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La conscience doit-elle primer sur l'inconscient ?

Publié le 22/01/2004

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conscience
Ces faits psychiques refoulés sont en effet soumis à une censure qui évacue hors de la conscience (qui « refoule ») les désirs jugés incompatibles avec les exigences morales du sujet. « L'inconscient est le psychique lui-même et son essentielle réalité. » Freud, L'Interprétation des rêves, 1899. « Longtemps on a considéré la pensée consciente comme la pensée par excellence : maintenant seulement nous commençons à entrevoir la vérité, c'est-à-dire que la plus grande partie de notre activité intellectuelle s'effectue d'une façon inconsciente. » Nietzsche, Le Gai Savoir, 1883. « Il faut éviter [...] de croire que l'inconscient est un autre Moi ; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller. Contre quoi il faut comprendre qu'il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je; cette remarque est d'ordre moral. » Alain, Éléments de philosophie, 1941. « L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie du corps.

La conscience a toujours été considérée comme la principale caractéristique de l’homme, qui le distingue de l’animalité. C’est avec Descartes que la conscience devient véritablement l’objet privilégié de la philosophie. Avec son fameux cogito, « je pense, je suis «, Descartes pensait trouver le premier fondement assuré de la philosophie. La conscience se définit comme un savoir. Le mot provient de l’adjonction de deux locutions latines cum(avec) et scienta( savoir). La conscience est donc le fait pour un individu que son existence soit accompagnée d’un savoir sur elle-même. Avec la conscience, j’existe et je le sais. Pourtant, la conception de Descartes ne laisse aucune place à l’inconscient. Pour lui, l’homme est conscient de part en part et toutes ce qui se passe en lui est considéré comme pensée consciente. Bien sûr, sa thèse sera remise en cause au long de l’histoire. Leibniz reconnaît l’existence de perceptions inconscientes et Nietzsche réfutera le fait que c’est moi qui pense. Il reconnaît que la pensée vient quand elle veut et non quand je veux. Il dira ainsi « ça pense « plutôt que « je pense «. Freud ébranlera ainsi le monde de la philosophie avec sa théorie de l’inconscient. Celui-ci est conçu par le psychanalyste comme une instance séparée et indépendante de la conscience, instance gouvernée par ses propres lois et ayant un fonctionnement particulier. De fait, l’inconscient fait peur parce qu’il remet en cause la maîtrise que le sujet a de lui-même. L’inconscient enlèverait la liberté du sujet. Il semble donc que la conscience doive être privilégiée comme possibilité d’être cause de ses actes. Le verbe « primer « signifie en effet « avoir le plus d’importance, dominer quelque chose «. Primer sur l’inconscient pour la conscience, cela veut dire que la conscience doit dominer l’inconscient, être mise en avant. Pourtant la conscience peut-elle réellement être première par rapport à l’inconscient ? De plus, l’inconscient est-il forcément négatif et un obstacle pour le sujet ? Si l’inconscient est nécessaire au fonctionnement psychique mais en même temps enlève la responsabilité du sujet, quel position adopter face à lui ? Comment régler les rapports entre les deux instances ?

conscience

« Pour Kant, cette faculté qui crée des représentations du monde permet à l'homme de s'élever au-dessus de la nature.

Il écrit dans Anthropologie du point de vue pragmatique que « ce pouvoir élève l'homme au-dessus de tous les autres êtres vivants sur laterre.

» Dès lors, l'inconscient semble être un danger pour l'homme.

Il enlèveà ce dernier la possibilité de maîtriser ses actions et l'issu de ces dernièresdevient problématique.

Freud reconnaissait lui-même, dans son ouvrageIntroduction à la psychanalyse que « Le moi n'est pas maître dans sa propre maison ».

A travers l'hypothèse d'une autre instance qui jouerait un rôle dansla vie humaine, l'homme ne peut plus être considéré comme maîtrisant sespropres pensées et actions. - A travers cette perte de maîtrise, la liberté de l'homme est remise enquestion.

La liberté se définit en effet comme la possibilité de commencer, dese mettre en mouvement sans que ce commencement n'ait de cause endehors de nous.

Pour Spinoza ainsi, la liberté est la possibilité de s'auto-déterminer et de n'être pas influencé par des motifs extérieurs.

Or, avec lathéorie de l'inconscient, l'homme agit non pas seulement des motifs qu'ilconnaît.

Il est gouverné par des désirs inconscients et la portée de ses acteslui échappe.

L'inconscient enlève la liberté à l'homme et de fait met à mal saresponsabilité.

Chacun peut ainsi dire que ses actes, même s'ils sontrépréhensibles, tirent leur cause dans l'inconscient et qu'il ne peut lesmaîtriser.

