J'ai ma conscience pour moi, entend-on dire souvent. Montrez que, dans bien des cas, ce critérium de la conscience individuelle ne suffit pas toujours et qu'il y faut ajouter les règles de la morale et les données de l'expérience.

« -77- appeler à un autre tribunal, au tribunal de sa conscience.

Cette juridiction est-elle valable P Bien des exemples prouvent qu'il · faut sc défier de cet avis de la conscience individuelle.

Se rappor­ ter seulement à sa consci·ence est d'abord une marque d'orgueil; cela montre que nous trouvons tout naturel d'avoir raison contre tout le monde, et que le fait d'être ap,prouvé par nous-mêmes nous suffit.

Puis, si notre conscience est aveugle ou erronée, nous pouvons lui faire accepter n'importe quel acte douteux.

Nul n'a parlé plus éloquemment de la conscience que Rous.seau, qui, pourtant., s'est montré souvent coupalJJll:l d'actes que la momie réprouve.

Le jugement de la con'!cienoe serait parfait si tous les hommes .étaient absolument sincères, absolument dro.its, si rieu n 'obscurcis.sait leur notion du bien et du mal.

Mais est-ce hien ce qu'on trouv·e dans le monde en général P Aussi ne peut­ on pas admettre que la seule voix de la conscience individuelle soit suffisante et l'emporte en dernier ressort.

Il y faut joindr·e des règles objecliv•es, impos.ées à tous les hommes et dans lesquelles la casuistique personnelle n'a pas à intervenir, lois de la religion, de la moral-e, de la société.. »