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La connaissance historique est-elle objective ?

Publié le 09/01/2004

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Mais l'histoire n'est pas une collection de faits : « La connaissance historique n'a pas pour objet une collection, arbitrairement composée, de faits seuls réels, mais des ensembles articulés, intelligibles » (R. Aron, Dimensions de la conscience historique). L'intelligibilité historique excède le particulier et donne valeur à un ensemble déterminé et organisé.      c. Comment d'évènements multiples ou hasardeux surgit une logique historique ? Il n'y a pas de causes premières d'où découlent tous les évènements. Ainsi selon Tocqueville, ce sont les circonstances accidentelles qui produisent les faits historiques : « le hasard ou plutôt cet enchevêtrement de causes secondes [...] entrent pour beaucoup dans tout ce que nous voyons sur le théâtre du monde » (Souvenirs). Les causes ne sont souvent que l'ordre instauré par l'historien.   II. l'histoire a-t-elle un sens ?

Le terme « histoire « est synonyme d’information, d’enquête. L’histoire désigne à la fois le récit des évènements passés (l’histoire du Moyen-Âge, de la Renaissance) et l’ensemble de ces évènements (le cours de l’histoire). Ainsi comment déterminer ce cours de l’histoire, a-t-il un ordre, une orientation ? Cette question est légitime quand on voit l’apparent désordre des évènements qui jalonnent le monde des hommes. L’historien tente de déterminer les causes qui sont à l’origine des événements, et ce afin d’éclairer la rationalité de leurs enchaînements. La question de l’objectivité découle de cette mise en lumière historique. Mais il apparaît que des événements accidentels peuvent être à l’origine d’un récit historique importants. Aussi, étant donné que de plus en plus l’événement est noyé au milieu d’une infinité d’autres événements, comment peut-on réfléchir sur une logique de l’histoire qui ne soit pas que pur chaos ?

« SUPPLEMENT ENVOYE PAR UN INTERNAUTE: l'objectivité des historiens Il faut prendre au sérieux l'idée qu'il y a une objectivité historique, et qu'il s'agit d'un modèle concurrent del'objectivité des sciences exactes. Tout d'abord, nous disions plus haut que l'historien ne dispose d'aucune méthode constituée qui garantirait sonobjectivité.

Est-ce bien un argument de non-scientificité? On peut dire aussi bien que l'historien est celui qui se sertdes méthodes de toutes les autres sciences (démographie, statistiques, économie, etc.).

Michel de Certeau(Histoire et psychanalyse entre science et fiction ) disait en ce sens que l'historien est un contrebandier, un homme des frontières et des marches, qui va importer dans sa discipline tout ce qui, des autres sciences, peut lui servir.

Onne peut donc pas dire qu'il n'a pas de méthodologie, il les a toutes, et il se sert de toutes, à tour de rôle, selon lesujet qu'il traite.

L'essentiel, pour lui est de savoir de laquelle se servir, laquelle est la plus pertinente pour le sujetqui l'occupe.

En ce sens, il est peut-être le seul "scientifique" à se poser la question de la pertinence des outils dontil dispose, le seul donc à pouvoir les remettre en question et à les maîtriser vraiment. Nous disions également que l'historien n'atteint jamais aucune généralité.

On peut retourner ce reproche, en fairemême la définition de l'histoire.

Elle serait, paradoxalement "la science du singulier".

Toute autre discipline tendtoujours à comprendre un fait ou un événement en le ramènent à autre chose, comme une loi générale.

L'historienessaie plutôt de comprendre un événement dans ce qu'il a de plus propre, dans son caractère irréductible.

Au fond,comprendre un événement historique, c'est toujours comprendre qu'on ne peut le ramener à rien d'autre, qu'il estunique.

Plutôt que le dissoudre dans une "loi de l'histoire", comprendre en quoi il échappe à cette loi.

Par exemple,Napoléon et Hitler ont tous deux échoué dans leur projet d'invasion de la Russie.

Mais il faut comprendre qu'ils ontéchoué pour des raisons différentes .

En dégager une loi générale ("on ne peut pas envahir la Russie"), ce n'est pas faire de l'histoire. Enfin, on reproche à l'historien d'être subjectif.

Par son objet d'études (les hommes), l'historien ne pourrait paséviter d'être subjectif.

On entend généralement par là qu'il court le risque permanent de projeter sa propresubjectivité, sa personnalité sur son objet d'étude, de mélanger celui qui connaît (lui-même) et celui qui est àconnaître (Napoléon, par exemple). En fait, c'est méconnaître ce que fait réellement l'historien.

Certes, il a pour méthodologie d'entrer en sympathieavec celui qu'il étudie.

Comprendre ce que quelqu'un a fait n'est possible qu'en se demandant ce qu'il voulait faire.

Ils'agit de s'identifier à lui, ce qui ouvre normalement la possibilité de tous les malentendus. Mais comme le montre Paul Ricoeur ( Histoire et Vérité ), lorsque l'historien "sympathise" avec un personnage, il ne le fait pas comme il le ferait dans la vie courante.

La subjectivité de l'historien est une subjectivité "élargie".

Il s'agitpour lui de savoir faire un bon usage de sa subjectivité, ce qui implique de se méfier de sa propre subjectivité et depouvoir endosser n'importe quelle personnalité. De sorte que, si la subjectivité du scientifique en elle-même est un facteur d'erreur, il y a deux moyens de lacorriger: soit de la rédimer (sciences exactes, au de protocoles expérimentaux), soit de la dépasser par encore plusde subjectivité.

Dans son travail, l'historien corrige et retravaille sa propre subjectivité. conclusion : nous avons vu que la question de la scientificité des sciences prend tout son sens dans la mesure où elle peut être une invitation à dépasser la conception courante, trop étroite, de ce que c'est qu'une science.. »

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