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Le Comte d'Essex

Publié le 10/04/2013

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Une tragédie en cinq actes de Gaultier de La Calprenède (1614-1663) portant le même titre, Le Comte d'Essex, fut représentée en 1639. C'est d'elle que Thomas Corneille a tiré la sienne, publiée en 1679. Frère cadet de Pierre Corneille, académicien, Thomas Corneille (1625-1709), aujourd'hui totalement éclipsé par son aîné, fut considéré de son temps comme l'un des plus grands auteurs dramatiques.

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« « Ma sévère vertu lui doit-elle être un EXTRAITS La duchesse d'lrton avoue que c'est elle qu'Essex aime.

Aussitôt, une rage criminelle s'empare de la reine ÉLISABETH.

- Ai-je bien entendu ? Le perfide vous aime Me dédaigne, me brave, et contraire à moi-même Je vous assurerais, en l'osant secourir, La douceur d'être aimée, et de me voir souffrir ? Non, il faut qu'il périsse, et que je sois vengée, Je dois ce coup funeste à ma flamme outragée, Il a trop mérité l'arrêt qui le punit, Innocent ou coupable, il vous aime, il suffit, S'il n'a point de vrai crime ainsi qu'on le veut croire, Sur le crime apparent je sauverai ma gloire ; Et la raison d'État, en le privant du jour, Servira de prétexte à la raison d'amour.

( ...

) LA DUCHESSE.

-Ah ! Faites-lui paraître un cœur plus magnanime, Ma sévère vertu lui doit-elle être un crime ? Et l'aide qu'à vos feux j'ai cru devoir offrir, Vous le fait-elle voir plus digne de périr ? ÉLISABETH.

- J'ai tort, je le confesse; et quoique je m'emporte, Je sens que ma tendresse est toujours la plus forte.

( ...

) Du chesse ; c'en est fait, qu'il vive, j'y consens.

Essex refuse de demander grâce car l'espoir qui pouvait le retenir à la vie n'existe plus LE COMTE.

-Ah ! Qui vous perd, n'a rien à conserver.

Si vous aviezflatté l'espoir qui m'abandonne, Sin' étant point à moi, vous n'étie z à personne, Et qu'au moins votre amour moins cruel à mes feux M'eût épargné l'horreur de voir un autre heureux, Pour vous garder ce cœur où vous seule avez place Cent fois, quoiqu 'innocent, j'aurais demandé grâce ; Mais vivre, et voir sans cesse un rival odieux ...

Ah ! Madame, à ce nom je deviens furieux.

De quelque emportement si ma rage est suivie, Il peut être permis à qui sort de la vie.

«J'ai tort, je le confesse ; et quoique je m'emporte,/ Je sens que ma tendresse est toujours la plus forte.

» NOTES DE L'ÉDITEUR « Les qualités maîtresses de Racine : l 'observation puissante de la nature et l'absolue perfection du style, il ne pouvait songer à les égaler, et peut-être ne les estimait-il pas à leur prix ; mais ce qu'il pouvait lui prendre, c'étaient les procédés de son art.

Par la simplicité des situations, par la conduite de l'intrigue, qui est réduite presque à rien et dont les rares péripéties sont amenées par les mouvements des passions plutôt que par les événements extérieurs, Ariane et Le Comte d'Essex pourraient être comparés même à Bérénice .

( ...

)Ne serons-no us pas forcés de convenir que le seul disciple qu'ait eu Racine , au moins dans son temps, ç'a été justement le frère de Corneille ? »Gustave Reynier, Thomas Corneille , sa vie et son théâtre, thèse, Paris, 1893.

« Une reine telle qu'Élisabeth presque décrépite, qui parle du poison qui dévore son cœur, et de ce que ses yeux et sa bouche ont dit à son ingrat, est un personnage cornique.

C'est là peut-être un des plus grands exemples du défaut qu'on a si souvent reproché à notre nation de changer la tragédie en roman amoureux.

S'il s'agissait d'une jeune reine, ce roman serait tolérable ; et on ne peut attribuer le succès de cette pièce qu'à l'ignorance où était le parterre de l'âge d'Élisabeth.( ...

) L'intérêt ne peut donc subsister qu'aux dépens de la vraisemblance.

» Œuvres dramatiques de Pierre et Thomas Corneille avec les remarques de M.

de Voltaire, Pari s, 1774.

1 Roger-Viollet 2 coll.

Gaig nière , Paris/ N.

Bouvier 3 B.N.

/ .

B ouvier 4 B.P .U.

/ N.

B ouvie r T.

CORNEILLE 02. »

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