Connaissance, science et intérêt

« -La recherche scientifique (institutions, laboratoires, centres de recherche, etc.) est toujours située dans un contexte national, c'est-à-dire politique: outre la réputation qu'apportent à une nation ses découvertes scientifiques (on classe aussi les pays selon le nombre de leurs Prix Nobel...), elles lui apportent de surcroît une forme de pouvoir.

III.

ASPECTS ÉCONOMIQUES - Cette dimension politique de la connaissance scientifique s'accompagne nécessairement d'une dimension économique.

La recherche n'est« gratuite" dans aucun sens du terme: elle coûte (très) cher, elle doit donc être financièrement rentable.

- Quel que soit le mode de financement- étatique, privé- de la recherche, ses retombées économiques sont considérables.

La concurrence entre laboratoires (qui a réalisé telle découverte en premier?) n'est pas seulement une question de réputation ou de prestige: elle signale des enjeux économiques considérables, dans l'exploitation des brevets et relativement à la poursuite du financement (cf.

le conflit récent entre laboratoires français et américains sur le virus du sida: ce qui s'y trouve en jeu, c'est l'exploitation d'un futur vaccin).

- La connaissance scientifique ne peut se concevoir comme un travail isolé des contraintes sociales; elle se développe en fait dans un ensemble de relations avec le pouvoir (politique et militaire) et l'industrie.

Cf.

la «thanatocratie» de M.

Serres.

CONCLUSION .

Admettre que la connaissance scientifique peut être désintéressée, c'est en affirmer une vision angélique et illusoire.

Les "intérêts,, qu'elle véhicule concernent, au­ delà des utilisations techniques qu'elle rend possibles, les différentes formes du pouvoir contemporain.. »