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Commentez ces vers de Boileau

Publié le 13/02/2012

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boileau

Enfin Malherbe vint, et, le premier en France,

Fit sentir dans ses vers une juste cadence,

D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,

Et réduisit la muse aux règles du devoir .

Par ce sage écrivain la langue réparée

N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée;

Les stances avec grâce apprirent à tomber,

Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber.

Tout reconnut ses lois, et ce guide fidèle

Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle.

Marchez donc sur ses pas : aimez sa pureté,

Et de son tour heureux imitez la clarté.

Ces douze vers couronnent la digression historique insérée par Boileau dans le Chant 1 de l'Art poétique. Ils résument de façon assez heureuse la doctrine et l'influence de Malherbe, et, à ce titre, sont souvent cités....

boileau

« Qu'entend-il ici par juste cadence? Est-ce une cadence soumise a des regles fixes? Dans ce cas, Malherbe n'a rien invents.

Sans doute, son rythme, fortement marque, est plus regu- Her, plus rigide que celui de ses devanciers; it observe scrupuleusement la cesure qui, dans l'alexandrin, confere a la cadence une symetrie parfaite, Mais cette regularite mathematique est-elle un criterium de perfection? A-t-il voulu dire que Malherbe a trouve les metres les mieux appropries aux idees, aux sentiments exprimes? L'eloge est alors merits.

A force de travail, Malherbe arrive a cette correspondance harmonieuse entre la pensee et l'expression.

Si Ronsard y atteint souvent, d'autres n'y songent meme pas. Temoin ces vers de Marot : Las! en to fureur aigue,Ne m'argue De mon fait, Dieu tout-puissant! Ton ardeur un peu retire; En ton ire Ne me punis languissant. Un air de danse sur des paroles d'adoration...

le Dies irte sur le mir- liton 1 » a pu dire Faguet. Ici, rendons pleine justice a Malherbe.

Mieux qu'aucun de ses predeces- seurs it connait l'importance d'un mot mis en sa place.

.c Regratteur de mots », a tyran des mots et des syllabes », it choisit les vocables les plus exacts, afin de produire la beaute par la justesse; it pouichasse sans pale les chevilles, qui sont des mots hors de leur place.

Excellent grammairien, it possede une syntaxe sure et logique et lui assigne un role preponderant dans la poesie nouvelle; it bannit les inversions forcees, 'lees an hasard des rimes, comme Ton ardeur un peu retire, et s'en permet de judicieuses, celle-ci, par exemple, que Fenelon cite comme un modele Et tombent avec eux d'une chute communeTous ceux que leur fortune Faisait leurs serviteurs. On reproche souvent aujourd'hui a Malherbe ce dont Boileau va mainte- nant he loner., Reconnaissons-le :notre reformateur reduisit, c'est-A-dire ramena trop brutalement la Muse aux regles du devoir.

On lui repro- chera d'avoir 4 etrangle in poesie » en la voulant mettre an pas.

Ses concep- tions, ni celles de son panegyriste, n'ont plus cours en la matiere.

Pour beaucoup de nos contemporains, l'essence de tout art, est dans une absolue Ebert& Its exagerent.

L'art a des limites qui sont celles de la verite et de la morale, et des lois qui sont celles du gofit.

Toutefois ces lois complexes debordent les prescriptions rigoureuses de nos deux legislateurs; he guilt depasse infiniment leur logique &mite. Pour nous, Malherbe fut precisement trop logique, trop raisonnable, plus sage ecrivain que poke inspire.

Boileau prisait fort cette sagesse faite de science et de moderation, consultant plus le bon sens que in aolle du logis ».

A son insu, probablement, une critique s'estglissee dans sa louange.

Nous n'oserions plus nous servir de ces mots : K sage ecrivain sr pour caracteriser un poke, dont la ponderation nous semble In moindre qualite. Sage, Malherbe a voulu assagir notre langue un pen folle, un pen desor- donnee chez Ronsard et les ronsardisants, fantasque chez Montaigne, de- braillee chez Regnier, broussailleuse chez Rabelais.

En epurant la langue poetique, Malherbe travailla pour notre prose, pour ce profiteur ingrat que ! ' L Qu'entend-il ici par juste cadence? Est-ce une cadence soumise à des règles fixes? Dans ce cas, Malherbe n'a rien inventé.

Sans doute, son rythme, fortement marqué, est plus régu­ lier, plus rigide que celui de ses devanciers; il observe scrupuleusement la césure qui, dans l'alexandrin, confère à la cadence une symétrie parfaite, Mais cette régularité mathématique est-elle un critérium de perfection? A-t-il voulu dire que Malherbe a trouvé les mètres les mieux appropriés aux idées, aux sentiments exprimés? L'éloge est alors mérité.

A force de travail, Malherbe arrive à cette correspondance harmonieuse entre la pensée et l'expression.

Si Ronsard y atteint souvent, d'autres n'y songent même pas.

Témoin ces vers de Marot : Las! en ta fureur aiguë, Ne m'arguë De mon fait, Dieu tout-puissant! Ton ardeur un peu retire; En ton ire Ne me punis languissant.

« Un air de danse sur des paroles d'adoration ...

le Dies irœ sur le mir­ liton! » a pu dire Faguet.

Ici, rendons pleine justice à Malherbe.

Mieux qu'aucun de ses prédéces­ seurs il connaît l'importance d'un mot mis en sa place.

« Regratteur de mots », « tyran des mots et des syllabes », il choisit les vocables les plus exacts, afin de produire la beauté par la justesse; il pourchasse sans pitié les chevilles, qui sont des mots hors de leur place.

Excellent grammairien, il possède une syntaxe sûre et logique et lui assigne un rôle prépondérant dans la poésie nouvelle; il bannit les inversions forcées, nées au hasard des rimes, comme Ton ardeur un peu retire, et s'en permet de judicieuses, celle-ci, par exemple, que Fénelon cite comme un modèle: Et tombent avec eux d'une chute commune Tous ceux que leur fortune Faisait leurs serviteurs.

On reproche souvent aujourd'hui à Malherbe ce dont Boileau va mainte­ nant le louer., Reconnaissons-le : notre réformateur réduisit, c'est-à-dire ramena trop brutalement la Muse aux règles du devoir.

On lui repro­ chera d'avoir « étranglé la poésie » en la voulant mettre au pas.

Ses concep­ tions, ni celles de son panégyriste, n'ont plus cours en la matière.

Pour beaucoup de nos contemporains, l'essence de tout art, est dans une absolue liberté.

Ils exagèrent.

L'art a, des limites qui sont celles de la vérité et de la morale, et des lois qui sont celles du goût.

Toutefois ces lois complexes débordent les prescriptions rigoureuses de nos deux législateurs; le goût dépasse infiniment leur logique étroite.

Pour nous, Malherbe fut précisément trop logique, trop raisonnable, plus sage écrivain que poète inspiré.

Boileau prisait fort cette sagesse faite de science et de modération, consultant plus le bon sens que la « folle du logis ».

A son insu, probablement, une critique s'est glissée dans sa louange~ Nous n'oserions plus nous servir de ces mots : « sage écrivain » pour caractériser un poète, dont la pondération nous semble la moindre qualité.

Sage, Malherbe a voulu assagir notre langue un peu folle, un peu désor­ donnée chez Ronsard et les ronsardisants, fantasque chez Montaigne, dé­ braillée chez Régnier, broussailleuse chez Rabelais.

En épurant la langue poétique, Malherbe travailla pour notre prose, pour ce profiteur ingrat que. »

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