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CONTRIBUTION DE L'AFRIQUE NOIRE ET DE MADAGASCAR A LA LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

Publié le 27/06/2012

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afrique

Nos poètes choisirent «d'être la voix de ceux qui n'ont plus de voix «. Les voici sollicités de part en part. En même temps qu'ils écrivent, ils ordonnent la vie de leur peuple. Il s'agit d'un même élan, sous-tendu par la passion du Beau, par la flamme de l'Action. Et les critiques non avertis disent cette littérature «politique «, «engagée «, «particulariste «, «raciste «. A cette avalanche d'expressions, il est aisé de faire face, en invitant nos critiques à opérer avec nos poètes une descente aux sources de la Négritude et de la Malégassitude, où l'Art pour l'Art

afrique

« dans le désespoir de leur peau ».

L'Histoire avait enseigné leur passé à ces jeunes gens, venus en Europe pour conquérir les armes miraculeuses du savoir sur les bancs de la docte Sorbonne.

Ils le disent eux-mêmes, c'est sur la montagne Sainte-Geneviève qu'ils découvrirent leur réalité culturelle.

Grâce à Léo Frobénius, Westerman, au Baron Roger et à Maurice Delafosse.

Ils avaient entendu les griots d'Afrique, les diseurs des Antilles.

Ils avaient entendu les hainteny de Madagascar que leur avait fait découvrir un aîné, Jean-Joseph Rabéarivelo.

Ils avaient suivi, avec passion, les mutations qui s'imposaient à l'Europe, à la suite de la Première Guerre mondiale.

Il s'agissait non seulement de poser le problème, mais de le résoudre, dans le contexte de l'His­ toire.

Les promoteurs de la Négritude et de la Malégassitude décidèrent alors d'opérer une redescente aux sources originelles de leur peuple.

Ils se rappelèrent que, dans leur pays, la parole est primordiale, le langage est Action.

Bien sûr, ils avaient lu les classiques et Baudelaire, ils avaient lu les surréalistes dont le dernier feu follet a éclairé leur jeunesse estudiantine.

L'Université avait mis à leur disposition un arsenal d'armes.

Eux avaient vocation de forger leurs propres armes; les armes miraculeuses conservées intactes et sans rouille, au cœur de la Négritude et de la Malégassitude.

Nos poètes choi­ sirent de faire face à leur situation, d'aborder celle-ci par la langue du colonisateur.

Entreprise périlleuse que celle qui consiste à se servir des armes de « l'adversaire ».

Il était question de « Dire », « d'Exprimer » avec sa foi, une volonté de transcendance.

Destin ne pouvait être plus beau que celui voué à la langue française.

Cette langue qui a permis, un instant, l'unité culturelle et politique de l'Europe et qui devait donner naissance à la conscience nationale moderne de l'Afrique Noire et de Madagascar.

/!fallait des poètes pour en être les inspirateurs et les artisans.

C'est le phénomène de la Négritude et de la Malégassitude illustré par Léopold Sédar Senghor, Birago Diop, David Diop, Bernard Dadié, Gérald Tchicaya, Paulin Joachim, Ferdinand Oyono, Mongo Betty, en Afrique Noire; Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas, Gilbert Gratiant, Étienne Léro, Paul Niger et Guy Tirolien, aux Antilles; Jean-Joseph Rabéarivelo, Jacques Rabémanarljara et Flavien Ranaivo, à Madagascar.

Nos poètes choisirent «d'être la voix de ceux qui n'ont plus de voix ».

Les voici sollicités de part en part.

En même temps qu'ils écrivent, ils ordonnent la vie de leur peuple.

Il s'agit d'un même élan, sous-tendu par la passion du Beau, par la flamme de l'Action.

Et les critiques non avertis disent cette littérature «politique », «engagée », «particulariste », «raciste ».

A cette avalanche d'expressions, il est aisé de faire face, en invitant nos critiques à opérer avec nos poètes une descente aux sources de la Négritude et de la Malégassitude, où l'Art pour l'Art est absence de l'art, où le poème est parole plaisante au cœur et à l'oreille, faite par tous et pour tous; où la parole primordiale du Troisième Jour est sens de toute vie,· où la vie est sous-tendue par la vision sans limite du poète, homme qui porte dans sa tête des «choses cachées ».

Passion du Beau, passion de l'Homme, dans un faisceau lumineux de convergence.

Les vertus que voilà s'expriment à travers images, symboles, métaphores et rythmes.

Elles disent plus que signe.

Elles ont pouvoir de vous «saisir» jusque dans le tréfonds.

Attitude despotique qui est «sensation », par excellence, émotion devant le Beau et l'incommensurable.

Et les mots fusent.

Alors se déroule sous les yeux du lecteur un chapelet d'évo­ cations.

Aux oreilles du lecteur -je préfère du participant - un faisceau d'intonations, de tons qui mêlent dans un même mouvement les accents de hauteur et d'intensité.

L'ensemble reposant sur les temps forts.

Et les images se dépouillent.

Avec elles, apparaissent de nouvelles catégories grammaticales.

Je veux dire, cette manière d'éclairer le temps, la distance, la forme, la couleur.

Mais aussi, l'absence de ces mots-outils, si chers aux grammairiens et sans lesquels, semble-t-il, il ne saurait y avoir de construction orthodoxe.

Les mots de nos poètes ne sont soudés que par leur seul sens.

Tel est l'apport de l'Afrique et de Madagascar à la francophonie.

LAMINE DIAKHATÉ Dakar. »

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