C'est pour cela que Sartre mettait en garde contre la théoriefreudien.

Pour lui, cela ruinait sa théorie de la responsabilité totale etsoumettait l'humanité au danger du laisser-aller.

la responsabilité est le fait de pouvoir répondre de ses actes et deleurs conséquences.

Pour cela il faut donc pouvoir avoir un savoir sur ses actes.

D'une part, un savoir sur leurexistence( il n'est pas sûr qu'un animal sache véritablement ce qu'il fait quand il tue un oiseau), d'autre part, unsavoir sur les conséquences que peuvent entraîner les actions et enfin la capacité à discerner le bien du mal, àavoir une réflexion morale.

En ruinant la responsabilité, l'inconscient permet à chacun de faire ce qu'il veut sanssubir les conséquences.

Sartre critique Freud en affirmant qu'il promeut la mauvaise foi et ignore la libertéconstitutive de l'homme. Nous voyons donc que la conscience doit prendre le dessus de l'inconscient au risque de ruiner la liberté de l'hommeet de le transformer en pantin ballotté par quelque chose qui le dépasse. - Enfin, Alain assimile inconscient et instincts animaux.

Pour lui, ce que Freud nomme inconscient n'est que le restede nos instincts naturels et est un rattachement au corps.

Il écrit dans Eléments de philosophie que "l' inconscient est donc une manière de donner dignité à son propre corps; de le traiter comme un semblable, comme un esclavereçu en héritage et dont il faut s'arranger.

L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie du corps.

Ona peur de son inconscient; là se trouve logée la faute capitale.

» Or, le propre de l'homme, ce qui fait sa dignité,c'est d'utiliser sa conscience et la raison qui y est attachée.

Il s'agit donc de travailler la conscience pour qu'elleprenne le dessus sur l'inconscient et manifeste la véritable humanité de l'homme. L'inconscient est premier et indispensable à l'existence de l'individu - Il semble pourtant que l'inconscient ne puisse pas véritablement être dépassé par la conscience.

Celle-ci ne peutprendre l'avantage sur l'autre instance.

Une raison simple à cela : pour Freud et pour beaucoup de psychanalystesultérieurs, la vie psychique est en grande majorité caractérisée par l'inconscient.

La conscience n'est pas la plusgrande partie de l'esprit humain.

Dans sa première topique( description en termes spatiaux de l'esprit), Freud définittrois parties : l'inconscient- le pré-conscient et la conscience.

Dans sa deuxième topique, le psychanalyste identifiele ça( principe pulsionnel inconscient), le sur-moi( intégration des interdits) et le moi( instance qui fait le compromisentre les deux autres instances).

La conscience est alors limitée à une petite partie du moi.

Freud affirme dansL'interprétation des rêves, qu' « Il faut voir dans l'inconscient le fond de toute vie psychique.

L'inconscient est pareil à un grand cercle qui enfermerait le conscient comme un cercle plus petit.

» La conscience repose alors surl'existence même de l'inconscient.

Aucun de nos actes n'échappent à l'inconscient.

C'est pour cela que Lacan écriradans L'instance de la lettre que « l'expérience psychanalytique n'est pas autre chose que d'établir que l'inconscient ne laisse aucune action hors de son champ ».

Il semble donc que la conscience ne puisse véritablement primer surl'inconscient.

Elle n'en a pas le pouvoir.

Mais même si elle l'avait, cela serait-il profitable pour l'individu ? - On ne prend en compte souvent que les aspects négatifs de l'inconscient et on le stigmatise.

Ce serait malcomprendre l'originalité de l'invention freudienne.

L'inconscient est séparé de la conscience par la censure.

Ilcontient tous les désirs refoulés.

Le refoulement, c'est un mécanisme de défense qui interdit aux représentationsinconscientes menaçant l'intégrité du moi de pénétrer dans la conscience.

Or, si ces désirs sont refoulés, c'est bien parce que la conscience ne les accepte pas, ne peut pas les connaître.

Ces désirs choqueraient notre conscienceet la perturberaient plus dans son fonctionnement qu'en étant dans l'inconscient.

De même, dans la notion detraumatisme, un événement est trop fort en excitations, trop atroce pour que la conscience survive au choc.

Dèslors, c'est l'inconscient qui le prend en charge.

Ces évènements s'ils arrivaient à la conscience sans que celle-ci soitpréparée, ferait basculer l'individu dans la folie.

L'inconscient est donc plutôt une protection du sujet qui lui permetd'évacuer ce qui est trop difficile à porter.

Sans l'inconscient, la conscience de l'être humain vacillerait.. »

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