Le Corrège
Publié le 26/02/2010
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Antonio Allegri dit le Corrège, du nom de sa ville natale, débuta sa formation artistique sous l'enseignement de son oncle Lorenzo, un peintre de moindre talent. Il quitta Correggio vers 1503 pour poursuivre ses études d'abord à Modène, puis vers 1506 à Mantoue où il fut très jeune influencé par les travaux du grand peintre Mantegna. Il est possible qu'il ait achevé la décoration de la chapelle funéraire des Mantegna à l'église San Andrea après la mort du maître. Dès lors, Le Corrège partagea son temps entre sa ville natale et Parme où il reçut la commande de la décoration du dôme de l'église Saint-Jean-l'Évangéliste. Il orna successivement la coupole puis l'abside de l'église, réalisant une fresque de l'Ascension du Christ dans la pure tradition michelangélesque de la haute Renaissance. Le Corrège peignit ensuite l'Assomption de la Vierge dans le dôme de la cathédrale de Parme. Ces fresques monumentales constituent le point d'orgue de l'oeuvre murale du peintre. Il se tourna ensuite vers d'autres formes décoratives, peignant des retables et des toiles religieuses, parmi lesquelles figurent l'Adoration des bergers et la Vierge au panier. A la fin de sa carrière, Le Corrège s'exerça au maniement de la peinture à l'huile et réalisa les toiles somptueuses de Danaé et Jupiter et Io, qui font partie d'une série de peintures mythologiques empreintes d'une sensualité faussement ingénue. Si Le Corrège n'eut pas en son temps un cortège significatif d'élèves, il fut abondamment imité par la suite et son style décoratif prodigue inspirera les artistes des époques baroque et rococo.
«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)à Parme (1518- 19), c'est dans les groupes en mouvement des enfants chas!>eurs, centrés
et encadrés par des oculi qui s'ouvrent sur le ciel, tout autour de la tr-eille, que l'influence de
Raphaël se manifeste, plus encore que dans l'exquise conception déœrative qui rappelle toujours
beaucoup
Mantegna et la Lombardie; le souvenir de Raphaël est évident dans le modelé large
des chairs, rosées comme dans
une peinture romaine à l'encaustique.
Les thèmes décoratifs que
Corrège affronta dans l'Ascension du Christ (1520- 23) pour la coupole de Saint·Jean, et tout
de suite après ( 1524 - 30) dans l'Assomption de la Vierge pour la coupole du dôme, sont d'un tout
autre esprit et d'une tout autre ampleur.
Pour la première fois dans l'art italien, le grand espace
d'une coupole est ouvert aussi librement à une vision de lumière et de mouvement.
Le contraste
des ombres
et des lumières est plus marqué dans la coupole de Saint-Jean que dans celle du dôme
qu'inonde une clarté ensoleillée de midi.
La lumière rouge de la coupole de Saint-Jean est
celle
d'un coucher du soleil: les ombres sont plus profondes et plus denses, plus définies dans
les contrastes,
et les figures des apôtres, des jeunes athlètes, des vieillards bronzés, solennellement
installés sur des nuages épais comme de grands massifs montagneux, sont, elles aussi, plus solides.
C'est peut-être alors l'époque la plus classique de Corrège, la plus proche du plein classicisme
de
Raphaël; le chant grandiose et doux se déroule suivant encore des phrases rythmiques claires
et ordonnées.
Ensuite, dans la coupole
du dôme, qui marque le plus haut degré de la fantaisie décorative.
de
Corrège, cet hymne à la beauté, à la félicité de la nature et de la vie se déchaîne en une ivresse
si impossible à contenir que les limites du mètre classique paraissent rompues et' bouleversées.
Mais, presque
par miracle, le poème démesuré se recompose, dans son ensemble, en une vaste et
parfaite harmonie.
La couleur délaisse les tonalités profondes et chante dans les gammes les plus
délicates et gaies, dans
les accords inimitables des blancs, des verts tendres, des roses, des violets,
des bleus, éclairés
par la lumière dorée.
Partout, sans une dissonance, se répand le chant clair,
argentin, qui
atteint ses plus hauts accents dans l'étonnante théorie des adolescents sacrifiants
et dans la troupe exultante des anges
qui accompagnent l'ascension de la Vierge.
Ce plein rayonnement de la beauté de Corrège se retrouve dans les peintures de cette
époque: dans le Mariage de sainte Catherine, au Musée du Louvre, dans la Nuit, à Dresde, dans
la Madone à l'écuelle et la Madone de saint Jérôme, au Musée de Parme, qui reste, parmi les tableaux
sacrés,
la réalisation la plus harmonieuse et la plus accomplie de cette dernière phase.
Un certain
déséquilibre se manifeste dans
d'autres œuvres, comme la Madone de saint Sébastien et la Madone
de saint Georges, au Musée de Dresde.
Le mouvement qui anime les figures de la coupole du dôme
et qui, là, s'harmonise absolument avec tout le développement extraordinairement impétueux
de la composition, une fois transporté dans l'espace restreint d'un tableau, y devient d'aventure
rhétorique et quelque peu emphatique.
Mais la courbe de l'art de Corrège s'achève harmonieusement
sur
la haute poésie du groupe des œuvres mythologiques: l'Antiope du Louvre, la Danaé de Rome,
l'Jo et le Garrymède de Vienne, la Léda de Berlin.
La renommée de Corrège, qui fut célébré au
cours des siècles comme le peintre qui a le mieux exprimé l'enchantement de la beauté féminine,
est liée
en grande partie à ces œuvres: le chant dionysiaque s'apaise en un calme plein de langueur,
qui se compose sur une fluctuation rapide de sensations, d'abandons, de ravissements; une paix
haute et sereine s'étend sur la beauté du monde goûtée en une heureuse plénitude.
CESARE GNUDI.
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