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Communauté des États indépendants [CEI]

Publié le 04/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Communauté des États indépendants [CEI], organisation créée le 8 décembre 1991 par le traité de Minsk, composée de douze des quinze anciennes républiques soviétiques, et issue du démantèlement de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).

2   LA FONDATION DE LA CEI
2.1   Pays membres

À l’origine, la Communauté comporte trois membres : Biélorussie, Ukraine et Russie. Le 21 décembre 1991, deux semaines après la création de la Communauté — que certains nomment déjà une « Union slave « —, huit autres anciennes républiques soviétiques — Arménie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Kirghizistan, Moldavie, Tadjikistan, Turkménistan et Ouzbékistan — sont également admises comme membres fondateurs par le traité d’Alma-Ata (aujourd’hui Almaty). La Géorgie est membre de facto. Pour leur part, les trois dernières anciennes républiques soviétiques (Estonie, Lettonie et Lituanie) refusent d’adhérer à la CEI, soucieuses de s’intégrer rapidement à l’Union européenne.

2.2   Objectifs

L’objectif de la CEI est de favoriser la transition des anciennes républiques soviétiques vers une économie pluraliste et de coordonner les politiques en matière d’économie, d’affaires étrangères, d’immigration, de protection de l’environnement et de lutte contre la criminalité.

3   LES PREMIÈRES ANNÉES DE FONCTIONNEMENT
3.1   La volonté de créer un nouvel État…

À sa création, la Communauté adopte le rouble comme monnaie commune. Les présidents des différentes républiques s’engagent à respecter les traités internationaux signés par l’ancienne URSS, concernant notamment la politique de désarmement nucléaire. Les armements stratégiques et nucléaires de longue portée sont placés sous le contrôle commun du président russe Boris Eltsine et du commandant en chef des forces armées de la CEI, le maréchal Evgeniy Chapochnikov — bien que l’ancien président ukrainien Leonid Kravchouk exige de conserver le pouvoir d’annuler le lancement d’armes à partir du territoire ukrainien.

La Russie, qui s’impose comme le successeur logique de l’URSS, hérite du siège de cette dernière au Conseil de sécurité des Nations unies. En 1992, la participation de la CEI en tant que telle aux jeux Olympiques de Barcelone symbolise la naissance d’un nouvel État ; en même temps, l’incapacité des partenaires de la CEI à s’accorder sur un hymne montre qu’à cette construction politique manque réellement un ciment national.

3.2   … limitée par de nombreuses difficultés internes
3.2.1   Les rivalités régionales

Dès le début, des luttes intestines viennent paralyser le fonctionnement de la CEI. À l’automne 1991, la Russie et l’Ukraine entrent en conflit ouvert concernant le contrôle de la flotte militaire de la mer Noire et le démantèlement des armes nucléaires des États membres. De part et d’autre, les rivalités ethniques et régionales, étouffées pendant des décennies par le pouvoir soviétique central, éclatent au grand jour. La Géorgie, la Moldavie, le Tadjikistan et la région russe située au nord du Caucase sont le théâtre de guerres civiles. De plus, la CEI ne parvient pas à mettre fin au conflit opposant l’Arménie à l’Azerbaïdjan. Enfin, la brutalité de l’intervention russe en Tchétchénie, à la fin de l’automne 1994, remet en question le pouvoir unificateur de la Russie (voir guerres de Tchétchénie).

3.2.2   L’échec de l’unité politique

L’unité politique de la CEI se révèle tout aussi difficile à construire, certains membres refusant d’accepter les textes fondateurs. Ainsi, l’accord de sécurité mutuelle (1992) n’est dans un premier temps accepté que par six membres, et la charte de la CEI n’est ratifiée en 1993 que par sept États. À plusieurs reprises, les déclarations officielles de la CEI sont désavouées par plusieurs républiques. Progressivement, un clivage se fait jour entre les républiques au sujet des objectifs mêmes de la Communauté. Un premier groupe de républiques, conduit par la Russie et le Kazakhstan, considère que la CEI est le moyen de parvenir à une intégration politique et économique plus poussée, alors qu’un second groupe, dont l’Ukraine est le chef de file, estime que c’est une organisation de transition préparant les différentes républiques à l’indépendance totale.

