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Complétez cette critique d'Alain : « Le freudisme est un art d'inventer en chaque homme un animal redoutable, d'après des signes tout à fait... »

Publié le 22/02/2012

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alain

« « Eléments de philosophie », il écrit : « L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est une idolâtrie du corps.

On a peur de l'inconscient ; là se trouve logée la faute capitale.

Un autre moi me conduit qui me connaît et que jeconnais mal.

L'hérédité est un fantôme du même genre. » (Livre II, chapitre XVI). Ici la formule est empreinte d'une certaine réserve, mais souvent la dénonciation est beaucoup plusviolente.

Ainsi, dans son « Histoire de mes pensées », il écrit : « J'allais ainsi contre le plus fort préjugé des temps modernes ; et de toute façon je devais être jugé sévèrement par tous les docteurs, du moment que jen'adorais pas à quatre pattes l'inconscient, le subconscient, le seuil de conscience, et d'autres articles de laphilosophie simiesque .

» En tout cas, elle est de principe : « Dans les disputes sur l'inconscient, où, contre toutes les autorités établies et reconnues, je ne cède js un pouce de terrain » (« Sentiments, Passions et Signes »). Ce n'est certes pas, on s'en doute qu‘ Alain ignore tout de Freud (pour l'inconscient psychique), ou de Darwin (Pour les lois de l'hérédité).

« Qu'un mécanisme semblable à l'instinct des bêtes nous fasse souvent parler et agir, et par suite penser, cela est connu et hors de discussion » (« Sentiments, Passions et Signes »).

On ne peut pas dire non plus qu' Alain n'ait pas un moment essayé de comprendre cette doctrine : « Ne cherchez jamais à quoi pense un foi, mais plutôt observez comment un dérangement mécanique produit des signes qui n'ont pas desens […].

Je pensais à ces choses comme je lisais la « Psychanalyse de Freud ; ce n'est qu'un art de deviner ce quin'est point » (« Propos », « Signes ambigus », 17 juillet 1922). Ou encore dans un « Propos » antérieur : « Cette idée de l'inconscient, tant vantée et si bien vendue, je n'en fais rien ; […] quand j'ai voulu en user, afin de me mettre à la mode, elle n'a rien saisi de l'homme, ni rienéclairé » (« Fantômes », 23 septembre 1921). Il s'agit, pour Alain , de quelque chose de plus qu'une simple question de mots.

Il estime qu'on ne peut aucunement, à partir des doctrines sur l'inconscient ou l'hérédité, fonder une quelconque morale : « Le public comme les auteurs n'ont point coutume de dire conscience morale ; ils disent conscience, et tout est dit », ou encore, « J'étais aidé par la langue commune, qui n'admet point d'autre sens du mot conscience que celui qui implique le jugement moral. » ( Alain , « Histoire de mes pensées « ).

Au contraire, lorsque Freud parle d'inconscient, il le fait en référence à la conscience psychologique, et pas du tout par rapport à la consciencemorale. Certes la conscience est toujours double, car la conscience oppose toujours ce qui devrait être à ce quiest.

« La conscience suppose une séparation de moi d'avec moi, en même temps qu'une reprise de ce qu'on juge insuffisant, qu'il faut pourtant sauver. » Il s'agit là, comme le dit Alain , d'une « conception héroïque de la morale », qui explique parfaitement que l'inconscient ne soit alors conçu que comme « une conscience subalterne, errante et séparé », à proprement parler comme quelque chose d'inintéressant, sinon d'impossible. Ce qui est en jeu, pour Alain , c'est un conflit sans cesse recommencé entre les passions (l'inconscient) et la raison (le conscient), ou, plus simplement encore, entre le corps et l'esprit.

Les partisans de l'inconscientestiment sans doute que les signes qui viennent du corps sont des pensées qui méritent d'être interprétées ; pourles tenants du rationalisme, il n'y a de pensées véritables qu'en liaison avec une extrême attention.

Une « pensée qui n'est point formée en pleine attention » n'est pas une pensée du tout. La fabrique de notre corps peut produire des suites de paroles et de gestes par le simple jeu de l'excitationet de la fatigue.

Et parce que je suis homme (et d'emblée crédule), je suis porté à croire que « tous mes mouvements sont des signes, et tous mes cris sont des sortes de mots ».

Je suis porté à croire « que tout cela a un sens, et traduit à moi-même mes propres pensées, pour moi secrètes, de moi séparées, et qui vivent,s'élaborent, se conservent dans mes profondeurs ».

Et avec le grand talent d'écrivain qui est le sien, Alain dénonce cette illusion : « C'est une erreur sur les pensées mêmes, que l'on croit conserver en soi comme des pensées dans les profondeurs, qu'on reverra, qui auront grossi ; ou comme des algues recouvertes d'une eau opaque, quigrandissent et se nourrissent, et que quelque coup de mer jettera sur la plage. » Cette croyance en la possibilité de lire les signes renvoie à cette toute-puissance des passions qui nous rend sifaibles et si crédules.

« Vieille question ; faut-il interroger le chêne de Dodone, ou les entrailles des animaux expirants ? Ou bien encore, faut-il consulter la Pythie, folle par état et par système, et essayer de lire tous lessignes qu'elle nous jette ? » De même faut-il croire que ce qui vient dans mes rêves, « ce qui sort de mes entrailles, sans que je l'aie composé ni délibéré, est une sorte d'oracle, cad une pensée venant des profondeurs » ? Alain répond résolument non.

Non, il faut refuser de croire que les mouvements de notre corps signifient des pensées.

Nonil faut refuser d'interpréter ses propres rêves.

« Il faut plutôt rejeter au mécanisme de la nature ces prétendues pensées, qui ne sont que des rencontres de signes » (« Sentiments, Passions & Signes »). Comme on le voit, la critique de l'inconscient qu'on trouve chez Alain ne porte pas sur tel ou tel point de la doctrine de Freud .

Elle est absolument radicale parce qu'elle écarte, comme on l'a vu, le psychologisme.

Au profit de la morale.

Mais elle est radicale aussi parce qu'elle repose sur une certaine conception de l'homme.

Pour les. »

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