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La conception humaniste de l’homme est-elle encore tenable ?

Publié le 09/06/2012

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Reste une dernière question à nous poser. A quelles conditions la délibération est-elle possible ? Le texte de Bergson que nous avons étudié permet de répondre. « Si conscience est synonyme de mémoire et d’anticipation, c’est que conscience est synonyme de choix «.  Lorsque nous devons faire un choix notre conscience est sollicitée. Elle s’éveille. Pour choisir, en effet il faut anticiper, c’est à dire se représenter les différentes options et leurs conséquences les plus probables. Mais ceci suppose que nous nous appuyions sur nos expériences passées. Sans mémoire il nous serait impossible de nous projeter dans l’avenir et donc de faire des choix. Or qu’est-ce que la conscience ? Elle est cette mémoire et cette anticipation, elle est cette capacité à se représenter le passé et l’avenir aussi bien que l’instant présent. Autant dire que sans conscience il n’y aurait pas de choix possible. Remarquons, au passage, qu’en bonne logique, Bergson, affirme que la conscience animale est faiblement développée puisque l’animal suivant son instinct ne fait pour ainsi dire pas de choix.

« « juridique ».II.1.

Le sujet du droit : ni l'objet, ni l'animal, ni même l'enfant ou le fou mais l'homme sain d'espritNous partons d'un constat.

On ne fait de procès ni aux choses, ni aux animaux.

Ils sont exclus des tribunaux, bienqu'ils puissent causer des torts.

Seuls les hommes sont susceptibles d'être poursuivis.

Encore faut-il préciser.

Tousles hommes ne risquent pas les mêmes peines.

L'enfant et le fou peuvent être condamnés, mais ils n'encourent pasde peines aussi lourdes que les adultes sains d'esprits.

A l'évidence, c'est d'abord de l'adulte sain d'esprit qu'onattend (le plus) qu'il respecte les lois.

Pourquoi ? II.2.

Au fondement de toute accusation : la liberté de l'agent Observons un tribunal.

Voici l'accusé et son avocat, le procureur et le juge.

Comment s'organise le procès ? Onverra l'avocat et le procureur s'affronter dans un débat contradictoire, sous le regard du juge – lequel devra rendre,au terme de ce débat, sa sentence.

Intéressons-nous maintenant au procureur.

Que cherchera-t-il à établir ? Deuxchoses au moins (1) que l'accusé est bien celui qui a commis l'acte pour lequel il est poursuivi.

Mais cela ne suffitpas.

Il devra aussi (2) montrer que cet individu a agi de son propre chef, librement.

« Il a tué – et rien ne l'yobligeait.

Il est donc condamnable ».

Le meurtre n'est pas la légitime défense ! II.3.

Qu'est-ce qu'un acte libre ? Si on ne condamne que les hommes, c'est parce qu'on estime qu'eux seuls agissent de leur propre chef, de leurpropre initiative.

Et si on condamne plus lourdement l'adulte que l'enfant (le statut du « fou » étant encoredifférent) c'est que lui seul sait vraiment ce qu'il fait, a conscience de la gravité de ses actes, et donc estpleinement responsable de ses actes.Notre système juridique repose donc fondamentalement sur la notion de liberté : c'est l'adulte sain d'esprit, c'est àdire l'individu libre, qui est le modèle du sujet du droit.C'est l'idée de liberté qui semble donc faire le lien entre les deux sens du mot sujet.

Pour le dire d'un mot : seull' « agent libre » est au sens fort un sujet juridique.

La responsabilité (sens juridique) suppose la liberté (sensphilosophique).

Mais, que signifie exactement être libre ? A quelles conditions peut-on dire d'un acte qu'il a été faitlibrement ? II.3.1.

La liberté suppose l'absence de contrainte Il y a une chose au moins sur laquelle l'ensemble des philosophes sont d'accord, c'est sur l'opposition entre liberté etcontrainte.

La contrainte c'est ce qui m'empêche d'être libre.

Agir sous la contrainte, ce n'est pas faire ce que jeveux, mais ce que celui qui exerce cette contrainte veut que je fasse.

A cause de la contrainte, je ne fais donc pasce que je veux mais ce que je ne veux pas.Cette contrainte peut s'exercer sur nous de deux façons : de l'extérieur ou de l'intérieur (par intériorisation).

Lapremière est visible, facile à déceler ; la seconde plus insidieuse.(1) Donnons un exemple du premier cas : l'esclave.

L'esclave n'est pas libre car son maître le contraint à travaillerpour lui.

Cependant cet l'esclave peut prendre conscience de l'injustice qu'il subit.

Il désirera alors renverser lemaître afin d'être libre.

Le pouvoir du maître est toujours susceptible de se voir renversé.(2) Le meilleur moyen pour le maître de consolider son pouvoir est donc de faire en sorte que l'esclave accepte sacondition, mieux qu'il la juge fondée, normale ou si l'on veut naturelle.

On ne se révolte pas contre ce qui estnormal…L'esclave doit intérioriser le discours du maître, c'est à dire le faire sien.

Ainsi l'ordre établi ne sera-t-il pasremis en question.Bien entendu, la relation maître / esclave n'est qu'un exemple – disons l'exemple paradigmatique – d'un type derelation qu'on retrouve souvent à travers l'histoire : Bourgeoisie / Prolétariat, Homme / Femme, Société / Individu,Etat / Citoyen, etc.Concernant (2) nous avons, par exemple, évoqué le rôle de la propagande dans les régimes totalitaires.

Le but de lapropagande est bien de faire en sorte que les individus croient agir librement alors qu'en réalité ils agissentconformément à la volonté de l'autorité politique.Quoiqu'il en soit la contrainte s'oppose à la liberté (même si, au nom de la liberté, on peut s'opposer la contrainte.Cf.

la phrase de Sartre « nous n'avons jamais été aussi libres que sous l'occupation »). II.3.2.

Liberté et délibération II.3.2.1.

L'acte libre est le produit de la délibération Supprimons donc la contrainte.

Dira-t-on pour autant que nous sommes libres ? La liberté n'est-elle que l'absence decontrainte.

Ici les choses se compliquent, et le consensus disparaît.

Essayons de donner, cependant, une réponse.Un animal sauvage agit-il librement ? Il ne subit aucune contrainte, personne ne l'empêche d'agir.

Pourtant, onhésitera à dire qu'il est à proprement parler libre.

C'est qu'il suit son instinct.

Il ne choisit pas, l'instinct choisit pourlui.

L'absence de contrainte ne suffit donc pas.

Il faut ajouter une autre condition : la délibération.

Nous dirons quel'acte pour être libre doit être délibéré.

Qu'est-ce qu'un acte délibéré ?Un acte est délibéré s'il est précédé d'une réflexion.

J'agis après avoir pesé le pour le contre.

La délibération estprécisément ce moment où nous examinons les différentes options possibles afin de nous décider en faveur de l'uned'entre elles.

La délibération nous permet de nous déterminer en fonction des conséquences de ces possibilité.« L'homme, écrit Sénèque, est l'animal conséquent » : loin d'agir dans l'instant, il est capable de se projeter dansl'avenir et d'en tenir compte dans ses choix.. »

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