Comparaison entre Un Barrage contre le Pacifique et L'Amant de Marguerite Duras

« est composé de trois personnages masculins qui coexistent dans les sentiments de l'auteur : l'amour pour son petitfrère, la passion corporelle pour l'amant et la haine pour le frère aîné.

Cet idée est renforcée par le fait quelorsqu'elle fait l'amour avec le chinois, les ombres de ses frères passent dans la chambre ainsi que celle de la mère,figure de la prohibition.

Enfin, au niveau de l'apparence, les deux filles ont les mêmes points communs : leurjeunesse, leur beauté et leur caractère déterminé.

De plus, pour la beauté, on voit que les deux filles sont attiranteset plaisent aux hommes par le regard qu'ils portent sur elle.

Le regard masculin est évoqué dans les deux oeuvres.En effet, dans Un Barrage contre le Pacifique, Suzanne ne voit pas qu'elle a du charme sur les hommes et lecomprend avec l'admiration que M.Jo a pour elle et en plus du regard de celui-ci, elle subit également celui d'Agostiet des gens du haut quartier.

Dans l'Amant, elle dit qu'elle sait que les hommes la regardent et qu'elle leur plaît et onretrouve là encore le regard amoureux et désireux du chinois car la relation entre les deux personnages s'établitintensément par le regard, la parole, la volonté de l’un et l’autre de dépasser les conventions lors déjà de leurpremière rencontre.En second lieu, on remarque une narration et un style d'écriture totalement différent entre les deux oeuvres.Par rapport à la narration, il y a une grande différence.

En effet, dans Un Barrage contre le Pacifique, l'histoire estracontée étapes par étapes, suivant les grandes étapes de la vie de la mère de l'auteur.

Le récit contient égalementde grandes descriptions afin de nous peindre l'Indochine Française.

Au contraire, l'Amant a une narration plusminimaliste, le récit se concentre plus sur les faits importants et l'histoire ne suit pas l'ordre chronologique, le romanest complètement destructuré.

L'auteur passe par exemple de la description d'une nuit avec le chinois au jour de lamort de son frère sans lien vraiment logique ou parfois un événement qu'elle raconte lui fait penser à un autre et ellese met à raconter l'autre événement.

Ensuite, comme on l'a vu précédemment, l'histoire n'est pas du tout centréesur la même intrigue : Un Barrage contre le Pacifique, c'est le combat d'une mère et l'Amant c'est la découverte dela sexualité pour une adolescente.

Un Barrage contre le Pacifique est en faite une écriture de facture traditionnelle,le récit et l'écriture s'inscrivent dans une certaine tradition : le récit respecte les temps de la narration (imparfait etpassé-simple), les passages de récit alternent avec du discours, direct et indirect libre.

Les phrases sont classiqueset le vocabulaire est d’une grande simplicité.

Contrairement, l'Amant est un roman plus original qui montre l'évolutionde l'écriture de l'écrivaine.

Tout d’abord, par le genre : Marguerite Duras écrit ici une autobiographie.

C’est dans celivre qu’elle décrit vraiment l'épisode de son adolescence qu’elle a déjà évoqué dans Un Barrage contre le Pacifiquemais sans l'approfondir.

Elle ose dire clairement cette fois ce qu’a été la jeune Marguerite, capable donc detransgresser les conventions et d’avoir une liaison avec Chinois beaucoup plus âgé qu'elle.

Elle ne cache plus cemoment de sa vie, elle n’éprouve plus le besoin de dissimuler la nationalité de ce premier amant comme elle le faitdans Un Barrage contre le Pacifique.

De plus, dans l'Amant, Marguerite Duras, au lieu de donner son nom aupersonnage principal, elle se désigne par « la jeune fille ».

Enfin, on peut dire que l'écriture est intime car lespériodes cachées de la vie de l'auteur sont racontées.Ensuite, on voit une différence dans l'évocation du désir dans Un Barrage contre le Pacifique et dans l'Amant.On peut dire que dans les deux oeuvres le thème du désir est important.

