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N'y a-t-il de connaissance que scientifique ?

Publié le 11/03/2004

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Le même phénomène est pensé comme simultanéité dans les deux repères différents. Or, c'est un fait que la mécanique d'Einstein a su montrer que cette idée prétendument simple de simultanéité était en réalité complexe, et que le temps s'écoulait différemment pour deux observateurs animés de vitesses différentes. On connaît le paradoxe des jumeaux de Langevin. Si l'on envoie l'un des deux jumeaux dans l'espace à une vitesse proche de celle de la lumière, il ne vieillira pas au même rythme que le jumeau resté sur la terre. Cela signifie que l'on passe d'une théorie à l'autre par une redéfinition des concepts initiaux, des notions fondamentales de la physique (ici le temps, mais la physique ondulatoire a amené à une redéfinition de la notion de cause). Il ne s'agit donc pas d'une transition d'un système à un autre, mais d'une révolution, et d'une mutation dans les méthodes et les concepts. De ce que Bachelard nomme une déformation. La notion de temps voit son sens radicalement renouvelé du système de Newton à celui d'Einstein. Le mérite de Bachelard est de montrer que l'esprit a toujours l'âge de ses préjugés. Si l'obstacle premier, inhérent à l'acte même de connaître est la connaissance commune, l'opinion, reste que « l'esprit scientifique est essentiellement une rectification du savoir, un élargissement des cadres de la connaissance.
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« Le jugement vrai se reconnaît à ses caractères intrinsèques : il se révèle vrai par lui-même, il se révèlevrai par lui-même, il se manifeste par son évidence.

C'est le point de vue de Spinoza (« Ethique », II, 43).

« La vérité est à elle son propre signe » (« verum index sui »).

« Celui qui a une idée vraie sait en même temps qu'il a cette idée et ne peut douter...

Quelle règle de vérité trouvera-t-on plus claire etplus certaine qu'une idée vraie ? De même que la lumière se montre soi-même et montre avec soi lesténèbres, ainsi la vérité est à elle-même son critérium et elle est aussi celui de l'erreur. » Pour Descartes , comme pour Spinoza , une idée claire & distincte qui apparaît évidente est une idée vraie et il n'y a point à chercher au-delà.

« Les idées qui sont claires & distinctes ne peuvent jamais être fausses » dit Spinoza .

Descartes écrit de son côté : « Et remarquant que cette vérité : je pense donc je suis était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions étaientincapables de l'ébranler, je jugeais que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe dela philosophie....

Après cela je considérai en général ce qui est requis à une proposition pour être vraieet certaine, car puisque je venais d'en trouver une que je savais être telle, je pensais que je devaisaussi savoir en quoi consiste cette certitude.

Et ayant remarqué qu'il n'y a rien du tout en ceci : jepense donc je suis, qui m'assure que je dis la vérité sinon que je vois très clairement que pour penser ilfaut être : je jugeais que je pouvais prendre pour règle générale que les choses que nous concevonsfort clairement et fort distinctement sont toutes vraies.

» C'est donc dans l'intuition de l'évidence des idées claires et distinctes que Descartes situe le critère du vrai ; une perception claire de l'entendement étant « celle qui est présente et manifeste à un esprit attentif » et « distincte, celle qui est tellement précise et différente de toutes les autres, qu'elle ne comprend en soi que ce qui paraît manifestement à celui qui la considère comme il faut. » (« Principes », I, 45). Or, il n'y a que la science qui puisse nous donner des certitudes, car elle seule démontre et prouve.

Bachelarddénoncera la connaissance immédiate comme "obstacle épistémologique" à surmonter. Bachelard a contribué à donner à l'épistémologie française ses lettres de noblesse, en particulier en déclarant dès les premières pages de « La formation de l'esprit scientifique » (1938) : « C'est en terme d'obstacle qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique. » Bachelard s ‘est battu contre deux idées fausses portant sur les sciences, répandues dans le public.

D'une part, celle qui veut que le savant arrive pour ainsi direl'esprit « vierge » devant les phénomènes à étudier, d'autre part celle qui voit le développement des sciences comme une simple accumulation de connaissance, unprogrès linéaire. En affirmant cette citation, il souhaite montrer les difficultés inhérentes à l'acte même de connaître.

Les obstacles à uneconnaissance scientifique ne viennent pas d'abord de la complexité desphénomènes à étudier, mais des préjugés, des habitude de savoir, deshéritages non interrogés.

« Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune.

Il est même très vieux, car il al'âge de ses préjugés.

» La première bataille à livrer pour accéder à la connaissance scientifiqueest donc une bataille contre soi-même, contre le sens commun auquelle savant adhère spontanément.

C'est une bataille contre l'opinion : « L'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit des besoins en connaissance.

» Ainsi les travaux de Bachelard peuvent-ils être compris comme une « psychanalyse de la connaissance ». Mais il va plus loin : « En fait on connaît toujours contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit même fait obstacle à la spiritualisation. » Non seulement nous avons à nous défendre des préjugés communs, mais aussi des connaissances scientifiques antérieures.

Bachelard a su se rendre très attentif aux périodes de crise et de révolution scientifique, celles où l'on passe d'une théorie à une autre, d'un système à un autre, d'une méthode à uneautre.

Si « La Formation de l'esprit scientifique » est consacrée aux obstacles premiers et naturels de la connaissance scientifique, « Le Nouvel Esprit Scientifique » s'interroge sur les révolutions scientifiques contemporaines.

La relativité Einstein ienne, la naissance de la mécanique ondulatoire, l'émergence des mathématiques axiomatiques sont le résultats d'efforts pour penser « contre une connaissance antérieure », mais cette dernière prend alors moins l'aspect de nos préjugés naturels que de notre héritage scientifique,qu'il faut reconsidérer et réformer. Or, en prenant un exemple peu Bachelard ien, on aimerait illustrer le propos de l'auteur : « Il y a rupture et non pas continuité entre l'observation et l'expérimentation. » En effet, si la science moderne prend naissance avec l'apparition de l'expérimentation, la croyance en l'observation, en l'expérience première et enses prétendus faits est l'obstacle premier et majeur à la connaissance rationnelle.. »

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