que l’ensemble des chiens recouvre celui des mortels.

Exemple 2 : « ce tableau est très riche ; la richesse est un bien superficiel ; donc ce tableau est superficiel « ; ici, le moyen terme (« riche «) n’a pas le même sens dans les deux prémisses (fécondité / bien matériel).

-          les exemples : le texte peut recourir à l’expérience commune, avancer des exemples. Il faut alors les analyser brièvement pour montrer leur fonction (illustration ou confirmation), évaluer leur pertinence. Attention : éviter de dire « l’auteur démontre sa thèse par un exemple «, car un exemple ne constitue jamais une preuve (on pourrait toujours trouver un exemple contraire).

-          le contre-exemple : l’auteur peut avancer un cas particulier pour invalider une idée générale. Il faudra comme pour les exemples, analyser et évaluer sa valeur.  

-          les métaphores : certains textes philosophiques recourent à l’usage de métaphores. L’étude de celles-ci peut être très utile pour commenter un texte et comprendre ses enjeux. Une métaphore (du grec : « transport «) est une figure de style par laquelle on exprime un terme par un autre, on transporte une idée d’un terme à un autre terme. La métaphore se distingue de la comparaison, parce qu’on ne nous donne que le résultat du transport sans indiquer que celui-ci a été effectué : il faut donc saisir le déplacement opéré et son intérêt. La métaphore repose sur un raisonnement par analogie, qui peut se formuler comme une proportion mathématique (A/B = C/D) : pour la comprendre, il faut retrouver la proportion qui la fonde (exemple : « le printemps de la vie « : jeunesse / vie = printemps / année). Devant une métaphore philosophique, il faut se demander :

-          quels effets l’auteur vise à produire sur le lecteur à travers ce procédé d’écriture ?

-          sur quel raisonnement par analogie repose-t-elle et quelles thèses faut-il admettre pour que ce raisonnement soit convaincant (acceptable, cohérent) ?

·         Il faut sans cesse citer le texte (des termes ou de brèves expressions, mais non des phrases entières) à l’appui de nos analyses, afin de prouver que ce que l’on avance explique le sens d’un passage précis du texte, et de permettre au correcteur de savoir quel passage on est en train de commenter. Ces citations doivent être intégrées à l’explication : il faut éviter de citer une phrase, commenter, citer la phrase suivante, commenter.

·         Il ne faut sortir du texte que si cela est nécessaire à sa compréhension (préciser le contexte historique, proposer un exemple pour illustrer une idée, rappeler un point de la doctrine de l’auteur si on la connaît, à condition que cela éclaire le sens du texte.

 

Dialoguer avec le texte

 

·         L’explication ne peut être riche et féconde qu’à condition d’adopter une attitude active face au texte : tout au long du commentaire, il faut s’efforcer de se poser des questions sur ce qui est dit, et non se contenter de le reprendre servilement. Une explication n’est pas une description superficielle ou un compte-rendu neutre et superficiel (à éviter : « l’auteur dit que... puis il dit que... ensuite il dit que... «), elle consiste en un effort pour entrer dans la pensée d’un autre, la comprendre de l’intérieur : pour cela, il est indispensable de ne pas considérer les affirmations de l’auteur comme des évidences, mais comme ce qui mérite explicitation et justification. Le travail d’explication ne peut commencer qu’à partir du moment où l’on rencontre des difficultés, des obscurités dans le texte : c’est en se demandant pourquoi l’auteur affirme tel ou tel point et quelles objections on pourrait lui faire que l’on peut avancer dans la compréhension du texte, à condition de rechercher alors, au sein du texte, des raisons implicites ou explicites que l’auteur donnerait pour fonder ses affirmations. Notre incompréhension première peut ainsi servir à stimuler et à approfondir l’analyse du texte. Il ne faut donc surtout pas éluder les difficultés de compréhension que l’on rencontre, mais au contraire les formuler et tenter de les résoudre en essayant de justifier la position de l’auteur de manière cohérente. Le correcteur pénalisera le candidat qui glisse sur le texte comme si celui-ci était entièrement clair et transparent, alors qu’il valorisera celui qui aura reconnu des difficultés dans le texte et cherché à les dépasser, même s’il s’égare sur des fausses pistes : il aura témoigné d’un effort de réflexion, montré que le texte lui donnait à penser.

·         C’est seulement après avoir essayé de comprendre et de justifier le texte que l’on peut prendre une distance critique par rapport à lui : très souvent, les objections que les candidats font au texte témoignent de contresens, d’un défaut de compréhension. Avant d’entamer une critique de la perspective adoptée par l’auteur, il faut donc s’assurer qu’on l’a bien comprise.

·         Toute critique faite au texte doit être rigoureusement argumentée et les principes ou les conceptions qui la fondent doivent apparaître explicitement. On ne peut se contenter de donner « son opinion « sur la question pour rejeter la thèse d’un auteur, parce que celle-ci n’a rien à voir avec une simple opinion : c’est une position mûrement réfléchie et méthodiquement fondée. Si l’on estime que celle-ci fournit une réponse limitée, insuffisante, ou contestable au problème posé, et à condition de le prouver, il faudra élaborer sa propre réponse en la justifiant, tout comme l’auteur a justifié la sienne. L’exercice du commentaire doit donc permettre de réfléchir sur nos opinions, de les travailler et de les approfondir à travers le dialogue que l’on aura mené avec la pensée d’un auteur.

·         Pour construire une critique et une autre réponse au problème, on pourra confronter la pensée de l’auteur à des perspectives philosophiques différentes ou opposées, en montrant en quoi elles permettent de dépasser les insuffisances de la perspective que l’auteur a adopté sur la question.

 

 

La conclusion

 

·         Elle doit présenter le bilan du commentaire et témoigner du travail de réflexion accompli par le lecteur. Il faut  d’abord résumer brièvement la thèse de l’auteur et la manière dont il l’a établit, puis dégager l’intérêt philosophique du texte en rappelant ses enjeux (qu’est-ce qu’il a apporté dans la résolution d’un problème, en quoi les concepts qu’il a utilisé étaient pertinents et son argumentation convaincante). Enfin, on pourra rappeler les éventuelles insuffisances du texte, en résumant la critique que l’on en a fait (si on l’a faite) et souligner la nécessité de poursuivre la réflexion sur le problème posé.

 

 

 

Quelques défauts « formels « à éviter :

-          « L’auteur dit que… « : il ne s’agit pas de décrire le texte (paraphrase), mais de l’expliquer.

-          « L’auteur veut dire que « : l’auteur le dit !

-          « Il dit que puis il dit que… et après il dit que… « : il s’agit de dégager les étapes d’une argumentation, et non de décrire chronologiquement le texte.

 

 

 

 

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