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Connaître est-ce expérimenter ?

Publié le 23/03/2005

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• Pourquoi l’expérimentation peut-elle avoir, aux yeux du scientifique, une valeur privilégiée ?

Admettons que l’expérimentation — à strictement parler — est une observation provoquée par le savant dans des conditions particulières dans le dessein soit de faire «naître» une hypothèse (ce qu’on appelle une expérience «pour voir») soit de «contrôler» une hypothèse émise antérieurement.

On peut remarquer que les phénomènes (tels qu’ils nous sont donnés) apparaissent comme des ensembles plus ou moins confus dans lesquels s’enchevêtrent le plus souvent un grand nombre d’éléments. Le travail du scientifique va consister à démêler dans cet ensemble certains éléments conceptualisables entre lesquels il va tenter d’établir un ou des rapports, si possible (dans la plupart des cas) sous forme mathématique.

Le sujet est embarrassant en raison de son aspect très scolaire: la question est à la fois très indéterminée et très marquée par la classique dialectique de la théorie et de l'expérience. On peut reformuler la question de la manière suivante:en quoi l'expérimentation est-elle déterminante dans la constitution d'une connaissance ? Il faut la compléter par une analyse du verbe « expérimenter » qui peut avoir plusieurs sens. On peut suivre trois directions pour l'analyse de le verbe \"expérimenter\": celle de l'expérience commune, sensible, « première », naïve;celle de la « vérification expérimentale » à partir d'une théorie ; celle enfin d'une réflexion sur les différences de statut entre les sciences physiques et les sciences plus récentes et que l'on a longtemps tenues pour uniquement descriptives, la chimie et surtout la biologie (on devrait dire les sciences biologiques tant il existe de sous-disciplines hétérogènes).

« connaissance objective soit possible ? II) Les limites de l'expérience et de l'expérimentation et l'expérience comme construction. § Il semble alors nécessaire de faire reposer tout le savoir que nous pouvons avoir sur la raison etnotamment sur son principe qui permet de nous fournir des connaissances a priori, c'est-à-direindépendantes de l'expérience.

Une connaissance véritable aurait alors comme premier critère le faitde ne pas être tirée de l'expérience et d'en être indépendante.

Dans les Nouveaux essais sur l'entendement humain , Préface, Leibniz écrit : « Tous les exemples qui confirment une vérité générale, de quelque nombre qu'ils soient, ne suffisent pas pour établir la nécessité universelle decette même vérité, car il ne suit pas que ce qui est arrivé arrivera toujours de même.

(…) D'où ilparaît que les vérités nécessaires, telles qu'on les trouve dans les mathématiques pures etparticulièrement dans l'arithmétique et dans la géométrie doivent avoir des principes dont la preuve nedépendent point d'exemples, ni par conséquent du témoignage des sens, quoique sans les sens on nese serait jamais avisé d'y penser ». § Dès lors, l'expérience non seulement ne nous instruirait pas, ne nous donnerait pas de connaissance,mais elle serait une construction à laquelle participerait la raison, comme principe de vérité et denécessité.

C'est ce qu'avance en outre le constructivisme, qui énonce que l'expérience est ce qui estconstruit par la raison.

Dans La philosophie du non , Bachelard défend l'idée selon laquelle l'expérience comme telle n'est qu'une image colorée par nos affections, nos passions, toutes subjectives, qui doitalors être rationalisée pour pouvoir être source de connaissance : « mouvement de la physique contemporaine : du rationalisme à l'expérience – qui reprend les enseignements fournis par la réalitépour les traduire en programme de réalisation.

» Le vecteur épistémologique qui nous permet d'avoirune connaissance de l'expérience va du rationnel au réel. Mais est-il réellement possible de se passer de toute expérimentation, celle-ci étant notre rapport premier aumonde ? III) La connaissance comme liaison entre l'expérimentation et la raison. § La connaissance véritable serait donc le fruit de la liaison entre la raison et l'expérience et notammentde l'observation que l'on fait de l'expérience.

Dans le Cours de philosophie positive , Comte écrit que « Dans l'état positif, l'esprit humain reconnaissant l'impossibilité d'obtenir des notions absolues,renonce à chercher l'origine et la destination de l'univers, et à connaître les causes intimes desphénomènes, pour s'attacher uniquement à découvrir, par l'usage bien combiné du raisonnement et del'observation, leurs lois effectives, c'est à dire leurs relations invariables de succession et desimilitude.

L'explication des faits n'est plus alors que la liaison établie entre les divers phénomènesparticuliers et quelques faits généraux dont les progrès de la science rendent de plus en plus àdiminuer le nombre».

La connaissance des lois repose donc sur l'usage combiné de la raison et del'expérience.

L'expérimentation est tut autant nécessaire que le travail de la raison afin de permettreune connaissance véritable du monde et des choses. § Raison et expérience seraient les deux ingrédients indispensables de la connaissance, la raison donnantses principes à l'expérience et l'expérience donnant leur contenu aux concepts de la raison.

C'est ceque Kant affirme dans le seconde préface à la Critique de la raison pure : « L'expérience elle-même est un mode de connaissance qui exige le concours del'entendement, dont je dois présupposer la règle en moi-même,avant que les objets ne soient données, par conséquent a priori ; et cette règle s'exprime en des concepts a priori , sur lesquels tous les objets de l'expérience doivent nécessairementse régler, et avec lesquels ils doivent s'accorder ».

Dès lors,des concepts de l'entendement sans intuition sont vides et desintuitions sans concept sont aveugles.

Toute connaissance sefonde sur l'harmonie de l'entendement (principes a priori) et del'intuition (expérience).

L'expérimentation est donc nécessaire àla connaissance, elle en est un ingrédient primordial mais quidoit être allié à l'entendement. CONCLUSION. L'expérimentation, qui fournit surtout une connaissance du singulier sembledonc impropre à fournir une connaissance générale et véritable du monde etdes choses.

Néanmoins, si elle ne peut fournir une connaissance à elle seule,il semble qu'elle soit tout de même nécessaire à la démarche connaissante,dans la mesure où elle est notre premier rapport au monde.

La connaissanceest donc cette alliance subtile entre le travail de la raison, a priori, c'est-à-dire indépendant voire antérieur à l'expérience, et l'expérimentation, venantfournir un contenu au travail de la raison.. »

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