3.2.3   L’hégémonie militaire de la Russie

En 1993, le commandement militaire commun de la CEI est aboli. Le contrôle des armes stratégiques est transféré à la Russie, qui devient alors le seul État à posséder les codes de lancement des armes nucléaires. Moscou, néanmoins, propose la mise en place de quatre « zones de sécurité « sur le territoire de la CEI, tandis que sont relancées les propositions destinées à coordonner l’activité des services de sécurité des membres de la Communauté.

3.2.4   L’abandon d’une devise commune

L’unité économique de l’organisation est aussi rapidement mise à mal par l’édification de barrières douanières et tarifaires entre les républiques. De nouvelles négociations avec la Russie, premier fournisseur de l’ex-URSS, s’ensuivent ; celle-ci exige d’importants réajustements des prix préférentiels pratiqués jusqu’alors, ce qui plonge les autres États membres dans la récession. Face à la politique économique décidée à Moscou, certains membres de la Communauté sont tentés par l’autonomie monétaire. Ainsi, en 1993, le Kirghizistan, ignorant les procédures de la CEI sur l’introduction de devises, émet sa propre devise, le som, ce qui favorise l’abandon par les autres républiques du rouble comme monnaie commune.

Incapable de s’affirmer sur la scène internationale, en proie à des luttes intestines alimentées par les tendances hégémonistes de la Russie et sécessionnistes de certaines républiques, la CEI ne parvient pas à être le fer de lance d’une nouvelle unité économique et politique.

4   LA CEI AUJOURD’HUI

À partir de 1993, l’affaiblissement de la CEI se confirme au profit d’ensembles géopolitiques aux alliances souvent complexes et variables. L’ensemble Russie-Biélorussie-Ukraine semble le plus solide : aux solidarités traditionnelles nées d’une certaine communauté de destin (malgré les réticences toujours vives de l’Ukraine vis-à-vis de l’expansionnisme russe) s’ajoutent des solidarités nées de considérations économiques (puissance agricole de la Biélorussie et de l’Ukraine, transit des matières premières) et militaires (rôle de l’arsenal nucléaire dont l’Ukraine continue de faire un argument décisif). La Russie entretient des relations en général positives avec les républiques de l’Asie centrale, même si la guerre en Tchétchénie, qui dure jusqu’en 1996, puis reprend en 1999, montre les limites de l’appui sur lequel les Russes peuvent compter.

Dans l’ensemble, les nationalismes semblent prendre de plus en plus d’importance au détriment de la CEI : celle-ci disparaît ainsi aux jeux Olympiques d’Atlanta, tandis que les hymnes russe, ukrainien ou ouzbek retentissent au-dessus des podiums. L’autonomie croissante est confirmée par l’évolution des échanges commerciaux : alors qu’en 1990 60 p. 100 d’entre eux se font pour la Russie avec les membres de la CEI, cette proportion chute à 28 p. 100 en 1995.

Non seulement la CEI se vide ainsi de ses substances transnationale et commerciale, mais la progression des idéaux nationalistes en montre aussi les limites : en Russie comme en Ukraine, les anciens communistes font de remarquables percées au nom du nationalisme, tandis que les idéologies d’extrême droite apparaissent avec force lors des différentes élections. Pour faire face à cette situation, le président russe Boris Eltsine doit se concentrer sur la seule Russie, dont la politique extérieure se fait de plus en plus sans aucune référence à la CEI comme le montrent à la fin de 1996 et au début de 1997 les négociations avec les États-Unis concernant l’intégration dans l’OTAN des anciens alliés de l’URSS, comme la Hongrie ou la République tchèque.

Aussi, la CEI apparaît-elle aujourd’hui essentiellement comme une structure sans autre intérêt que celui de pouvoir, à terme, accueillir de nouveau un État multinational dominé par la Russie ; cette perspective n’est pourtant pas immédiatement à l’ordre du jour.

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