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Contes du tonneau

Publié le 05/04/2013

Extrait du document

Hans Theodor Storm (1817-1888) est né dans le Schleswig-Holstein, dont les paysages, qui ont imprégné son enfance, ont aussi marqué son oeuvre. Il écrivit des poésies d'une sensualité païenne et se crut toute sa vie le plus grand lyrique allemand. Mais il est resté célèbre pour ses récits (Immensee, 1852 ; L'Homme au cheval blanc, 1888) qui sont les premiers exemples de« réalisme poétique «.

« Gertrude s'est endormie, faisant s'abattre la sécheresse sur le pays EXTRAITS ~~~~~~~~ Marie découvre Gertrude endormie Elle chercha des yeux l'endroit par où le chemin montait à travers les rochers.

Mais, subitement, elle tressaillit .

Car cette masse qu'elle apercevait, là-bas, ( . ..

)ne pouvait faire partie d'un éboulis rocheux et, si elle s'étalait, grise et figée comme le roc , dans l 'atmo­ sphère immobile, Marie reconnut vite que c'était une robe, dont les plis recouvraient une forme assoupie ...

Elles' approcha, retenant son souffie.

Alors, elle vit nettement ce qu'il en était : un corps de femme, d'une femme belle et ma­ jestueuse.

La tête, rejetée très en arrière, reposait à même la roche ; les che­ veux blonds qui ondulaient, déroulés, jusqu'à la hanche, étaient remplis de poussière et de feuilles mortes.

Marie la contempla avec atten­ tion.

« Elle doit avoir été très belle »,pensa­ t-elle , « quand ces joues -là n'étaient pas flétries comme maintenant, ni ces yeux-là aussi creusés.

Hélas ! et ces lèvres, qu'elles sont pâles ! Est-ce bien là Gertrude­ la-Pluie ? ( ...

) Elle s'avança le plus près possible de la dormeuse aussi pâle que le marbre, et, à genoux, penchée sur elle, elle posa ses lèvres fraîches contre son oreille.

Puis, prenant son courage à deux mains, elle prononça, à haute et intelligible voix : « Le flot devient poudre en sa course, Réduite en poussière, la source ! On n'entend rien dans les forêts, Quand l'Homme de Feu s'agite au-dessus des guérets ! » Alors, un soupir profond et plaintif s'échappa péniblement des lèvres blêmes ...

Ce qu'est devenue la maison deBul emann Tandis qu'au dehors les flots de la vie déferlaient sans trêve à son pied, au dedans, dans les pièces closes, les champignons surgissaient par les interstices du dallage, le plâtre s'effritait aux plafonds et tombait, propageant au cours des nuits solitaires un écho sinistre parmi les vestibules et les escaliers.

Les enfants qui, jadis, le soir de Noël, avaient chanté dans la rue, étaient devenus des vieillards qui habitaient leurs maisons, à eux, ou bien ils avaient liquidé leur compte avec la vie.

( ...

)La pièce était vide ; seule, recroquevillée sur le divan, une petite créature était assise ; sa taille était celle d'un enfant d'un an, mais le visage était cireux et barbu et le nez maigre, d'un volume disproportionné ; elle portait en outre un bonnet de coton qui lui tombait bien au-dessous des oreilles et une longue robe de chambre, vi­ siblement destinée à un homme fait ; ses pieds étaient repliés sous le vêtement, à la hauteur des genoux.

Cette créature, c'était M.

Bulemann...

La faim ne l'avait pas tué, mais le manque de nourriture avait desséché son corps, et c'est ainsi qu'au cours des années, il était devenu de plus en plus petit.

Traduit de l'allemand par Robert Pitrou La sœur et le neveu de Bulemann, chassés par ce monstre d'égoïsme NOTES DE L'ÉDITEUR «Trois récits très simples.

( ...

) Et une charmante variété de ton.

Une féérie aimable dans la manière de Perrault, de Mme d' Aulnoy ou des Grimm ; une fiction fantastique à la Hoffmann ; un drame d'histoire.( .

..

) Tous les goûts ont satisfaction.( ...

) Quoi de plus simple que la dannée de" Gertrude-la-Pluie", toute de l'invention de Storm, et tout à fait dans la tradition -tragique en moins -de la délicieuse Ondine de Fouqué ( ...

)?Les bons, les mauvais : la vieille dimension romantique : la gracieuse Maren, et son " promis " Andreas, l'impécunieux père de Maren, l'épais matérialiste qui finira par se convertir.

Au-dessus, les dieux, partagés comme ceux d'Homère: la Regentrude, rieuse et secourable, qui construit en brouillards d'argent ses châteaux de rêve, mais pas avant que n'ait été écrasé son ennemi intime, le Feuermann.

Ce gnome néfaste, peut-être souvenir de la légende frisonne( ...

) le poète pouvait se vanter de l'avoir créé" d'instinct dans le sens de la mythologie germanique" .

» Robert Pitrou, ibid.

Dans la préface de 1873, Storm constate le manque d'engouement de ses contemporains pour le conte.

«C'est si gênant, de troquer le confortable monde de tous les jours contre un autre où l'on traverse l'espace avec les bottes de sept lieues, et non plus avec le chemin de fer ! » Cité par Robert Pitrou, Contes du tonneau, introduction, Montaigne, 1943.

l coll.

Violl et 2 Reclam-Verlag Leipzig, 1980 3 dessin de K.

Stratil, ibid.

4, 5 dessins de A.

Muttenthal ers, V EP Bib liographi5c hes In sti tut Leipzig, 1990 STORM02. »

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