Cependant, il est logiquement plus fortdans l'Amant (puisque rien que le titre de ce roman fait penser au désir) que dans Un Barrage contre le Pacifique.Dans Un Barrage contre le Pacifique, le désir est le seul qui pourrait faire oublier les problèmes du quotidien auxpersonnages.Alors que la mère, depuis la mort de son époux, a renoncé à tout amour, pour se consacrer exclusivement à laconcession, les enfants tentent d’échapper à la misère par le désir, le désir d’une rencontre qui apporterait rêve etargent.

Joseph, le fils, vingt ans à peine, amateur de chasse, ayant « couché avec toutes les femmes blanches deRam en âge de coucher, avec toutes les plus belles indigènes de la plaine » aussi, finit par tomber sur une femmeplus riche et plus âgée que lui.

Suzanne, sous l'obligation de sa mère, se fait courtiser par M.

Jo, qui lui offrefinalement un diamant.

Elle devient l’objet d’un ignoble marchandage, se prostituant presque pour contenterprovisoirement les désirs voyeurs de M.

Jo, dont tout le monde se moque.Le désir est ici un exutoire à la misère oùla famille est maintenue par les pratiques malhonnêtes et corrompues de l’Administration coloniale.

Dans l'Amant, lanotion de désir est omniprésente.

En effet, tout d'abord dans le titre L'Amant qui est directement lié au désir,ensuite le roman raconte globalement la sexualité décomplexée, libre d'une adolescente avec un homme d'origineasiatique beaucoup plus agé qu'elle, une relation adolescente-adulte donc, quasi pédophile (le désir du chinois estd'autant plus fort que la fille est encore en partie une enfant : « il l'a prend comme il prendrait son enfant », « iljoue avec le corps de son enfant »).

Pourtant l'adolescente n'est pas une victime, elle n'est pas abusée non plus,elle est en faite libre et consciente de sa force, de ses atouts.

L'amant exprime les incertitudes d'une quête desoi,d'une identité propre et une volonté de diriger seule sa vie.

Elle décide avec le chinois de tirer sa jouissance sanss'impliquer dans une histoire d'amour.

En effet, la passion de la protagoniste est purement sexuelle jusqu'à la fin duroman (celle-ci, lorsqu'elle quitte l'Indochine Française,se rend compte qu'elle était amoureuse de son amant et queleur rapport était important dans sa vie alors elle se met à pleurer), l'amant est alors en position de faiblessepuisqu'elle ne retourne pas son amour alors que lui est fou amoureux d'elle, jusqu'à en mourir.

De plus, cet amant luiapporte de nombreux avantages : on a l'impression qu'il est un objet dont elle se sert pour prendre du plaisir ainsique pour se distancer de sa famille et de tous les problèmes qui y sont associés, c'est une sorte d'émancipation.

Deplus, le chinois lui permet également de devenir quelqu'un car c'est par les expériences qu'elle a faite avec sonamant que sa personnalité s'est crée et qu'elle est devenue mûre.

En effet, par exemple sa première expériencephysique est comme une libération et entraîne une prise de pouvoir de l'auteur sur elle-même.

La sexualité de cetteadolescente commence par la prise de conscience du désir pour cet homme, ensuite elle passe du désir à l'actesexuel.

Elle est pourtant très jeune (15ans et demi) et son corps se trouve dans un stade indéfini.

En effet, c'estune femme-enfant, c'est à dire qu'elle est belle malgré son jeune âge, qu'elle découvre le monde avec innocencemais qu'elle a quand même des idées bien précises sur la sexualité et une force séductrice qui est celle d'une femmeadulte (elle sait qu'elle est un objet de regard).

Elle se rend compte de cette force également dans Un barragecontre le Pacifique lorsque sa mère l'initie au rôle de la femme-appât, à la femme dont le corps dévoilé selon desprocédures mesurées permet la captation de richesses.

Suzanne, sa fille, découvre alors la sensualité des hommes,. »