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La conscience me fait-elle connaître que je suis libre ?

Publié le 24/09/2005

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conscience
Et de ce fait, conscience = connaissance.C'est ma conscience qui va me faire prendre connaissance de ma liberté. Plus j'ai conscience, plus j'ai connaissance et plus je suis libre de me déterminer. Un être qui serait toute conscience et toute connaissance serait entièrement libre et ne se tromperait jamais, comme Dieu, d'où me vient ma liberté infinie.* Le cogito a donc affirmé mon existence et ainsi prouvé que la vérité est accessible. En me libérant des préjugés, je m'élève vers la connaissance qui seule me rendra véritablement libre (vision très platonicienne). Mais la découverte de mon existence n'assure pas l'existence d'autres sujets. Le cogito affirme une conscience solitaire (c'est ce qu'on appelle le solipsisme cartésien). Puis-je être libre seul ? Hegel critiquera sévèrement le solipsisme cartésien : je ne peux m'affirmer conscience de soi que face à une autre conscience de soi, car, être conscience de soi comme homme, c'est être reconnu comme homme par un autre homme - « Pour être humain, il faut au moins être deux ».
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« II.

Avoir conscience que je suis n'implique pas nécessairement la connaissance que je suis libre • Kant montre dans La Critique de la raison pure l'usage abusif qu'a fait Descartes de la raison.Le cogito n'a pas un statut de connaissance, de savoir immédiat.

Il n'est qu'une forme vide, « la plus pauvre detoutes les représentations ; il faut donc distinguer la conscience que je suis de la connaissance de ce que je suis ».En effet, « j'ai conscience de moi-même [...] non pas tel que je m'apparais, ni tel que je suis en moi-même, mais j'aiseulement conscience que je suis.

Cette représentation est une pensée, et non une intuition ; d'après cela je n'aidonc aucune connaissance de moi tel que je suis, mais je me connais simplement tel que je m'apparais à moi-même.La conscience de soi-même n'est donc pas encore, il s'en faut, une connaissance de soi-même ».C'est dans l'opération de synthèse que le moi se saisit identique à lui-même.

Le principe suprême de la connaissancehumaine tout entière est la liaison.

Penser, c'est lier.

La conscience n'a donc plus l'ambition d'atteindre l'absolu.

«Toute connaissance, écrit F.

Alquié, est phénoménale et relative.

[...] Le temps nous sépare de l'absolu.

[...] Lesujet, se connaissant dans le temps, n'atteint que l'apparence de lui-même, et l'être, loin d'être constitué parl'homme, est pour lui inaccessible et perdu.

» (La Critique kantienne de la métaphysique)• Donc, ni la conscience psychologique (le savoir immédiat que j'ai de moi), ni la science n'atteignent véritablementle sujet dans sa liberté, une liberté constitutive de l'homme.

Kant exclut l'idée que nous puissions être régis par unautre que nous-mêmes.

Et c'est la conscience qui sera la source de toutes les valeurs.

Toute connaissance estdonc d'emblée morale.

Mais cette conscience morale n'est ni instinctive ni sentimentale : ce n'est rien d'autre que laraison elle-même.

Il faut donc avant tout connaître ce que peut la liberté puisque si la morale existe c'est bienparce que nous postulons notre liberté.

(Pourquoi une morale si nous sommes déterminés ?) Le vrai chemin de laconnaissance de soi est donc celui de la morale.

« C'est la loi morale, dont nous avons immédiatement conscience(dès que nous formulons des maximes de la volonté), qui s'offre d'abord à nous et nous mène directement auconcept de la liberté, en tant qu'elle est représentée par la raison comme un principe de détermination, que ne peutdominer aucune condition sensible et qui, bien plus, en est totalement indépendant.

» (Critique de la raisonpratique)Ainsi, à partir du moment où l'homme juge « qu'il peut faire une chose, parce qu'il a conscience qu'il doit la faire, ilreconnaît en lui la liberté qui, sans la loi morale, lui serait restée inconnue » (Idem). • Sartre développera cette idée de la liberté totale de l'homme et de sonentière responsabilité.

Partant du cogito cartésien, il montre que l'impératifmoral kantien se dresse sur la route de nos actions puisque, dès que jechoisis, j'engage avec moi l'humanité entière.Mais puisque « l'existence précède l'essence », la liberté est première, sanslimite, et l'homme n'est rien d'autre que pure liberté.

Il est « condamné à êtrelibre ».

Cela signifie « que nous ne sommes pas libres de cesser d'être libres ».La conscience est bien une activité qui nous éveille au monde, nous rendprésents.

Et cette activité me conduit à la connaissance que je suis libre, ouma liberté me fait connaître que je suis une conscience morale avant tout.Cependant, est-il légitime de penser que seule la conscience régit l'homme ?Ce primat de la conscience n'est-il pas une illusion ? III.

Conscience, connaissance, liberté : une illusion ? • La conscience, Freud l'a bien montré, n'est pas tout le psychisme.

Il existeen nous une instance psychique, l'inconscient, qui échappe totalement à laconscience.• L'homme est alors soumis à un déterminisme psychique.

Qui dit déterminismedit liberté sinon illusoire du moins amputée.• Spinoza remarquait déjà que les hommes se trompaient en se croyant libres.Se croire libre est le premier préjugé d'où découlent tous les autres.

Et les hommes se croient libres parce qu'ils ont conscience de leurs actions, de leurs désirs, mais ils en ignorent les causespar lesquelles ils sont déterminés à vouloir une chose plutôt qu'une autre.• La conscience n'implique pas nécessairement la connaissance de ma liberté ou de mon déterminisme.

Elle seraitmême pour Nietzsche une véritable mutilation.

La conscience appauvrit la vie lorsqu'on en fait la seule source deconnaissance.

Nos instincts recèlent de plus grandes ressources que ce qui arrive à en devenir conscients.

« Lanature de la conscience animale implique que le monde dont nous pouvons devenir conscients n'est qu'un mondesuperficiel et de signes, un monde généralisé, vulgarisé que tout ce qui devient conscient par là même devient plat,mince, relativement bête, chose générale, signe, marque du troupeau, qu'une grande corruption foncière (unefalsification, une superficialisation et une généralisation) est liée à toute prise de conscience.

» (Le gai savoir,aphorisme 354.)Les philosophes qui nient à la conscience le pouvoir de me connaître libre, nient donc aussi la liberté. CONCLUSION La conscience me fait connaître que je suis libre à partir du moment où je ne distingue pas idée et sentiment.

C'estpourquoi, dit Descartes, « La liberté s'éprouve mais ne se prouve pas » et qu'elle fait partie de ma conscience (=pensée).

Mais si l'on critique le primat du sujet, l'absolu de la vérité, il est alors logique que nous ne pouvons tenirde nous-mêmes aucune science, aucun savoir véritable.

Cela remet-il réellement en question ma liberté ? Ne dois-jepas justement postuler, comme Kant, comme Sartre, que je suis libre, et qu'ainsi la morale est possible et que mon. »

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