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La conscience exclut-elle de l'animalité ?

Publié le 10/11/2010

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conscience

I Plus qu'une adaptation : la conscience comme fondement d'un comportement, Merleau-Ponty et Kant

II La conscience comme différence positive : Leibniz et Husserl

III La conscience comme différence négative : Rilke et Nietzsche

conscience

« « Partout à notre époque se manifeste le besoin pressant d'une compréhension de l'esprit […] Ma conviction est quela phénoménologie a fait la première fois de l'esprit en tant qu'esprit le champ d'une expérience et d'une sciencesystématique, et opéré par-là le retournement total de la tâche de la connaissance.

»On retrouve donc, au départ de notre texte, la même exigence de rigueur, de radicalité que chez Descartes.

Husserlaussi pratique une sorte de doute qui consiste à suspendre notre croyance naïve et naturelle au monde et à sonexistence.

Lui aussi découvre comme première certitude le « Je pense ».Mais Descartes était pressé de fonder la science de son temps, et s'il découvrait le dualisme, il faisait de laconscience une chose qui pense.

Descartes établissait une sorte de parallèle entre la « chose étendue », le corps,et la « chose qui pense », la conscience.Husserl reste attentif à une propriété remarquable de la conscience : « Toute conscience est conscience dequelque chose ».Chaque fois que je pense, je pense bien à quelque chose.

Cela veut dire que le « Je », la conscience vise toujoursautre chose qu'elle-même.

La conscience, si l'on veut, n'est jamais enfermée en elle-même, elle est toujours lemouvement de se dépasser vers autre chose, vers un objet.

Que la conscience soit toujours en mouvement versautre chose, cela signifie que toute activité psychique est toujours dirigée vers autre chose qu'elle-même.

On nepeut plus, comme tendait à le faire Descartes, assimiler la conscience à une chose ou à une intériorité.Précisément, ce qui différencie la conscience de toutes les choses, de tous les objets –qui sont ce qu'ils sont- c'estson caractère dynamique, qui fait qu'elle est toujours rapport à autre chose qu'elle-même, dépassement,mouvement, vers un autre.

La pensée porte toujours un rapport au monde.

Etre conscient, c'est d'abord êtreprésent au monde.Les existentialistes (surtout Sartre) seront particulièrement attentifs à ce que Husserl nomme « intentionnalité », etqui désigne ce caractère de la conscience d'être toujours conscience de.

Voici comment Sartre commente cetteformule : « Connaître, c'est s'éclater vers », s'arracher à la moite intimité gastrique pour filer là-bas, par delà soi ,vers ce qui n'est pas soi, là-bas près de l'arbre, et cependant hors de lui .»La pensée est décrite ici en terme de mouvement, de dynamique, et non plus de « moite intimité ».Non seulement il n'y a pas de commune mesure entre les propriétés de la matière et celles de la pensée, mais il fautajouter que les choses et la conscience n'ont pas la même manière d'être.

L'existence propre de la conscience estcette capacité de se transcender, de se projeter vers autre chose, de porter un rapport au monde auquel, par-làmême, elle est présente.Husserl tire deux autres conséquences de ce caractère majeur de la conscience.

Si je perçois un cube, je déclare «Je vois un cube ».

Or, en toute rigueur, je ne peux pas voir les six faces du cube à la fois.

Cela signifie que maconscience ne s'en tient jamais à ce qui lui est donné ici et maintenant.

Je vois deux faces du cube, mais j'anticipesur celles que je vais voir, ou je me remémore celles que j'ai vues.

Autrement dit, une autre caractéristique de laconscience est d'établir des synthèses, de relier ce qui est perçu ici et maintenant avec ce qui l'a été ou ce qui lesera.

Ce qui amène à dire que la conscience est temporelle, effectue ses synthèses dans le temps.Autrement dit, la citation signifie d'abord que la conscience est toujours le mouvement de se dépasser vers autrechose, de viser autre chose.

Mais il faut aussi comprendre que si ce que je vise (les deux faces du cube) a unesignification pour moi (je sais et comprends que j'ai affaire à un cube), c'est que ma conscience a la capacité dedépasser ce qui lui est simplement donné pour le lier à d'autres représentations passées ou futures. Le but et l'ambition de la phénoménologie sont le retour aux choses mêmes.

Parlant de la révolution d'Einstein,Husserl déclare : « Ainsi Einstein ne réforme pas l'espace et le temps où se déroule notre vie d'être vivant ».Loin de comprendre ceci comme une attaque contre les sciences (auxquelles fut formé Husserl), il faut lecomprendre et comme une attaque contre le scientisme, et comme la nécessité d'un retour aux questions centralesdu sens : « De simples sciences de faits forment une simple humanité de faits.

Dans la détresse de notre vie cettescience n'a rien à nous dire.

Les questions qu'elles excluent par principe sont précisément les questions qui sont lesplus brûlantes à notre époque malheureuse ce sont des questions qui portent sur le sens ou l'absence de sens detoute existence humaine.

»L'ambition de la phénoménologie est donc de questionner le sens, de retrouver le sol où se déroule notre vie d'êtrevivant, de fonder une science de l'esprit en tant qu'esprit.

Celle-ci commence par la découverte de cette propriétéparticulière de la conscience d'être toujours présence et rapport au monde, et non intimité fermée sur elle-même.

Ence ses, la pensée existentialiste en est l'héritière, et la leçon de Husserl vaut toujours.

III La conscience comme différence négative : Rilke et Nietzsche -Rilke : le poète danois pense que l'animal possède un accès au monde totalement ouvert, tandis que la conscienceréflexive humaine referme cette ouverture originelle, par rapport à l'animal ( Neuvième élégie ).

Il faut donc concevoir selon Rilke une différence spécifique par la conscience, qui définit l'homme, mais de manière privative : la consciencese présente alors comme une négation des possibilités naturelles d'un être vivant.

L'homme se distingue donc del'animal par l'activité négative de la conscience. -Nietzsche explicite cet affaiblissement conscient des possibilités naturelles humaines dans Le gai savoir : la. »

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